Radio Chrétienne
Un programme pour étudier toute la Bible en quatre ans
Chapitre 4
Introduction
L'amitié est un bien des plus précieux en particulier par les temps qui courent où dans notre société occidentale, l'individualisme règne comme valeur suprême. Voltaire fait dire à un de ses personnages:
Toutes les grandeurs de ce monde ne valent pas un bon ami.
Job, dont le nom est le titre de l'un des livres de l'Ancien Testament, a été atteint par les pires catastrophes qu'on puisse imaginer. Il s'est alors lancé dans une longue complainte, un gémissement qui en dit long sur ses souffrances. Cependant, comme auparavant il était un personnage important très respecté, il avait des amis. En conséquence, pour lui le dicton «la véritable amitié se voit dans le malheur » s'est vérifié puisque plusieurs hommes viennent pour le réconforter. Ils vont prendre la parole à tour de rôle et à plusieurs reprises, mais malheureusement pour Job, ces trois hommes ne lui seront d'aucune aide, bien au contraire. D'ailleurs, ils portent chacun un nom dont la signification est leur portrait-robot en miniature. Il s'agit d'Éliphaz, ce qui veut dire Dieu est fort, mais dans le sens de coup de massue. C'est sa vision du Tout-Puissant, un père Fouettard. Le second s'appelle Bildad, ce qui signifie Fils de dispute. Lui aussi est du genre brutal dans ses paroles, et le troisième est Tsophar, ce qui veut dire moineau. Celui-là gazouille très méchamment en portant des accusations dures à l'encontre de Job.
La compassion n'est le point fort d'aucun d'entre eux. Ces trois hommes vont se livrer à une bataille rangée, un combat sans merci contre Job, dont ils sont censés être les amis. Les dialogues seront comparables à des joutes oratoires. Alors que de nos jours les foules vont assister à des événements sportifs, à l'époque on affectionnait le maniement du verbe où les traits d'esprit, les jeux de mots, les répliques bien dites faisaient l'admiration d'un public averti. Il est probable qu'un certain nombre de personnes soit venu à ce tournoi spectaculaire pour voir ces hommes croiser le fer de la rhétorique. Les discussions vont tourner autour d'une question majeure, à savoir: Est-ce que Job est sincère dans son intégrité ? C'était aussi le sujet de la dispute entre Dieu et Satan.
Versets 1-2
Je commence à lire le chapitre 4 du livre de Job.
Alors Éliphaz de Témân prit la parole et dit: Peut-on risquer un mot? Tu es si abattu ! Mais qui peut garder le silence? (Job 4.1-2).
À partir d'ici, commencent trois cycles de discours dans lesquels les amis de Job prendront toujours la parole dans le même ordre. Le premier à s'exprimer base son argumentation sur le «D'après ce que j'ai vu ». C'est la voix de l'expérience qui parle. En écoutant la longue litanie de Job, il a commencé à penser que son ami allait trop loin dans ses propos et il s'est mis intérieurement à bouillir. Au bout d'un moment, ne pouvant plus se taire, Éliphaz entame son premier réquisitoire contre Job. Il commence de façon diplomatique cherchant à éviter les foudres de son ami. Mais ses paroles qui ont pour but de défendre le Tout-Puissant seront incisives et dénuées de sensibilité à l'égard de l'état du pauvre Job.
Versets 3-5
Je continue.
Tu as instruit beaucoup de gens et tu as fortifié ceux qui baissaient les bras. Tes propos relevaient celui qui trébuchait, et tu raffermissais ceux dont les genoux fléchissaient. Maintenant qu'il s'agit de toi, tu es découragé ! Maintenant que cela te touche, te voilà tout désemparé ! (Job 4.3-5).
Éliphaz reconnaît que Job se donnait beaucoup aux autres et de diverses manières, mais il lui reproche aussi d'être incapable d'appliquer ses bons conseils à son cas personnel et de s'effondrer face à son adversité qu'il minimise. Éliphaz ne tient pas compte du fait que Job a ses forces complètement sapées par la souffrance et ne peut donc pas facilement s'encourager lui-même. C'est justement maintenant qu'il a besoin d'amis pour le soutenir dans sa détresse.
Verset 6
Je continue.
Ta foi en Dieu n'est-elle pas la source de ton assurance? Et ton intégrité n'est-elle pas ton espérance? (Job 4.6).
Éliphaz insinue de façon à peine voilée que dorénavant un certain doute plane sur la foi et la droiture de Job, qui s'est très certainement rendu coupable d'une faute cachée. Les deux autres faux-amis seront bien moins nuancés dans leurs propos et l'accuseront franchement.
