Études bibliques

Un programme d'étude de la Bible entière en cinq ans

Mai 2024
L
M
X
J
V
S
D
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31

07/05/2024

Nombres - 1:1-16

Introduction 1

Introduction 1

Le livre des Nombres est ainsi nommé d'après l'ancienne version grecque de la Septante, une traduction de l'hébreu et qui s'appelle aritmoi, ce qui a donné en français arithmétique, mais qu'on a plutôt traduit par Nombres. Son nom originel en hébreu est «dans le désert», ce qui reflète très bien son contenu. Dans la Genèse, le premier livre du Pentateuque, ce groupe que j'ai envie d'appeler le club des 5, il est tout d'abord question de la création de l'univers, puis de la rébellion de nos premiers parents, suivie de nombreux commencements.

C'est ainsi qu'apparaît Abraham, personnage illustre à qui l'Éternel promet qu'il deviendra la tête d'une grande nation. Mais en premier lieu, ses descendants sont une famille qui grandit et émigre en Égypte pour échapper à une famine. L'Exode est le 2e livre du club des 5, dans lequel cette famille devient un peuple mis en esclavage en Égypte et engagé dans d'immenses chantiers à la gloire de pharaon. L'Éternel les délivre et les emmène dans le désert jusqu'au mont Sinaï, où il leur ordonne de construire le Tabernacle qui sera leur temple portatif dans lequel et autour duquel ils adoreront leur Dieu. C'est ainsi que l'Éternel a établi et consacré sa Demeure au milieu de son peuple.

Dans le Lévitique, le 3e livre écrit par Moïse, l'Éternel institue le culte qui doit lui être rendu. Il leur donne la Loi et promulgue les ordonnances qui régissent tous les domaines de la vie israélite. Maintenant que l'alliance est conclue, le peuple est à même de marcher à la conquête de la terre promise.

Le livre des Nombres est donc le 4e du Pentateuque. Son contenu n'est ni purement historique comme celui de la Genèse, ni purement législatif comme celui du Lévitique. Il est à la fois l'un et l'autre et ressemble donc à celui de l'Exode, le deuxième des écrits de Moïse. Il raconte les presque 39 ans de périple du peuple d'Israël depuis le mont Sinaï jusqu'aux plaines de Moab, une peuplade située au sud-est de la Mer Morte.

C'est le premier jour du second mois de l'an 2 qu'ils sortirent d'Égypte, mais ce n'est que bien plus tard, au dixième mois de la quarantième année qu'ils commencèrent effectivement la conquête de la Palestine. Entre-temps, il s'est passé beaucoup de choses. Dans la première partie du livre et dans la perspective de la conquête, le peuple doit être organisé militairement, comme une armée dont l'Éternel est le chef. C'est pourquoi Moïse reçoit l'ordre de procéder au recensement des douze tribus, afin de déterminer les contingents de soldats disponibles. Il leur assigne la place qu'ils occuperont dans les stations et dans les marches. Ensuite, Moïse procède au recensement des Lévites, les aides de camp des prêtres, et détermine les fonctions que les différentes familles auront à remplir dans le service du culte.

Tout de suite avant le départ du mont Sinaï où ils ont passé un an, le texte reprend le fil historique de la pérégrination du peuple. Tout d'abord, une seconde Pâque est instituée au second mois. Ensuite, l'Éternel qui siège dans la nuée au-dessus du tabernacle, donne à Moïse les signaux, dont le son de la trompette, qu'il utilisera pour guider la marche dans le désert. Sont également donnés une série d'ordonnances et de renseignements divers qui se suivent sans ordre apparent et qui, pour la plupart, sont sans rapport avec le prochain départ de Sinaï. Il s'agit de lois isolées ou de détails relatifs au fonctionnement du Tabernacle. En outre, la mise en route des institutions cultuelles est répétée une nouvelle fois. Le sanctuaire de Dieu est un temple portable tout comme le serait une tente royale. Il est situé au milieu du campement des Israélites, tandis que tout autour et en carré, sont ordonnées les 12 tribus.

