Radio Chrétienne
Un programme pour étudier toute la Bible en quatre ans
Chapitre 6
Versets 4-6
Dans La Grenouille et le rat , une des premières fables écrites par La Fontaine, la moralité exprimée en vers est la suivante: la ruse la mieux ourdie peut nuire à son inventeur, et souvent la perfidie retourne sur son auteur. Dans l'histoire de la reine Esther, Haman, le grand vizir et le numéro deux du royaume, est un personnage particulièrement ignoble qui a manigancé l'extermination de tous les Israélites éparpillés dans l'Empire perse. Il a tout calculé, tout prévu, et même fait dresser la potence sur laquelle il va faire exécuter Mardochée, le Juif qui a toujours refusé de courber l'échine devant lui.
Ce qu'il n'a pas envisagé du tout est que le Dieu du ciel et de la terre va faire échouer son sinistre projet. Dans les coulisses, il tire les ficelles qui vont non seulement contrecarrer ses stratagèmes, mais retourner la situation contre lui. Nous sommes de grand matin et Haman vient demander à l'empereur la permission de réaliser la première partie de son plan, faire pendre Mardochée. Mais justement, le souverain vient d'apprendre que ce dernier l'avait sauvé d'un attentat contre sa vie. Alors, ça tombe plutôt mal pour le grand vizir.
Versets 6-9
Je continue la lecture du livre d'Esther dans le chapitre 6.
Haman entra et l'empereur lui demanda:? Que faut-il faire pour un homme que l'empereur désire honorer? En son for intérieur, Haman se dit:? Quel homme l'empereur peut-il désirer honorer, sinon moi? Il répondit donc à l'empereur:? Pour un homme que l'empereur désire honorer, que l'on apporte un manteau de l'empereur que l'empereur a déjà porté, que l'on amène un des chevaux que l'empereur a montés, et que l'on pose sur la tête du cheval un diadème impérial. Que l'on confie le manteau ainsi que le cheval à l'un des ministres de l'empereur, l'un des hauts dignitaires, et qu'on revête du manteau l'homme que l'empereur désire honorer, puis qu'on le fasse monter sur le cheval et qu'on le conduise ainsi sur la place de la ville en proclamant devant lui: «Voilà ce que l'empereur fait pour l'homme qu'il désire honorer !» (Esther 6.6-9).
Les sceptiques ont longtemps pensé que l'auteur s'était trompé en parlant d'un cheval muni d'un diadème. Et puis un jour, on a effectivement trouvé sur des reliefs datant de l'époque assyrienne, donc avant l'Empire perse, des chevaux portant sur la tête un ornement à trois pointes en forme de couronne. Haman le grand vizir était immensément riche, il n'avait donc aucun besoin d'argent. Ce qu'il désirait plus que tout au monde était la vénération du peuple. C'est cet orgueil monstrueux qui va le ruiner. Il semble même qu'être le numéro deux de l'empire ne lui suffisait pas; il visait le trône. Au moment voulu, il avait peut-être bien l'intention d'éliminer Xerxès. C'est en effet ainsi que se terminaient bon nombre de règnes de souverains du Moyen-Orient, dans un bain de sang.
En attendant, Haman veut habituer le peuple à le voir avec toutes les apparences de la royauté, ce qui incluait revêtir les habits de l'empereur, car les porter était un signe de faveur exceptionnelle. D'une manière générale, dans la pensée des gens du monde antique qui étaient très superstitieux, porter les vêtements de quelqu'un, voire simplement les toucher, c'était avoir part à son pouvoir ou à son honneur comme par un phénomène d'osmose. Cette croyance est d'ailleurs présente dans les Évangiles. Je cite un passage:
Elle avait entendu parler de Jésus, et dans la foule, elle s'était approchée de lui par derrière et avait touché son vêtement, en se disant:? Si j'arrive à toucher ses vêtements, je serai guérie (Marc 5.27-28).
Versets 10-11
Je continue le texte.
Alors l'empereur dit à Haman:? Dépêche-toi d'aller chercher le manteau et le cheval, comme tu l'as dit, et fais tout cela pour le Juif Mardochée, qui exerce des fonctions au palais ! N'omets rien de tout ce que tu as proposé ! Haman alla chercher le manteau et le cheval, il revêtit Mardochée du manteau, puis il le fit monter sur le cheval et le conduisit ainsi sur la grande place de la ville en proclamant devant lui:? Voilà ce que l'empereur fait pour l'homme qu'il désire honorer ! (Esther 6.10-11).