Versets 7-9
Je continue.
Cherche dans ta mémoire: quel est donc l'innocent qui jamais a péri? Où sont les hommes droits qui ont été détruits? D'après ce que j'ai vu, les artisans d'iniquité et ceux qui sèment le malheur en moissonnent les fruits: sous le souffle de Dieu, les voilà qui périssent, dans son courroux, il les consume (Job 4.7-9).
Maintenant, Éliphaz, qui s'autoproclame théologien avisé, expose sa théorie sur le problème de la souffrance. Son autorité provient de son expérience personnelle. Sa vision des choses est des plus simpliste: d'un côté, il y a les bons et de l'autre les méchants, et chacun reçoit ce qu'il mérite. Il introduit le principe fondamental sur lequel toute l'argumentation des trois amis de Job va reposer. Éliphaz croit en la rétribution divine immédiate selon le principe cause-effet. Dieu agirait envers les hommes en fonction de leur comportement. Ceux qui sont vraiment innocents ne souffrent pas comme Job, tandis que les pécheurs sont irrémédiablement punis. Ce principe fut appliqué dans le cas d'Israël.
Cela dit, les Textes Sacrés donnent beaucoup d'exemples, et pas seulement dans le livre de Job, qui contredisent cette vision de Dieu. Parce que l'auteur a soulevé à deux reprises le voile qui nous cache ce qui se passe dans le monde céleste, nous savons fort bien que Job souffre pour rien sinon qu'il est un enjeu entre Satan et l'Éternel. Par ailleurs, nous avons tous expérimenté que dans la vie les choses sont loin d'être noir ou blanc comme le suggère Éliphaz; il y a en fait beaucoup de gris.
Versets 10-11
Je continue.
Le lion a beau rugir et le fauve gronder, Dieu leur brise les crocs. Le lion périt faute de proie, et les lionceaux sont dispersés (Job 4.10-11).
Voilà une petite parabole qui a valeur de coup de griffes. Les lions étaient très nombreux dans le Proche-Orient ancien. Ils représentent le méchant qui est dépeint comme un adversaire redoutable, mais que Dieu peut châtier en un instant. L'allusion est à peine voilée. Job aussi était puissant, mais sa force est dorénavant brisée et ses enfants, les lionceaux, perdus.
Versets 12-16
Je continue.
Un oracle furtif s'est glissé jusqu'à moi, et mon oreille en a saisi le murmure léger: pendant les visions de la nuit, au milieu d'un flot de pensées, à l'heure où un profond sommeil s'empare des humains, un frisson d'épouvante a parcouru mon corps, tous mes os en tremblèrent. Un esprit effleura ma face, hérissant les poils sur ma peau. Il se tenait debout. Je ne pus reconnaître à quoi il ressemblait, mais cette apparition resta devant mes yeux. J'entendis une voix qui murmurait tout doucement (Job 4.12-16).
Éliphaz veut prouver que son point de vue théologique est le bon en prétendant que ses affirmations ne viennent pas de lui-même, mais sont le fruit d'une révélation divine qu'il a reçue dans une vision. Comme par hasard, cet esprit nocturne, au demeurant fort inquiétant, était porteur d'un message qui est apparemment taillé sur mesure pour Job. Son affirmation comme toutes les visions est à prendre avec la plus grande circonspection. Je cite une parole de l'Ancien Testament:
Car beaucoup de vaines rêveries aboutissent à beaucoup de paroles en l'air. C'est pourquoi: éprouve un grand respect pour Dieu (Ecclésiaste 5.6).
Verset 17
Je continue le texte.
L'homme serait-il juste devant Dieu? Serait-il pur devant celui qui l'a fait? (Job 4.17).
Le contenu de la révélation de cet esprit est affligeant. On s'attendait à quelque chose d'inédit, de sensationnel, mais au lieu de cela, Éliphaz dit une lapalissade pieuse qui est exacte certes, mais qui ne fait pas avancer les choses, qui n'est d'aucune aide au pauvre Job à qui cette affirmation est destinée.
Verset 18
Je continue.
Si, en ses propres serviteurs Dieu ne peut se fier, et si même en ses anges il trouve des défauts (Job 4.18).
Les trois faux-amis de Job vont tous dire des vérités qui sont intéressantes parce qu'elles nous renseignent sur les connaissances et la vision du monde des gens qui vivaient au temps des patriarches, il y a environ 4 000 ans. Éliphaz fait ici référence à Satan et aux anges qui l'ont suivi dans sa rébellion contre Dieu et qui sont devenus des démons. Deux prophètes en parleront également, mais plus de 1 000 ans plus tard.
Versets 19-21
Je finis ce chapitre.