Les déplacements du peuple sont organisés avec l'Éternel qui marche à leur tête dans la nuée. Tous ces préparatifs faits, le peuple est enfin prêt à partir. La partie centrale du livre débute avec le départ du mont Sinaï et se termine alors que les Israélites campent dans les plaines de Moab, qui comme je l'ai dit sont au sud-est de la Mer Morte. La majeure partie du récit a donc lieu dans le désert qu'ils vont traverser. Mais il ne faut surtout pas penser un instant que le peuple évoluait pêle-mêle dans le désert. Ils avançaient de manière parfaitement bien ordonnée. L'Éternel est un Dieu d'ordre. C'est sa façon d'agir aussi bien dans la création de l'univers que dans l'organisation de son peuple, que ce soit Israël ou l'Église.

Le désert n'est pas non plus une étendue de sable à perte de vue. C'est un paysage très tourmenté, émaillé d'oasis, et dans lequel la végétation était autrefois plus dense qu'elle est aujourd'hui. Des nombreuses stations intermédiaires, c'est surtout le séjour à Qadech-Barnéa qui est important. C'est une localité loin tout au sud de la Palestine. C'est là qu'ils se préparèrent à commencer la conquête.

Mais suite à leur rébellion aux ordres de l'Éternel d'entrer dans le pays de Canaan, ils retournèrent dans le désert pour y marcher et tourner en rond jusqu'à ce que la génération qui avait quitté l'Égypte ait complètement disparu, morte et enterrée. C'est celle qui est recensée tout au début du livre des Nombres, au 1er chapitre. Deux hommes seulement, Kaleb et Josué, échappèrent au jugement de l'Éternel.

L'itinéraire qu'a suivi la nation depuis le mont Sinaï est difficile à jalonner, car plus de la moitié des noms de lieux ne peuvent être identifiés. Les épisodes qui y sont relatés révèlent une volonté de sélection évidente et significative. On y voit en effet s'accumuler les récits des infidélités du peuple d'Israël. Celui-ci se plaint de son sort à plusieurs reprises, doutant de la puissance de l'Éternel, et puis se révolte carrément contre lui. À un moment donné, la contestation contre l'autorité de Moïse tourne en un soulèvement de masse. Aaron et Myriam, pourtant frère et soeur de Moïse, se rendront eux aussi coupables de rébellion. Finalement, Moïse lui-même perd son sang-froid avec le peuple et désobéit à l'Éternel, de sorte qu'aucun d'entre eux n'est autorisé à entrer dans le Pays Promis. Tout ceci fait que le livre des Nombres est plutôt déprimant.

Son histoire s'articule sur deux pôles principaux. Le premier est le refus de la génération qui avait quitté l'Égypte, d'entrer dans le Pays Promis. Cette décision entraînera leur errance dans le désert jusqu'à ce que ce peuple coupable ait disparu. Suit alors une succession d'infidélités. Cette longue période entre le départ du mont Sinaï et l'entrée effective dans le pays conquis a été, au point de vue moral, assurément l'une des plus tristes de toute l'histoire d'Israël.

Le second pôle du livre est l'immense partouse organisée par la nouvelle génération avec les habitants du coin dans les plaines de Moab. Ce furent des actes d'idolâtrie et de débauche, un épisode de nature très semblable à celui du veau d'or raconté dans le livre de l'Exode. Comme quoi: tel père, tel fils. Ces désobéissances attirent invariablement sur le peuple la colère de l'Éternel: c'est sa réaction indignée face au mal et à l'ingratitude. Il exerce alors ses jugements de manière sévère, décimant souvent en grand nombre les Israélites qui se sont rendus coupables.

À plusieurs reprises, Moïse prie en faveur de son peuple pour que l'Éternel ne le détruise pas totalement. Suite à ce fâcheux incident dans les plaines de Moab, le peuple retourna à Qadech-Barnéa pour se préparer à la conquête que leurs aînés avaient refusé d'entreprendre. Les hommes aptes à la guerre sont recensés comme le furent leurs pères, ce qui est mentionné à la fin du livre, au chapitre 26. Il est remarquable que la nouvelle génération soit un peu moins nombreuse que celle qui avait refusé de prendre possession du Pays Promis. Cela veut dire que la bénédiction de l'Éternel, comme quoi ils deviendraient aussi nombreux que les étoiles du ciel, fut interrompue pendant tout le temps que prirent les aînés à mourir dans le désert alors qu'ils tournaient en rond. La grâce de Dieu apparaît en ce qu'il poursuit inlassablement, et malgré tout cela, la mise en oeuvre de son projet concernant son peuple, prenant soin de lui, pourvoyant à ses besoins, intervenant en sa faveur de manière souvent extraordinaire.

