Radio Chrétienne
Un programme pour étudier toute la Bible en quatre ans
Chapitre 16
Introduction
Depuis toujours, l'humanité a été confrontée au problème du mal qui demeure un vrai casse-tête chinois pour les philosophes et un mystère pour les théologiens. Ce qui est sûr est qu'on ne peut l'ignorer. En conséquence, les hommes ont essayé de donner un sens aux événements tragiques de leur vie. Pendant plusieurs millénaires, on croyait que le monde fonctionnait selon la logique de la rétribution immédiate: le méchant était puni et celui qui faisait le bien récompensé.
À partir du Moyen-Âge, on a davantage fait porter la responsabilité du mal à Satan qui devint omniprésent et une explication facile jusqu'à ce qu'on réfléchisse aux implications. Ces deux points de vue se côtoient toujours dans la quasi-totalité des systèmes religieux.
Au 20e siècle, notre civilisation décadente a donné naissance à la psychologie moderne qui déclare l'homme foncièrement bon et réduit le mal commis par les scélérats à un simple manque de connaissances. Il suffit donc de leur dire comment ils doivent se comporter et tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes; c'est ce qui était prévu. Il va donc de soi que nous sommes entrés dans un nouvel Éden vu que nous vivons dans un univers où l'information circule constamment. À vous de juger.
Pendant que je discute, le pauvre Job est assis aux premières loges pour étudier le problème du mal depuis que des vagues de malheurs ont déferlé sur lui. Ses amis venus le réconforter ne trouvent rien d'autre à dire que de l'accuser d'être lui-même responsable de ses maux. Alors bien sûr, leurs discours ont fait réagir le pauvre Job qui n'a pas l'intention de se laisser faire. Ses trois faux-amis veulent absolument avoir raison; ils se sont donc engagés contre lui dans un bras de fer verbal afin d'imposer leur point de vue.
La lutte est sans merci et les empoignades de mots féroces, mais ces affrontements qui n'auraient jamais dû avoir lieu se terminent toujours par un match nul. Job a été surpris par le deuxième assaut d'Éliphaz qui n'a fait qu'envenimer les choses en disant plus de la même chose, alors il riposte.
Versets 1-5
Je commence à lire le chapitre 16 du livre de Job.
Alors Job répondit: J'ai entendu beaucoup de discours de ce genre, vous êtes tous de bien piètres consolateurs ! Quand donc cesserez-vous de parler pour du vent? Qu'est-ce qui vous incite à répliquer encore? Si vous étiez vous-mêmes à la place où je suis, je pourrais parler comme vous, tenir contre vous des discours, et, à votre sujet, hocher la tête. Je vous fortifierais avec de belles phrases, je vous soulagerais en remuant mes lèvres (Job 16.1-5).
Ces consolateurs de malheur ont ajouté à la détresse du pauvre Job qui se défend tout en montant le ton. Si ses amis ont réellement quelque chose à lui reprocher, on pouvait s'attendre à ce qu'ils le fassent non pas en le sermonnant et en débattant ses idées, mais avec un esprit de douceur. C'est le conseil que l'apôtre Paul a donné aux chrétiens. Je le cite:
Frères, si quelqu'un s'est laissé surprendre par quelque faute, vous qui vous laissez conduire par l'Esprit, ramenez-le dans le droit chemin avec un esprit de douceur. Et toi qui interviens, fais attention de ne pas te laisser toi-même tenter (Galates 6.1).
Désapprouver avec douceur est aussi ce que Jésus a voulu communiquer à ses disciples lorsqu'il leur a lavé les pieds. En effet, celui qui accomplit un tel geste ne regarde pas la personne de haut, mais s'agenouille devant elle comme un esclave devant le maître.
Versets 6-8
Je continue le texte.
Cependant, si je parle, pour autant ma souffrance n'en est pas soulagée, et si je m'en abstiens, va-t-elle me quitter? Oui, à l'heure présente, Dieu m'a poussé à bout, oui, tu as ravagé toute ma maisonnée. Oui, tu m'as terrassé ! En guise de témoin, voilà ma maigreur qui m'accuse, elle dépose contre moi (Job 16.6-8).
Job en a marre d'argumenter contre ses amis. Alors, il se tourne à nouveau vers Dieu pour parler de ses souffrances physiques et morales qui ne trouvent aucun apaisement ni dans les paroles ni dans le silence. Il a perdu ses 10 enfants, ses serviteurs, toutes ses possessions et la santé. Dans la logique des gens de son époque qui croyaient que le malheur était la conséquence d'une faute, l'état lamentable de Job témoigne qu'il est coupable.
Versets 9-14
Je continue.
