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Introduction
Introduction
Selon la petite histoire, le roi Frédéric de Prusse, je crois bien, aurait demandé à son chambellan de lui prouver l'existence de Dieu en un seul mot. Ce à quoi ce dernier aurait répondu: Les Juifs. Surprenant, n'est-ce pas? En effet, l'histoire de ce peuple est tout à fait extraordinaire, et c'est beaucoup grâce aux écrits d'un certain Esdras que nous savons comment les Israélites sont devenus ce qu'ils sont encore aujourd'hui. C'est lui qui aurait rédigé deux livres de l'Ancien Testament qui s'appellent respectivement Esdras et Néhémie, les deux derniers ouvrages historiques de l'Ancien Testament.
Dans le texte en hébreu et l'ancienne version grecque, ils ne forment qu'un seul rouleau qui couvre une période qui s'étend du retour des Israélites de l'exil babylonien en 538 jusque vers 432 av. J-C, soit 106 ans. C'est la tradition juive qui attribue ces deux livres qui font partie du canon de l'Ancien Testament au seul auteur Esdras, mais le texte lui-même ne donne aucune indication à ce sujet. De plus, dans ce rouleau de deux livres et pour cette période donnée, ce n'est pas une histoire chronologique suivie qui est présentée, comme c'est le cas ailleurs pour les siècles antérieurs dans les autres livres historiques. Esdras se borne à rapporter en détail un certain nombre d'événements auxquels il attache une importance particulière et qui marquent les phases principales de la restauration du culte à Jérusalem.
Entre ces faits marquants, l'auteur laisse subsister des lacunes considérables sur lesquelles il ne dit absolument rien. Ces deux ouvrages s'arrêtent donc sur 4 moments particuliers du peuple choisi. Tout d'abord, l'arrivée de la caravane d'un certain Zorobabel, suivie, 15 ans plus tard, de la reconstruction du Temple. Mais aucune information ne nous est donnée sur ce qui s'est passé entre-temps. Suivent alors 57 années durant lesquelles a lieu l'histoire de la reine Esther. Puis vient le second événement important relaté par Esdras qui est l'arrivée de sa caravane et les mesures qu'il prit contre les mariages mixtes, entre Israélites et païens locaux. Suit une nouvelle lacune de 12 ans, puis a lieu le troisième fait marquant avec l'arrivée de la caravane de Néhémie et la reconstruction des murailles de Jérusalem. Suit encore un silence de 12 ans et enfin le 4e événement important est relaté. Il s'agit du second séjour de Néhémie en Palestine. Quand on additionne toutes les dates, sur les 106 ans qui se sont écoulés entre le premier fait marquant et le 4e racontés dans ces livres, il y en a 95 sur lesquels nous ne savons absolument rien.
Cependant, et comme je l'ai déjà dit, ces récits sont d'une importance capitale parce que ce sont les seuls documents que l'humanité possède sur l'histoire de la Palestine pendant les quatre siècles qui séparent la chute de Jérusalem de l'époque du tyran grec Antiochus Épiphane et des guerres que les prêtres de la famille des Maccabées menèrent contre lui. C'est au cours de cette longue période que s'est formée cette société juive, unique dans l'histoire du monde, du sein de laquelle allait un jour naître l'Église chrétienne.
Pendant leur séjour à Babylone, les Israélites ont subi une transformation si radicale qu'il est difficile de reconnaître dans les Juifs de retour d'exil les descendants des sujets des rois de Juda qui furent emmenés en captivité. Auparavant, ce peuple avait toujours vécu à l'intérieur des étroites limites du territoire que l'Éternel leur avait donné. Après leur retour au pays, ils vont suivre les conquérants perses, grecs ou romains, et se répandre partout pour fonder des colonies dans les principales villes du monde connu. Avant l'exil, les Israélites étaient exclusivement voués à l'agriculture; après, ils s'intéressent surtout au commerce. Auparavant, ils étaient constamment entraînés vers l'idolâtrie des peuples environnants, mais ils sortent de l'exil, complètement guéris de cette maladie spirituelle qui leur valut le châtiment de Dieu.