Le cycle de tentations, dans lequel un devin multiplie les stratagèmes avec la volonté obstinée de maudire Israël, témoigne tout particulièrement de la protection de l'Éternel pour son peuple. En effet, ce sorcier malveillant se voit contraint malgré lui de prononcer sept oracles de bénédiction en faveur d'Israël. Ainsi, malgré tout, l'Éternel épargne son peuple et la troisième partie du livre nous présente la nouvelle génération pour qui l'avenir est ouvert et à qui la possibilité d'entrer dans le Pays Promis est offerte. Après le nouveau recensement, cette section aborde surtout, quoique pas exclusivement, des questions relatives à la conquête et à l'installation en Palestine.

Ainsi aura lieu

  • la nomination du successeur de Moïse;
  • l'énoncé des lois concernant les héritages;
  • les mesures en vue du partage du pays;
  • l'établissement de certaines tribus à l'est du Jourdain, donc en dehors du pays promis, à condition que les hommes participent à la conquête.

L'Éternel donne aussi les lois concernant les villes de refuge dans lesquelles quelqu'un, coupable d'homicide involontaire, a le droit de résider sans être inquiété par le vengeur de sang.

Après la partie centrale, déprimante, on est frappé par les notes positives qui résonnent dans cette dernière section. En effet, alors que la quasi-totalité de la première génération a été décimée, on n'y rencontre aucune mention de mort de personnes appartenant à la nouvelle vague; ils remportent une victoire éclatante sur les Madianites qui avaient entraîné les Israélites à l'idolâtrie et à la débauche; la requête des tribus souhaitant s'installer hors du pays promis et qui aurait pu susciter une crise très grave trouve une solution heureuse, de même que les problèmes d'héritage soulevés par une famille ayant des filles et aucun fils. L'avenir semble donc prometteur à la fin du livre.

Tout au long du récit, des lois rituelles comme celles que contiennent les livres de l'Exode et du Lévitique, viennent s'insérer ici et là, certaines, parce que l'histoire les suscite, d'autres, parce qu'elles ont été communiquées dans la période correspondante sans qu'on sache nécessairement pourquoi.

Le livre des Nombres n'est donc pas qu'une narration historique, puisque le fil du récit est fréquemment interrompu par des lois et des ordonnances. Cependant, les éléments qui le composent ne sont pas toujours rattachés les uns aux autres par un lien chronologique ou systématique bien visible. Il donne des détails relativement bien circonstanciés sur les débuts et sur l'issue du voyage dans le désert. Par contre, il est pratiquement muet sur la majeure partie des 38 ans qui suivirent la révolte de la première génération à Qadech-Barnéa, lorsqu'ils refusèrent d'entrer dans le pays promis.

# 220

Je viens d'introduire le livre des Nombres qui couvre en particulier une période de 38 ans pendant laquelle le peuple d'Israël tourna en rond dans le désert. Nous ne connaissons que peu de chose sur ce temps de jugement divin sur toute une génération. Cette absence d'informations est une grande lacune de l'histoire sainte, analogue à celle qui sépare la fin de la Genèse du commencement de l'Exode, le livre qui la suit.

Les Textes Sacrés demeurent généralement silencieux sur les périodes qui n'apportent aucun élément nouveau au développement du royaume de Dieu. Dans le cas de l'histoire du peuple dans le désert, le motif du silence repose sur une raison plus grave encore, puisque les Israélites sont dans un état de rejet de la part de l'Éternel qui leur a littéralement tourné le dos.