Tel est pris, qui croyait prendre. Ici, il ne s'agit pas d'une ironie du sort, mais de Dieu. Le piège savamment monté par Haman contre tous les Israélites de l'empire vient de se retourner contre lui. Le grand vizir haïssait de toutes ses tripes Mardochée, ce Juif qui refusait de se prosterner devant lui. Rien de plus honteux et de détestable n'aurait pu lui être demandé que de le revêtir des vêtements du roi, le faire monter sur ce cheval royalement paré, le conduire dans les rues de la capitale et proclamer haut et fort qu'il était l'homme que l'empereur voulait honorer. Ce fut pour lui le comble de l'humiliation; un exercice de pure mortification. Haman qui voulait que Mardochée se courbe devant lui a été forcé d'inverser les rôles; c'est le grand vizir qui doit s'incliner.
Versets 12-13
Je continue.
Ensuite, tandis que Mardochée retournait à ses fonctions au palais impérial, Haman rentra précipitamment chez lui comme en deuil et en se couvrant le visage. Il raconta à Zérech sa femme et à tous ses amis ce qui venait de lui arriver. Ses conseillers et sa femme lui dirent:? Si ce Mardochée devant qui tu as commencé à être humilié est Juif, tu ne pourras rien contre lui. Tu peux être certain que tu continueras à déchoir devant lui (Esther 6.12-13).
Le texte est totalement silencieux sur les états d'âme de Mardochée, mais le présente comme un homme d'une grande constance à cause de sa foi au Dieu d'Israël. Il retourne tout simplement à son poste de travail comme si rien ne s'était passé. Il y a tout à penser qu'il s'attend à une intervention divine de grande envergure qui va venir en aide au peuple juif menacé d'extermination. Pour Haman, le retournement de situation est épouvantable; c'est de loin le pire jour de sa vie. Au lever du soleil, au moment où il avait quitté son domicile, il était aux anges, dans un état de joie indescriptible.
Maintenant, le ciel vient presque littéralement de lui tomber sur la tête. Alors, portant le deuil, il cherche auprès de sa femme et ses amis un réconfort, mais trouve toute autre chose. Ces derniers, changeants comme la lune, font volte-face et lui prédisent le pire. L'extraordinaire honneur rendu à Mardochée leur a ouvert les yeux sur la valeur et la signification de son identité juive. Les Perses connaissaient l'histoire du peuple d'Israël. Bien qu'il ait été exilé parmi eux, ils savaient aussi que l'Éternel, leur Dieu, était puissant et que lorsqu'il intervenait en leur faveur, rien ni personne ne pouvait s'opposer à lui.
Verset 14
Je finis ce chapitre.
Ils étaient encore en train de s'entretenir avec lui quand survinrent les envoyés de l'empereur venus faire presser Haman de se rendre au festin préparé par Esther (Esther 6.14).
On a plus le temps de faire ouf, tellement les événements se précipitent. Précédemment et quand tout allait bien, c'est sa femme et ses proches qui lui avaient dit:
Il n'y a qu'à faire dresser une potence haute de vingt-cinq mètres, et demain matin, tu parleras à l'empereur pour qu'on y pende Mardochée. Puis tu pourras aller gaiement au festin en compagnie de l'empereur (Esther 5.14).
Il avait attendu ce dîner avec impatience, se vantant même d'être le seul invité avec l'empereur. Mais maintenant, son monde est sens dessus dessous. Haman est dans la plus grande affliction à l'écoute de ses proches prédisant sa fin. Il est encore en état de choc quand on entend des bruits au-dehors. Ce sont les serviteurs du roi qui viennent chercher le grand vizir en toute hâte pour l'emmener au festin d'Esther.
Il ne doit plus tellement avoir le coeur à vouloir faire la fête, mais il ne peut s'esquiver. Il sent bien qu'il a perdu pied, qu'il ne contrôle plus les événements. Mais il ne sait pas qu'il a été contrecarré et jugé par le Dieu du ciel. À mon avis, il doit commencer à se douter que d'ici peu ça risque d'être sa fête. Peut-être même, se sent-il déjà un peu comme le condamné à qui on offre son dernier verre.
Chapitre 7
Versets 1-2
Nous voici rendus au chapitre 7 dans lequel tout va maintenant aller en se précipitant. Il commence avec le 5e banquet de cette histoire: les deux premiers furent donnés par l'empereur, le troisième par Vasthi, l'impératrice répudiée et les deux suivants par Esther. Je commence à lire.
L'empereur et Haman arrivèrent donc pour festoyer avec l'impératrice Esther. Ce deuxième jour, pendant que l'on buvait le vin, l'empereur demanda de nouveau à Esther:? Dis-moi quelle est ta requête, impératrice Esther? Elle te sera accordée. Quelle est ta demande? Même si c'est la moitié de mon empire, tu l'obtiendras (Esther 7.1-2).