Dans sa colère, Dieu me déchire et il s'attaque à moi, il grince des dents contre moi. Mon adversaire me transperce de ses regards. Ils ouvrent contre moi leur bouche toute grande. Leurs outrages me giflent, ils se liguent tous contre moi. Dieu m'a livré au pouvoir des injustes, il m'a jeté en proie à des méchants. Je vivais en repos, et il m'a secoué, il m'a pris par la nuque, et il m'a écrasé. Il m'a pris comme cible, ses flèches m'environnent, il transperce mes reins, sans aucune pitié ma bile coule à terre. Il m'inflige blessure après blessure. Il s'est rué sur moi comme un guerrier (Job 16.9-14).
Job compare l'Éternel à une bête sauvage qui s'est soudainement jetée sur lui sans raison et alors qu'il ne s'y attendait pas le moins du monde puisqu'il menait une vie bien droite. Il le voit aussi comme un archer qui le prendrait pour cible et pareil à un guerrier qui cherche à le tuer. Encore une fois, Job va très loin dans ses propos et se trompe en attribuant à Dieu toute cette hostilité, mais il ne voit pas d'autre explication à son drame.
Versets 15-17
Je continue.
J'ai cousu sur ma peau une toile de sac, et j'ai traîné ma dignité dans la poussière. Mon visage est rougi à force de pleurer, et l'obscurité la plus noire s'étend sur mes paupières. Et pourtant, la violence n'a pas souillé mes mains et ma prière est sans hypocrisie (Job 16.15-17).
Job porte constamment le deuil qui est un moyen d'exprimer sa profonde détresse. Il affirme encore une fois n'avoir fait sciemment de mal à personne et s'être comporté avec droiture vis-à-vis de Dieu. C'est d'ailleurs vrai puisque l'Éternel lui-même l'affirme dans le prologue du livre. Job a bien reconnu qu'il avait des fautes à son actif, mais aucune qui justifie le traitement qu'il subit. Cela me fait penser à un passage du Nouveau Testament qui nous concerne tous et qui dit:
Si nous prétendons n'être coupable d'aucun péché, nous vivons dans l'illusion, et la vérité n'habite pas en nous. Si nous reconnaissons nos péchés, Dieu est fidèle et juste et, par conséquent, il nous pardonnera nos péchés et nous purifiera de tout le mal que nous avons commis. Si nous prétendons ne pas être pécheur, nous faisons de Dieu un menteur et sa Parole n'est pas en nous (1Jean 1.8-10).
Verset 18
Je continue le texte.
Ne couvre pas mon sang, ô terre, et que mon cri ne soit pas étouffé (Job 16.18).
Comme Job se sait innocent de crimes cachés et qu'il ne mérite donc pas ce qui lui arrive, il considère que sa mort imminente est un assassinat. C'est pour cela qu'il demande à ce que son histoire ne finisse pas en dernière page dans les faits divers qui n'intéressent personne, mais que justice lui soit faite.
Verset 19
Je continue.
Dès à présent: j'ai un avocat au ciel, oui j'ai dans les lieux élevés un médiateur, quelqu'un qui va me défendre (Job 16.19).
Dans un sursaut de foi, Job exprime sa conviction que quelqu'un là-haut dans les cieux va témoigner en sa faveur. Il ne peut s'agir que de Dieu, car lui seul possède l'autorité nécessaire à ce rôle. Or Job l'a accusé à plusieurs reprises d'être son bourreau. Ce qu'il dit là et qu'il va même répéter défie donc toute logique. Cette contradiction apparente se résout à la croix et l'affirmation comme quoi Dieu va témoigner en faveur de Job est une parole prophétique. Il annonce d'avance que le Fils de Dieu subira la condamnation méritée par toute la race humaine. Dieu le Père ayant accepté ce sacrifice, tous ceux qui placent leur foi en Christ sont déchargés des accusations portées contre eux. Je cite un passage:
Si quelqu'un commet une faute, nous avons un Défenseur auprès du Père: Jésus-Christ le juste. Car il a apaisé la colère de Dieu contre nous en s'offrant pour nos péchés (1Jean 2.1-2).
Depuis l'événement de la croix, Jésus est devenu l'intermédiaire entre Dieu et les hommes. Je cite un autre passage:
Il y a un seul Dieu et aussi un seul médiateur entre Dieu et les hommes, un homme: Jésus-Christ (1Timothée 2.5)
Versets 20-21
Je continue la complainte de Job.
Mes amis se moquent de moi: les yeux baignés de larmes, je me tourne vers Dieu. Qu'il intercède entre l'homme et Dieu, comme un être humain défend son semblable (Job 16.20-21).