Tous ces événements souvent sordides ne sont pas simplement des faits historiques qu'on trouve dans les livres. Ce qui est arrivé aux Israélites me concerne directement. Voici en effet ce que les apôtres Paul et Pierre écrivent respectivement:

Ces choses leur sont arrivées pour servir d'exemples, et elles ont été écrites pour notre instruction, à nous qui sommes parvenus à la fin des siècles. Ainsi donc, que celui qui croit être debout prenne garde de tomber ! Aucune tentation ne vous est survenue qui n'ait été humaine, et Dieu, qui est fidèle, ne permettra pas que vous soyez tentés au delà de vos forces; mais avec la tentation il préparera aussi le moyen d'en sortir, afin que vous puissiez la supporter. C'est pourquoi, mes bien-aimés, fuyez l'idolâtrie. Je vous exhorte, comme étrangers et voyageurs sur la terre, à vous abstenir des convoitises charnelles qui font la guerre à l'âme (1Corinthiens 10.11-14; 1Pierre 2.11).

Ainsi, les faits relatés dans les Nombres l'ont été pour mon bénéfice, pour m'instruire afin que je ne suive pas le mauvais exemple des Israélites. Un des épisodes, rapportés dans ce livre, concerne un châtiment de la nation rebelle par l'Éternel, qui leur envoie des serpents à la morsure mortelle. Comme de coutume quand la punition leur tombe dessus, le peuple reconnaît sa faute et ses responsables vont voir Moïse pour qu'il intercède pour eux.

Alors, sur l'ordre divin, Moïse fabrique et élève un serpent de bronze en haut d'un mât. Il suffisait alors pour tous les Israélites, qui avaient été mordus par ces reptiles, de regarder la sculpture de serpent ainsi dressée pour avoir la vie sauve. L'apôtre Jean compare Jésus à ce serpent de bronze. En effet, le Christ a été élevé sur une croix afin que ceux qui placent en lui leur confiance ne périssent pas, mais reçoivent la vie éternelle. Je lis le passage.

Personne n'est monté au ciel, si ce n'est celui qui est descendu du ciel, le Fils de l'homme qui est dans le ciel. Et comme Moïse éleva le serpent dans le désert, il faut de même que le Fils de l'homme soit élevé, afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle. Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle (Jean 3.13-16).

Moïse, ayant été élevé à la cour de Pharaon et dans toute la sagesse des Égyptiens, savait comment organiser par écrit toutes les pérégrinations de son peuple. Tout au long de ces années, il a tenu un journal de bord avec toutes les listes. Ainsi, celles des divers recensements ou l'inventaire des offrandes des chefs de tribus ont été enregistrés sur-le-champ. C'est à la fin de sa vie, dans les plaines de Moab et juste avant que commence la conquête, que Moïse a rassemblé, complété, et édité les divers textes qui forment le livre des Nombres.

Chapitre 1

Verset 1

Je commence à lire le premier chapitre.

L'Éternel parla à Moïse dans le désert de Sinaï, dans la tente d'assignation, le premier jour du second mois, la seconde année après leur sortie du pays d'Égypte (Nombres 1.1).

L'Éternel parla à Moïse . Le livre commence et se termine par cette affirmation qui confirme le rôle médiateur de Moïse, homme choisi par l'Éternel, et véritable prophète. Cette formule ou son équivalent revient plus de 150 fois dans les Nombres. Au moment où Dieu s'adresse à son serviteur, cela fait maintenant 11 mois que les Israélites sont arrivés au mont Sinaï, et un mois que le Tabernacle, lieu de la présence divine, est achevé. Ce dernier est appelé ici la tente d'assignation. Il y a aussi 15 jours que la célébration de la Pâque a eu lieu.

D'accord, tout ça, c'est barbant, mais cette datation à partir de la sortie d'Égypte est significative. En effet, cet épisode raconté dans le livre de l'Exode est l'événement fondateur du peuple d'Israël. On peut faire le parallèle avec notre calendrier chrétien qui a fait le choix de la naissance du Christ comme date de référence.

Verset 2

Je continue.

Il dit:? Faites le dénombrement de toute l'assemblée des enfants d'Israël, selon leurs familles, selon les maisons de leurs pères, en comptant par tête les noms de tous les mâles (Nombres 1.2).

Le peuple se subdivise en tribus, la tribu en familles, la famille en maisons et la maison en individus; c'est la classification normale. L'organisation de la nation est à la fois militaire et civile, mais il s'agit avant tout de constituer une armée, C'est en tant que membre du peuple de Dieu que l'Israélite est enrôlé dans l'armée de l'Éternel. Quand ils sont sortis d'Égypte, ce fut Dieu qui se battit pour eux et tailla en pièces l'armée égyptienne. Maintenant, il va falloir qu'ils se défendent eux-mêmes. Tout cela est choquant pour un antimilitariste, je le conçois.