Tandis que leurs pères avaient rejeté l'appel à revenir à leur Dieu que leur lançaient les prophètes, la nouvelle génération qui revient d'exil accueille avec foi et révérence les enseignements d'Esdras, de Néhémie et des prophètes Aggée, Zacharie et Malachie. Bien que les Juifs fussent autorisés par l'empereur Cyrus à retourner dans leur patrie, ils n'ont pas retrouvé leur indépendance pour autant, car le pays de Juda reste un des districts de la province perse située au-delà de l'Euphrate. Malgré des conditions adverses, les Israélites savent maintenir leur identité nationale avec une indomptable énergie. Ils ne se fondront pas dans les nations voisines dont ils partagent le sort et dont ils parlent la langue araméenne.
Leurs frontières politiques étant supprimées, les Israélites vont les remplacer par leur religion. Ils se démarquent des autres peuples grâce à leur culte à l'Éternel, le Dieu unique, et c'est le Temple de Jérusalem qui devient leur point de ralliement. De plus, ils entreprennent une sorte de conquête du monde par le prosélytisme gagnant de nombreux adeptes à leur foi. Après que Zacharie, le dernier des prophètes de l'Ancien Testament aura parlé, environ 400 ans avant la venue du Christ, les Juifs vont s'attacher avec un très grand soin à l'étude de la Parole écrite que constitue l'Ancien Testament, et tout spécialement la Loi de Moïse. C'est d'elle que surgira la tradition souvent lourde, qui s'immiscera dans toutes les facettes de la vie politique et privée juive.
Cette tendance fortement légaliste constituera le grand défaut des pharisiens, les ennemis contemporains de Jésus. C'est ainsi que les Juifs d'après l'exil devinrent exclusifs à l'égard des étrangers, qu'ils commencèrent à célébrer le culte en suivant la lettre de la Loi plutôt que l'esprit, et en exagérèrent les prescriptions. Cela dit, cette Loi de Moïse jouera le rôle de sauvegarde de l'intégrité de la nation et lui imprimera son caractère indélébile. C'est la Loi de Moïse qui fait qu'un Juif est un Juif. La déportation babylonienne a eu une influence colossale sur les Israélites, comme quoi le châtiment du Seigneur a eu du bon.
Cette étonnante transformation nous est rapportée par Esdras grâce aux événements qu'il a choisi de nous raconter. L'auteur nous apprend que la première caravane conduite par Zorobabel ne comprenait que les Juifs qui avaient délibérément choisi de rentrer au pays plutôt que de conserver les positions lucratives qu'ils occupaient en Babylonie. Ainsi s'est opéré un important triage grâce auquel furent éliminés tous ceux qui n'étaient pas animés de zèle pour le Dieu de leurs ancêtres. Les prêtres, descendants d'Aaron, le frère de Moïse, formaient à eux seuls environ le dixième des émigrants, ce qui fit que leur influence fut considérable. Le premier soin des arrivants fut de préparer la reconstruction du Temple, une oeuvre qu'ils menèrent tambour battant et jusqu'au bout malgré des difficultés de tous genres qui ralentirent leur travail. Ils bénéficièrent en outre du concours et de l'exhortation des prophètes Aggée et Zacharie.
C'est Esdras qui apporta de Babylone la Loi de Moïse, et douze ans plus tard, secondé par Néhémie, il l'a promulgua en faisant solennellement jurer au peuple de l'observer à tout jamais. C'est donc grâce à ce rouleau de deux petits livres historiques que nous savons dans quelles conditions s'est développé Israël après l'exil. Bien qu'ils ne donnent pas une histoire suivie, ils permettent quand même de comprendre comment la nation juive s'est développée pendant la période de temps depuis la captivité de Babylone jusqu'à la venue de Jésus-Christ.
Ces deux livres comprennent également pas mal de listes barbantes comme les ustensiles du Temple, les Israélites revenus d'exil avec Esdras, la liste de la répartition des travaux de réfection de la muraille de Jérusalem, celle qui énumère les signataires d'un certain engagement, celle de ceux qui sont venus s'installer définitivement à Jérusalem, toutes les localités repeuplées et tous les prêtres et Lévites revenus d'exil. Pourquoi être aussi tatillon, me direz-vous? Il a toujours été important pour les Israélites de savoir qui était qui et quelle était l'origine de chacun. Comme pour les nombreuses généalogies que contiennent les Textes Sacrés, ce souci du détail provient du fait que le Messie qui allait venir devait naître de la tribu de Juda, issu de la descendance de David.
En plus de ces listes, il y a les rapports qu'Esdras et Néhémie adressèrent à l'administration perse pour rendre compte de la mission qui leur avait été confiée par l'empereur ainsi que des lettres officielles qui font partie de la correspondance entre les Israélites et l'administration perse. Celles-ci sont d'ailleurs rédigées en araméen plutôt qu'en hébreu.