Haman est dans une grande confusion. Il est mortifié de l'honneur qui avait été accordé à Mardochée, mais quand même flatté de cette invitation. S'il avait su que Esther était la fille adoptive de Mardochée, il aurait été terrifié tout au long de ce repas et aurait appréhendé à mort la deuxième partie, le moment où on buvait le vin tout en parlant affaires.
C'est la troisième fois que l'empereur demande à la reine ce qu'elle désire, lui promettant d'avance que sa requête lui serait accordée. Ce coup-ci, Esther va prendre son courage à deux mains et formuler sa demande. Mais elle appréhende, car elle craint que Xerxès capricieux et imprévisible risque de s'emporter comme il l'a déjà fait contre l'impératrice Vasthi.
Versets 3-4
Je continue le texte.
L'impératrice Esther répondit:? Si l'empereur veut m'accorder une faveur, si l'empereur le veut bien, que la vie sauve me soit accordée, c'est là ma requête. Que la vie sauve soit aussi accordée à mon peuple, telle est ma demande. En effet, moi et mon peuple, nous avons été livrés pour être massacrés, tués et exterminés. Si nous avions seulement été vendus comme esclaves et servantes, j'aurais gardé le silence. Mais il s'agit du roi que notre mort appauvrira, et voilà pourquoi je parle (Esther 7.3-4).
Lorsque Esther fut présentée au concours de beauté du siècle qui devait déterminer la nouvelle impératrice, Mardochée lui avait interdit de révéler ses origines ethniques. Elle a obéi et gardé le secret jusqu'à cet instant. Mais en s'identifiant au peuple qui par décret est voué à la mort, elle vient de révéler son identité juive. Elle avait lu de ses yeux la proclamation ordonnant l'anéantissement des Juifs. Il disait:
Les lettres furent portées pour ordonner de massacrer, de tuer et d'exterminer les Juifs, jeunes et vieux, enfants et femmes, en un seul jour, et de piller leurs biens (Esther 3.13).
Elle répète exactement ces mêmes trois verbes au roi: massacrer, tuer et exterminer. Si elle demande sa vie avant celle de son peuple, ce n'est pas par égoïsme ou par crainte de la mort, mais afin de faire sur le roi une plus forte impression. En effet, elle pense lui importer davantage que le peuple juif tout entier.
Verset 5
Je continue.
Et le roi Xerxès dit à Esther, la reine.? Qui est-il, celui qui a eu l'audace de concevoir un tel dessein? Où est-il? (Esther 7.5).
Le désordre de la construction grammaticale du début de phrase montre l'émotion de l'empereur. Il est abasourdi; il tombe des nues. Il veut savoir qui voulait anéantir la reine et son peuple. Il ne savait pas que le décret d'extermination qu'il a autorisé visait les Juifs. Xerxès avait très peu d'égard pour la vie humaine. À la lecture du récit de sa campagne contre les Grecs, on constate qu'il jouait littéralement avec la vie de ses soldats; les dizaines de milliers d'hommes qu'il a perdus ne lui importaient pas du tout.
Remarquez que les guerres de Sécession et de Corée étaient des boucheries rondement menées par des officiers au coeur de pierre, que l'état-major français s'est conduit comme Xerxès avec les poilus durant la guerre de 14-18; on les a littéralement réduits à de la chair à canon, rien de moins. Et pendant le second conflit mondial, certains généraux alliés ont agi de même, cherchant avant tout leur propre gloire sur le champ de bataille. Alors, ne soyons pas hypocrites en jetant la pierre aux souverains des puissances assyrienne, babylonienne, perse ou grecque.
Pour en revenir à Xerxès, il est particulièrement furieux à l'idée que sa reine va faire partie de la charrette des condamnés. Quant à Haman, il continue à être dépassé par les événements. Le grand vizir ignorait que l'impératrice était juive. Son compte est bon. Il ne fait aucun doute qu'à présent la terreur se lisait sur son visage, car il venait sans le savoir de marcher sur les plates-bandes de l'empereur. Toucher à la reine, c'était s'attaquer au roi.
Versets 6-7
Je continue.
Esther répondit:? Le persécuteur, l'ennemi, c'est Haman, ce misérable ! Alors Haman fut épouvanté, devant l'empereur et l'impératrice. Furieux, l'empereur laissa son vin, se leva et sortit dans le jardin du palais. Haman, voyant bien que dans l'esprit de l'empereur son malheur était décidé, resta là pour implorer l'impératrice Esther pour sa vie (Esther 7.6-7).