Moi je ne fais que commenter le texte et je n'ai aucunement la liberté de le changer ou de l'adapter. Je n'aime pas la guerre non plus, ni les complexes militaro-économiques. J'ai lu quelque part que les États-Unis à eux seuls absorbent 36 % de toutes les dépenses militaires de la planète. Je ne sais pas si ces chiffres sont exacts, mais peu importe. Le gaspillage des ressources humaines dans ce domaine est catastrophique, mais ce n'est pas près de changer. Quand on pense à la misère qui pourrait être soulagée avec cet argent ! Bon, il faut que je m'arrête, car j'ai le sang qui commence à me monter à la tête.

Verset 3

Je continue le texte.

Depuis l'âge de vingt ans et au-dessus, tous ceux d'Israël en état de porter les armes; vous en ferez le dénombrement selon leurs divisions, toi et Aaron (Nombres 1.3).

Pourquoi 20 ans? Cela soulève la question de l'âge de la responsabilité d'une personne devant Dieu. Un peu plus loin dans le livre, nous lisons:

Vos cadavres tomberont dans ce désert ! Vous tous qui avez été recensés, vous qui avez donc vingt ans et plus, puisque vous vous êtes plaints contre moi, en aussi grand nombre que vous êtes, vous n'entrerez pas dans le pays où j'avais promis par serment de vous installer (Nombres 14.29).

Ceux qui avaient alors moins de 20 ans, ne serait-ce que de quelques jours, et qui ont murmuré contre Dieu s'en sont bien tirés. Ils ne sont pas morts dans le désert. À côté de cela, c'est à l'âge de 13 ans que selon la tradition juive, mais pas selon les Écritures, un Juif devient fils de la loi , selon l'expression, c'est-à-dire, responsable de respecter les termes de l'alliance. Voilà pour cet âge de 20 ans. Cela dit et quitte à me répéter, je rappelle que l'Éternel a établi et consacré sa demeure au milieu de son peuple, ce qui est raconté dans le livre de l'Exode. Puis il a institué le culte qui doit lui être rendu, et il a promulgué les lois qui régissent tous les domaines de la vie israélite, ce qui est contenu dans le livre du Lévitique.

Maintenant que l'alliance est conclue, le peuple est à même de marcher à la conquête de la terre promise. Dans ce but, il doit être organisé pour la guerre, comme une armée dont l'Éternel est le chef. Moïse reçoit donc l'ordre de procéder au recensement dont la nature est essentiellement militaire. Cependant, il avait aussi une fonction d'état civil en ce qu'il enregistrait l'appartenance de tout véritable Israélite à la nation. Ainsi, un individu pourra avoir recours à ces listes généalogiques pour prouver qu'il fait bien partie du peuple de Dieu. Il faut garder à l'esprit qu'Israël était alors une théocratie, un état dont l'Éternel est le souverain, ce qui n'a aucun équivalent aujourd'hui où que ce soit sur la planète.

En ce qui nous concerne, si je suis chrétien, alors je suis aussi et automatiquement engagé, que je le veuille ou pas, dans une lutte sans merci entre le royaume de Dieu et celui de Satan. D'ailleurs, le Nouveau Testament le souligne bien, comme dans le passage suivant:

Au reste, fortifiez-vous dans le Seigneur et par sa force souveraine. Revêtez-vous de toutes les armes de Dieu, afin de pouvoir tenir ferme contre les manoeuvres du diable. Car nous n'avons pas à lutter contre des êtres de chair et de sang, mais contre les Puissances, contre les Autorités, contre les Pouvoirs de ce monde des ténèbres, et contre les esprits du mal dans le monde céleste (Éphésiens 6.10-12).

Je trouve ce passage désagréable parce qu'il me place en plein champ de bataille, ce que j'ai eu l'occasion de constater dans ma vie à maintes reprises. Or je préférerais habiter un havre de paix. Mais il faut bien que je me fasse à la présente situation puisque Jésus lui-même dit dans l'Évangile et je le cite:

Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur terre: ma mission n'est pas d'apporter la paix, mais l'épée (Matthieu 10.34).