Esdras était le petit-fils du grand-prêtre qui retrouva une copie de la Loi de Moïse sous le règne du bon roi Josias. Cette histoire est racontée dans le second tome du livre des Chroniques. Bien qu'il fut prêtre, il ne pouvait exercer de sacerdoce puisque le Temple était en reconstruction. Cependant, il s'adonna à l'étude de la Loi de Moïse qu'il lut publiquement au peuple qui était revenu d'exil, ce qui suscita un réveil spirituel d'envergure. Le but premier du retour de l'exil est la restauration du culte à l'Éternel dans le Temple à reconstruire à Jérusalem. Vers la fin du livre d'Esdras nous est donnée la clef qui permet de comprendre la motivation de ces pionniers. Je cite le passage:
Auprès de moi s'assemblèrent tous ceux que faisaient trembler les paroles du Dieu d'Israël, à cause du péché des fils de la captivité (Esdras 9.4)
C'est la crainte de l'Éternel, c'est-à-dire une profonde vénération de sa personne qui conduit quelqu'un à la piété, à invoquer son nom et à respecter sa Parole. C'est pour cela que deux thèmes sous-jacents du livre d'Esdras sont la prière et La Parole du Seigneur, expression qui revient dix fois comme pour bien montrer son rôle et son effet dans la vie du peuple dans les domaines aussi bien religieux que social, économique et politique.
Chapitre 1
Verset 1
Je commence à lire le livre d'Esdras.
La première année du règne de Cyrus de Perse, l'Éternel, pour accomplir la parole qu'il avait prononcée par le prophète Jérémie, agit sur l'esprit de Cyrus, empereur de Perse. Alors Cyrus fit faire, oralement et par écrit, la proclamation suivante à travers tout son empire (Esdras 1.1).
Le retour d'exil des Israélites est dû à un concours de circonstances particulièrement favorables qui se situent à deux niveaux: l'un purement humain et l'autre d'origine divine. Les Juifs ne furent pas les seuls à avoir bénéficié d'une grâce présidentielle en quelque sorte, et de la possibilité de rentrer dans leur patrie. Tous les peuples déportés pouvaient retourner dans leur pays d'origine. C'est ainsi que sous le règne de Cyrus, les habitants de Juda ont bénéficié de cette amnistie générale qui est attestée par un texte gravé sur un cylindre d'argile découvert au 19e siècle.
Après avoir anéanti l'empire babylonien en 539 av. J-C, Cyrus voulait bien sûr ériger le sien. Qui ne veut pas d'un empire? Cet homme, intelligent et fin connaisseur de la nature humaine, psychologue averti et despote éclairé, permet le retour des populations déplacées, allant jusqu'à financer la reconstruction de leurs sanctuaires religieux. Alors que les Assyriens et les Babyloniens avaient déporté les populations des pays conquis, Cyrus a fait exactement le contraire. En agissant ainsi, ce nouvel empereur espérait se concilier la faveur de tous les peuples dispersés ainsi que leur soutien politique et militaire, car il apparaissait comme un libérateur.
Par la suite, les successeurs de Cyrus adopteront une politique semblable à la sienne favorisant les cultes des peuples qui leur étaient assujettis continuant ainsi à s'assurer leur bénédiction. C'est ce qui explique la mission de reconstruction du Temple de l'Éternel confiée à Zorobabel et confirmée plus tard par l'empereur Artaxerxès à Esdras. Voilà pour l'aspect humain des choses.
Cela dit, il faut aussi voir la main de Dieu dans les succès militaires de l'alliance médo-perse contre Babylone. C'est l'Éternel qui a élevé Cyrus et en a fait un dirigeant capable. Ceci est confirmé par une prophétie le concernant et qui est tout à fait extraordinaire, car elle fut promulguée presque deux siècles avant sa naissance. Le futur empereur est explicitement nommé à deux reprises dans une prédiction du prophète. Je la lis:
Et je dis de Cyrus: C'est mon berger, et il accomplira tout ce que je désire. Il dira de Jérusalem: Qu'elle soit rebâtie, et il dira du Temple: Posez ses fondations ! Ainsi dit l'Éternel à son oint, à Cyrus, qu'il a pris par la main pour abaisser les nations devant lui et désarmer les rois, pour ouvrir devant lui les deux battants afin qu'aucune porte ne lui reste fermée. Moi, j'irai devant toi, nivelant les terrains accidentés, fracassant les battants de bronze et brisant les verrous de fer. Et je te donnerai les richesses cachées et les trésors déposés dans des lieux secrets, pour que tu saches que c'est moi, l'Éternel, moi qui t'appelle par ton nom, moi le Dieu d'Israël. À cause de mon serviteur, Jacob, et d'Israël que j'ai choisi, je t'ai appelé par ton nom, je t'ai donné un rang d'honneur sans que tu me connaisses (Ésaïe 44.28-45.4).