Échauffé par le vin et la colère, le roi sort au grand air pour respirer. Il ne s'attendait pas à cette tournure des événements et se sent trahi par son grand vizir qui était son conseiller. En quittant le festin, Xerxès prononçait implicitement un jugement de condamnation à l'égard d'Haman qui s'en rend bien compte. L'Éternel avait dit à Abraham:
Je bénirai ceux qui te béniront et je maudirai ceux qui t'outrageront (Genèse 12.3).
Cette promesse s'étendait à tous ses descendants. Le grand vizir qui se réjouissait à l'idée d'exterminer tout un peuple, hommes femmes et enfants, se traîne maintenant à genoux devant l'impératrice, la suppliant d'épargner sa vie. C'est là son seul espoir. Mais on ne saura jamais ce qu'Esther aurait répondu, car il se passe encore un quiproquo, une autre coïncidence divine.
Verset 8
Je continue le texte.
L'empereur revint du jardin à la salle du festin au moment où Haman se laissait tomber sur le divan où Esther était allongée. Du coup, l'empereur s'écria:? Veut-il en plus faire violence à l'impératrice en ma présence dans mon palais? À peine l'empereur eut-il prononcé la parole que l'on recouvrit le visage de Haman (Esther 7.8).
Celui qui s'indignait de ce que le Juif Mardochée ne voulait pas s'incliner devant lui s'est mis à plat ventre devant la Juive Esther. Mal lui en a pris, car son geste est interprété comme une provocation, ce qui précipite sa fin. Les rois perses étaient hypersensibles concernant leurs femmes. Ils condamnaient à mort tous ceux qui osaient seulement les approcher. Haman devait être dans une grande détresse pour avoir commis pareille imprudence.
Jusque-là, les serviteurs présents n'avaient pas bougé. L'empereur prononce alors une sentence de mort qui n'est pas rapportée et le sort du grand vizir est scellé. Ni Esther, ni personne d'autre n'a le loisir d'expliquer quoi que ce soit, car une fois que le roi a parlé, les discussions sont terminées et les dés jetés. On couvre le visage d'Haman, ce qui était fait à tous ceux qui étaient conduits au supplice. Le voile privant de lumière était l'image des ténèbres de la mort qu'allait recevoir le condamné. Chez les Romains, le juge livrait le coupable au bourreau et lui disait:
Va, licteur, attache-lui les mains, voile-lui la tête et suspends-le à l'arbre de malheur !
Versets 9-10
Je finis ce chapitre.
Harbona, l'un des eunuques, dit alors devant l'empereur:? Il y a justement cette potence que Haman a fait faire pour Mardochée, qui a parlé pour le bien de l'empereur. Elle se trouve dans la cour de Haman et elle a vingt-cinq mètres de haut. L'empereur ordonna:? Qu'on l'y pende ! On pendit donc Haman à la potence qu'il avait préparée pour Mardochée. Alors la colère de l'empereur s'apaisa (Esther 7.9-10).
Il apparaît que les serviteurs de l'empereur ne portaient pas Haman dans leur coeur, ce qui se comprend au vu de son arrogance. Harbona a sans doute eu à subir des outrages du grand vizir, alors il saute sur cette occasion pour se venger. Et c'est ainsi que la potence qu'Haman avait préparée pour Mardochée est celle sur laquelle il est exécuté. Ces deux hommes, ennemis jurés, se retrouvent dans ce passage du livre des Psaumes que je cite:
Attends-toi à l'Éternel, et suis le chemin qu'il te recommande. Tu verras comment tous les malfaisants seront retranchés. J'ai vu le méchant, dans sa violence, croître comme un cèdre vert et florissant. Mais il a passé: voici qu'il n'est plus. J'ai beau le chercher, il est introuvable (Psaumes 37.34-36).
Pendant un temps, le méchant semble avoir le dessus, mais tôt ou tard vient l'heure des règlements de comptes. Il se trouve que devant Dieu vous et moi sommes tout aussi coupables que cet Haman, car nous avons la même nature que lui, et données les circonstances appropriées, nous sommes capables du pire. C'est la raison pour laquelle il était nécessaire que le Christ meure sur la croix et porte sur lui notre pourriture. Dorénavant, quiconque place en lui sa confiance reçoit en son nom le pardon de toutes ses fautes, passées, présentes et même à venir.
Copyright © 2001-2025 ( TTB - Thru the Bible, RTM - Radio Transmundial. Tous droits réservés.
CONDITIONS D'UTILISATION