Versets 4-5

Je continue le texte.

Il y aura avec vous un homme par tribu, chef de la maison de ses pères. Voici les noms des hommes qui se tiendront avec vous. Pour Ruben: Élitsur, fils de Schedéour (Nombres 1.4-5).

L'Éternel demande à ce qu'il y ait un homme responsable pour chacune des 12 tribus afin que ce recensement ne soit contesté par quiconque. C'est comme pour le dépouillement d'une élection, il faut qu'il y ait un représentant pour chaque parti politique afin que tout se fasse équitablement. Ruben était le fils premier-né de Jacob, dont le nom fut changé en Israël. Il fut mis de côté en ce qui concerne son droit d'aînesse, parce qu'il s'était rendu coupable d'une grave offense. Je cite le passage:

Ruben, tu es mon premier-né, le premier fruit de ma vigueur, du temps où j'étais plein de force, toi, tu es supérieur en dignité et supérieur en force. Bouillonnant comme l'eau, tu n'auras pas le premier rang ! Car tu as profané la couche de ton père, en entrant dans mon lit (Genèse 49.3-4).

Ruben était instable comme l'eau. Par contre, Élitsur, son arrière arrière-petit-fils, a un nom qui veut dire: Mon Dieu est un rocher. La stabilité de caractère de cet homme contraste avec celui de son ancêtre Ruben. Le roc est fréquemment un symbole de l'Éternel dans l'Ancien Testament. Voici par exemple ce que déclare le roi David:

David adressa à l'Éternel les paroles de ce cantique lorsque l'Éternel l'eut délivré de tous ses ennemis. Il dit ceci: L'Éternel est ma forteresse, mon rocher, mon libérateur. Il est mon Dieu, le roc solide où je me réfugie (2Samuel 22.1-3).

Plus tard, le roc, le rocher, la pierre d'angle deviendront aussi une image de Jésus-Christ dans le Nouveau Testament. Cette idée de Dieu assimilé à un roc immuable provient de l'histoire des patriarches, qui avaient appris bon an mal an à s'appuyer sur l'Éternel en particulier dans leurs moments de détresse. Ce fut aussi l'expérience du peuple d'Israël qui avait été délivré des Égyptiens par la puissance de leur Dieu. C'est sans aucun doute pour cette raison que le père d'Élitsur avait donné à son premier-né ce nom: Mon Dieu est un rocher.

Je me suis laissé dire qu'il y avait une petite dame écossaise chrétienne qui avait coutume de dire: Je peux trembler comme une feuille sur mon roc, mais lui, il ne bouge jamais d'un pouce sous moi. J'en reviens au clan de Ruben qui fut cité en premier. Les 12 tribus sont rangées d'après l'ordre des femmes de 1er et de second rang du patriarche Jacob qui donnèrent naissance à 12 garçons. Ce n'est pas tout simple, mais je vais aller doucement. Il y a tout d'abord les représentants des cinq fils de Léa. Elle est l'aînée de deux soeurs et épouses de 1er rang de Jacob; Lévi, pourtant un de ses fils, n'est pas mentionné, à cause du rôle sacerdotal de sa tribu.

Après les enfants de Léa, viennent les deux fils de Joseph, lui-même fils de Rachel. Parce que Ruben, le premier-né de Jacob, avait commis un grave méfait en couchant avec une concubine de son père, c'est Joseph qui devint l'héritier du droit d'aînesse et donc qui jouissait d'une double part. En conséquence, ses deux fils devinrent chefs de tribus à part entière; au lieu d'une tribu de Joseph, il y a donc deux tribus: celle d'Éphraïm et celle de Manassé, tous deux fils de Joseph. Rachel, leur grand-mère, était la soeur cadette de Léa, mais aussi la femme préférée du patriarche.

Enfin sont cités les quatre fils des servantes, Bilha et Zilpa, concubines de Jacob. Je vais vous faire grâce de la longue liste barbante de noms plutôt difficiles à prononcer qui suivent le descendant de la tribu de Ruben. À la fin de toute cette énumération, il est précisé la place de ces représentants dans leur clan respectif.

Verset 16

Je lis le verset 16.