La petite histoire raconte que la prophétie d'Ésaïe qui mentionne Cyrus de nom lui fut montrée. Tout d'abord septique, il fut par contre fortement impressionné après qu'il en eut fait vérifier l'authenticité. On le comprend. Environ un quart des Textes Sacrés se compose de prophéties. Il y en a quelques 300 qui concernent la première venue du Christ et à peu près autant qui annoncent sa seconde venue avec l'instauration de son royaume de 1 000 ans sur terre.
L'élévation de Cyrus à la tête de l'Empire perse est due à l'Éternel qui voulait par son intermédiaire ramener son peuple dans le pays qu'il avait donné à ses ancêtres et ainsi accomplir une prophétie qui l'annonçait. Cependant, relativement peu d'Israélites revinrent en Palestine; ils étaient bien trop confortables en Babylonie.
Verset 2
Je continue maintenant le texte.
Voici ce que déclare Cyrus, empereur de Perse: L'Éternel, le Dieu du ciel, m'a donné tous les royaumes de la terre, et il m'a chargé de lui construire un temple à Jérusalem en Juda (Esdras 1.2).
L'Empire perse était énorme. Il allait de ce qui est aujourd'hui l'ouest de la Chine, englobait le nord de l'Inde, la moitié nord de l'Arabie Saoudite, jusqu'à l'Égypte et Chypre, de la mer Noire au golfe Persique et à l'Éthiopie. L'Empire était organisé en provinces elles-mêmes subdivisées en districts. Ce décret de Cyrus est très important, car en tant que l'homme le plus puissant du monde, il faisait la pluie et le beau temps. Il affirme avec raison qu'il a reçu les royaumes de la terre de la part de l'Éternel, qui est appelé ici le Dieu du ciel. Cette expression est utilisée après la chute de Jérusalem et la destruction du Temple.
Pendant longtemps, la gloire de l'Éternel résidait dans le Temple de Jérusalem, mais après sa destruction par les Babyloniens, elle quitta le Temple pour toujours. Dieu ne pouvait donc plus être identifié à son peuple qui en tant que nation indépendante n'existait plus. C'est pour cette raison que dans les livres d'Esdras, de Néhémie et du prophète Daniel on trouve l'expression Dieu du ciel qui est la façon de présenter l'Éternel comme le Créateur. Le Temple fut éventuellement reconstruit par Esdras, mais au fil des siècles il fut à nouveau détruit puis remis en état.
Lorsque Jésus commence son ministère, c'est celui construit par Hérode le Grand qui est utilisé par les Juifs, mais il ne contenait pas la gloire de l'Éternel comme par le passé. À cette époque, le culte était devenu une religion essentiellement composée de rites complexes et purement légalistes, ce que le Seigneur a vertement reproché aux chefs religieux, surtout aux Pharisiens. Néanmoins, ce Temple était quand même le centre d'adoration du seul vrai Dieu par les Juifs pieux du premier siècle, et cela dura jusqu'à la Pentecôte lorsque l'Église prit naissance. C'est ce qui explique pourquoi Jésus a purifié le Temple du commerce illicite qui s'y faisait, vidant les marchands ambulants et renversant les tables des changeurs de monnaie.
Jésus-Christ est venu sur la terre une première fois comme le successeur légitime du roi David. Toute sa vie terrestre, il l'a vécue avec la dignité d'un roi bien qu'il n'en eut pas l'éclat. Aujourd'hui, il est le Dieu du ciel, mais un jour il reviendra comme le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs et établira son royaume de 1 000 ans sur terre qui aura Jérusalem pour capitale. Seulement, voilà ! Ne pourront participer à ce royaume que ceux qui auront placé leur confiance personnelle en Jésus-Christ. Il nous invite, vous et moi, à nous joindre à l'immense fête de couronnement qu'il donnera à cette occasion.
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