À plus forte raison il ne peut se fier aux pauvres créatures habitant dans des corps d'argile, qui ne sont que poussière et qu'on peut écraser comme des vermisseaux. Entre le matin et le soir, ils sont réduits en poudre. Sans qu'on y prenne garde, les voilà qui périssent. Les cordes qui tenaient leur tente sont soudain arrachées, et c'est ainsi qu'ils meurent sans avoir acquis la sagesse (Job 4.19-21).
Voilà des affirmations qui sont boiteuses, parce qu'à la fois vraies et fausses. Les discours des trois faux-amis seront captivants par moment, mais ils ne seront d'aucune utilité à Job, car ils ne l'aideront pas à supporter son état moribond. Il est bien sûr exact que l'homme est un être mortel. Peu importe en effet combien Monsieur Muscle et Mlle star de cinéma sont beaux, bien proportionnés, athlétiques et attrayants, tout être humain est par nature faible et fragile puisqu'il se compose de poussière, une matière périssable qui peut être réduite à néant en un rien de temps aussi facilement qu'un insecte qu'on écrase sous le pied. Il n'y a qu'à penser aux hécatombes dues aux guerres et accidents de la route. À côté des catastrophes, le temps qui passe fait immanquablement son oeuvre de destruction.
Mon père était plâtrier et d'une force herculéenne; mais lorsqu'il arrive à 90 ans, ce qui n'est pas peu de chose, son état n'a évidemment plus rien de comparable à ce qu'il était lorsqu'il avait 30 ans. Si Éliphaz dit des choses vraies, il fait aussi plusieurs associations cause-effet simplistes et fausses dans les domaines spirituel et physique. En effet, il dit que c'est parce que l'homme est revêtu d'un corps matériel qu'il ne peut être juste alors que l'un est sans rapport avec l'autre. Ce genre d'affirmation est contraire à l'enseignement des Écritures.
De plus, si tous les gens pécheurs devaient souffrir à cause de leurs fautes, Éliphaz aussi serait dans un état de douleur permanente couvert d'ulcères purulents. Ce premier discours commence bien mal; c'est sûr qu'avec des amis pareils, Job n'a aucun besoin d'ennemis, car il est déjà amplement pourvu. Il aurait pu servir d'exemple à La Fontaine, lorsqu'il a écrit la fable L'Ours et l'amateur de jardin , dont la moralité est: Rien n'est si dangereux qu'un ignorant ami; mieux vaudrait un sage ennemi.
Chapitre 5
Verset 1
Nous voici arrivés au chapitre 5 qui continue le discours d'Éliphaz. Je commence à lire.
Maintenant donc, appelle, pour voir si quelqu'un te répond. À quel saint personnage t'adresseras-tu? (Job 5.1).
Vers qui se tourner lorsqu'on est dans la détresse? Un ange, un homme de Dieu? Assurément non ! Cette très bonne question d'Éliphaz pointe vers une vérité fondamentale des Écritures: l'homme sur terre a besoin d'un médiateur pour accéder au Dieu du ciel.
Versets 2-5
Je continue.
Car c'est l'emportement qui tue un insensé, c'est la colère qui fait périr le sot. Sans doute, j'ai vu l'insensé étendre ses racines, mais j'ai soudain maudit son lieu d'habitation: «Que ses fils soient privés de tout soutien, écrasés en justice, sans personne pour les sauver. Ce qu'il a moissonné, qu'un affamé le mange et vienne l'enlever jusque dans les épines; oui, que des gens avides engouffrent sa fortune !» (Job 5.2-5).
Éliphaz établit un parallèle méchant entre Job et l'insensé, celui qui ne tient pas compte de Dieu. Il ne montre aucune compassion envers celui dont il est soi-disant l'ami. Job a été prospère pendant un temps et soudainement son monde s'est écroulé. Donc, son cas est conforme à celui du méchant. Éliphaz est particulièrement cruel en portant ainsi le fer dans la plaie du pauvre Job. Il raisonne toujours de manière aussi simpliste.
Dans plusieurs passages de l'Ancien Testament, on voit souvent que le méchant prospère bien qu'il se moque pas mal de Dieu. Cet état de choses a été l'objet de l'un des psaumes du roi David. Je lis un extrait:
J'ai vu le méchant, dans sa violence, croître comme un cèdre vert et florissant. Mais il a passé: voici qu'il n'est plus. J'ai beau le chercher, il est introuvable (Psaumes 37.35-36).