Tels sont ceux qui furent convoqués à l'assemblée, princes des tribus de leurs pères, chefs des milliers d'Israël (Nombres 1.16).

Ce furent donc les 12 chefs militaires d'Israël qui prirent part à ce recensement. Avant l'établissement de la monarchie, chaque tribu était responsable de la mobilisation de ses troupes. Sur les vingt-quatre noms que comprend la liste que je n'énumère pas, quinze ont une signification religieuse et sont composés avec le nom de Dieu sous diverses formes. Plus tard, une fois que le peuple sera bien installé en Palestine et qu'il se sera mêlé avec les Cananéens, ce que l'Éternel avait pourtant formellement interdit, les noms profanes deviendront de loin les plus courants.

Même si ces généalogies sont gnangnan, il faut bien remarquer qu'elles sont très importantes tout au long des Textes Sacrés. Elles débutent déjà dans le livre de la Genèse où certaines lignées sont mentionnées une seule fois puis laissées de côté et oubliées. Ainsi, nous avons par exemple celle de Caïn qui assassina son frère, ou encore Ésaü, pourtant jumeau du patriarche Jacob. Par contre, la descendance d'où sera issu le Christ revient sans cesse. C'est pour cela que la généalogie de Jacob qui comprendra son fils Juda est conservée tout au long des Écritures.

La raison primordiale est qu'il fallait bien sûr préserver la filiation, l'ascendance de Jésus-Christ qui est de la lignée royale et qui remonte jusqu'à Juda et Jacob. Le Nouveau Testament, avec l'Évangile de Matthieu, débute par une généalogie, qui fait remonter le Christ jusqu'au roi David de la tribu de Juda. Lorsque Jésus se déclara prétendant au trône, ses ennemis ont certainement dû aller en mairie, c'est-à-dire le temple pour les Juifs bien sûr, afin de voir de quelle famille et de quelle tribu il était issu. Il est intéressant de remarquer que son droit n'a jamais été contesté par les religieux sur une base généalogique.

La deuxième raison pour ces listes à n'en plus finir, c'est que Dieu interdisait les mariages mixtes entre un Hébreu et un Cananéen. Aussi, un véritable Israélite devait toujours pouvoir prouver qu'il était de la race d'Abraham et ainsi au bénéfice de l'alliance que l'Éternel fit avec le patriarche fondateur de la nation. De plus, les différentes fonctions sacerdotales étaient réservées à des familles spécifiques appartenant toutes à la tribu de Lévi. Ainsi, les prêtres étaient tous descendants de la famille d'Aaron, frère de Moïse. Par contre, aucun petit-fils du grand prophète que fut pourtant Moïse n'avait le droit d'exercer la prêtrise. Un exemple de l'importance de son appartenance à la famille d'Aaron nous est donné dans un des livres historiques de l'Ancien Testament. Je cite le passage:

Et parmi les prêtres: les descendants de Hobaya, d'Haqqots et de Barzillaï recherchèrent leurs registres généalogiques, mais ne les trouvèrent pas. Ils furent donc disqualifiés pour l'exercice du sacerdoce (Néhémie 7.63-64).

Dans l'économie divine, n'importe qui ne fait pas n'importe quoi quand il en a envie. On ne devenait pas non plus Hébreu en s'efforçant de l'être, en suivant certains rites ou que sais-je, mais on naissait de la race d'Israël dans une famille d'une des 12 tribus, 13 si on inclut les Lévites. C'est d'ailleurs pareil pour les chrétiens. On ne le devient pas en faisant quelque chose, que ce soit une bonne action ou en passant par un sacrement. Non, alors que chacun d'entre nous est né d'en bas, c'est-à-dire de parents ordinaires, on devient enfant de Dieu et donc frère ou soeur spirituel de Jésus-Christ en naissant d'En-Haut dans sa famille, c'est que le Nouveau Testament appelle aussi la nouvelle naissance.


Copyright © 2001-2024 ( TTB - Thru the Bible, RTM - Radio Transmundial. Tous droits réservés - Conditions d'utilisation

Radio Chretienne
"Toute Écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice" (2 Ti 3:16)

part

Enquetes

Votre fréquence de lecture de la Bible
Tous les jours
Presque tous les jours
Parfois
Très peu
Jamais