Quand un tyran sanguinaire est à la tête d'un pays, on a du mal à comprendre pourquoi Dieu n'intervient pas pour l'éliminer. Souvent, les années passent et le despote se porte toujours comme un charme. Ce fut le cas d'Hitler, de Mussolini, de Staline, de Pol Pot et d'innombrables autres encore plus ou moins bien connus. De toute façon, d'après l'enseignement des Écritures, la rétribution définitive n'est pas forcément dans cette vie, mais toujours dans l'éternité. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle, concernant Judas, Jésus a dit:
Certes, le Fils de l'homme s'en va conformément à ce que les Écritures annoncent à son sujet. Mais malheur à celui qui le trahit ! Il aurait mieux valu, pour lui, n'être jamais né (Matthieu 26.24).
Versets 6-7
Je continue le texte.
Le malheur, en effet, ne sort pas de la terre et la misère ne germe pas du sol, car l'homme naît pour la souffrance comme les fils de Récheph s'élèvent pour voler (Job 5.6-7).
Dans la mythologie cananéenne, Récheph était la divinité de la foudre et de la destruction. Il est représenté par le dieu Typhon chez les Grecs. Récheph signifie le feu, l'éclair, ou la peste. Les fils de Récheph sont généralement traduits par les étincelles. Éliphaz dit donc: l'homme naît pour la souffrance comme les étincelles s'élèvent pour voler. Sa déclaration fataliste n'est pas conforme à l'enseignement des Textes Sacrés dans le sens que l'homme n'a pas été créé dans le but spécifique de souffrir, ce qu'il semble pourtant dire. Cependant, si on modifie légèrement son équation dogmatique pour dire: l'homme souffre comme les étincelles volent, alors il n'est pas besoin de mettre cette affirmation dans un tube à essai pour savoir que l'homme éprouve effectivement bien des épreuves tout au long de sa vie et qu'elles viendront aussi sûrement que les étincelles volent en l'air. Un des mots hébreux pour homme est enôsh , qui signifie faible, mortel; c'est tout dire.
Le nombre de catastrophes qui peut me frapper est presque infini. Je peux être confronté à l'une des centaines de maladies qui existent, me retrouver face à une calamité quelconque personnelle ou familiale dont la liste est elle aussi sans fin. Il n'y a qu'à lire le journal ou écouter la télé pour constater qu'à chaque instant un très grand nombre de gens doivent faire face à un drame. Bien que différents les uns des autres de mille et une manières, les êtres humains appartiennent tous à la même race déchue. Tous auront des tribulations, des problèmes dans leur vie et mourront. Les larmes sont un langage universel. D'ailleurs, le mot sympathie veut dire souffrir ensemble. La symphonie humaine est une souffrance commune . Les raisons de nos ennuis sont multiples. Ils peuvent provenir de nos propres fautes, de nos erreurs ou de celles des autres. Souffrir peut aussi être un choix noble comme celui qu'a fait Moïse. Je cite le passage:
Par la foi, Moïse a choisi de prendre part aux souffrances du peuple de Dieu plutôt que de jouir momentanément d'une vie dans le péché (Hébreux 11.25).
Souvent, pour le chrétien comme le non-croyant, les problèmes ont pour but de nous humilier, et pour celui qui accepte de courber l'échine devant Dieu, les épreuves sont alors bénéfiques, ce que reconnaîtra Job lui-même. Je le cite:
Dieu sait bien quelle voie j'ai suivie. Qu'il me passe au creuset, j'en sortirai pur comme l'or (Job 23.10).
On a coutume de dire qu'il n'y a que deux choses de certaines en cette vie: les impôts et la mort. Nous pourrions rajouter les ennuis de toutes sortes; c'est une loi universelle comme les étincelles qui volent en l'air . Ce n'est pas par hasard qu'elles se comportent de la sorte. Selon un des principes de la thermodynamique, à cause de leur chaleur, les poussières incandescentes sont propulsées en hauteur jusqu'à ce qu'elles soient refroidies par la température ambiante. Ensuite, plus lourdes que l'air elles sont soumises à la loi de la pesanteur et retombent.
La souffrance humaine est une conséquence de la rébellion de nos premiers parents Adam et Ève contre Dieu. Depuis toujours, l'homme recherche le bonheur, mais en vain. Tous les dirigeants de ce monde de misère disent vouloir faire cesser les guerres, mais ils en sont totalement incapables; qu'un foyer de conflit s'éteigne, un autre s'allume. C'est la même chose au niveau individuel ou familial. Des calamités de tous ordres frappent les êtres humains et même le juste souffre. Ce n'est que lors du Millénium, lorsque Jésus-Christ le Prince de la Paix régnera que tout rentrera dans l'ordre, que la tranquillité et la prospérité s'étendront à tous les peuples de la terre comme l'eau emplit les océans.
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