Job insiste et signe; il croit et prophétise à nouveau qu'entre lui et Dieu va s'interposer un arbitre: le Dieu médiateur Jésus-Christ, comme je viens de le dire. En attendant, Job est un objet de raillerie pour ses amis qui sont en fait devenus ses ennemis. Job n'a qu'un seul recours, celui de se tourner vers le Tout-Puissant. On le perçoit écartelé entre ses deux visions contradictoires de la divinité. D'une part, il doute de la justice et de la bonté de Dieu, qu'il dit le persécuter; mais d'autre part, il s'accroche quand même à lui, croyant contre vents et marées à l'impossible, c'est-à-dire qu'il lui fera éventuellement justice.
Ce dualisme intérieur doit lui arracher les tripes ou ce qu'il en reste. Si Job avait su qu'il était une leçon de choses pour toutes les créatures de tous les temps aussi bien célestes qu'humaines, il aurait pu supporter cette terrible épreuve, mais les résultats auraient alors été faussés.
Verset 22
Je finis ce chapitre.
Ma vie touche à sa fin et je m'en vais par le chemin d'où l'on ne revient pas (Job 16.22).
Chapitre 17
Versets 1-2
Et je commence le suivant qui continue la complainte de Job.
Ah ! Mon souffle s'épuise, mes jours s'éteignent: le sépulcre m'attend. Je suis entouré de moqueurs. Par leurs tracasseries, ils tiennent mes yeux en éveil (Job 17.1-2).
Job vient d'affirmer sa foi, mais cet espoir lointain est contredit par son état de moribond avec déjà un pied dans la tombe. Le tableau est effectivement déprimant: il est à l'agonie et sait que sa fin est proche, et ses amis qui auraient dû lui montrer de la miséricorde l'ont enfoncé davantage.
Verset 3
Je continue.
Porte-toi donc toi-même garant auprès de toi car, en dehors de toi, qui frapperait dans ma main? (Job 17.3).
À cette époque, deux personnes ratifiaient leur entente en se frappant les mains. Job s'adresse à Dieu qu'il conçoit de deux manières diamétralement opposées. Il l'a déclaré son adversaire à plusieurs reprises, mais sait très bien que personne d'autre que lui ne peut se porter garant de son innocence et défendre sa cause contre ses amis.
Verset 4
Je continue.
Car tu as fermé leur esprit à la raison; c'est pourquoi tu ne peux les laisser l'emporter (Job 17.4).
Les amis de Job se sont montrés incompétents et incompréhensifs au plus haut degré. Non seulement, il n'a rien à espérer d'eux, mais ils lui ont fait du mal en prenant résolument parti contre lui en soi-disant défendant l'honneur de Dieu. En réalité, ils sont fourbes parce que sous leur attitude pieuse ils espèrent bien être bénis en retour. Job est furieux et demande à Dieu que ses faux amis n'aient pas le dernier mot, qu'ils ne puissent pas emporter leur mauvaise conduite au paradis, si je peux m'exprimer ainsi, et qu'ils soient jugés. L'épilogue rapporte la réponse à cette prière, mais d'une façon inattendue.
Verset 5
Je continue.
«Celui qui livre ses amis pour une récompense condamne ses enfants à perdre la vue» (Job 17.5).
Job dit à ses amis de malheur que parce qu'ils l'ont trahi, leurs propres enfants en pâtiront. Il cite un proverbe qui avait cours ou qu'il a lui-même conçu pour l'occasion. À cette époque comme encore aujourd'hui en bien des points du globe, les gens investissent tout ce qu'ils ont dans leurs enfants qui sont en fait leur seule et unique sécurité. En conséquence, le pire des jugements était celui qui tombe non sur les adultes, mais sur la jeune génération.
La véritable perte subie par Job n'a pas été ses possessions, mais ses dix enfants. Après ce malheur, il n'avait absolument plus rien. Cette tragédie a été ensuite éclipsée par sa maladie parce qu'elle est en phase terminale et doit normalement l'envoyer dans la tombe.
Versets 6-7
Je continue.
Oui, Dieu a fait de moi celui dont tous se moquent; on me crache au visage. À force de chagrin, mes yeux se sont ternis, mon corps n'est plus qu'une ombre (Job 17.6-7).
Après avoir montré les dents, Job change soudainement de registre et de ton; il passe à nouveau au mode du désespoir. Il oscille sans arrêt. De temps en temps, ce pauvre homme possède une petite lueur d'espoir que le peu de foi qui lui reste en Dieu lui donne, mais le plus souvent il est désespéré à cause de la dure réalité de sa condition physique et morale. Il faut dire que sa déclaration est des plus choquantes. Non seulement il a subi tous les malheurs possibles, mais il est en plus persécuté déjà par ses amis, mais aussi par les citadins qui viennent à la décharge publique pour y jeter leurs détritus.
Ceux-ci, le voyant dans cet état lamentable, font des calembours sur son dos et lui crachent dessus, ce qui à cette époque était la pire des insultes. Ils agissaient sans doute ainsi parce qu'ils considéraient Job comme un criminel, mais ce n'est pas une excuse. On le traitait un peu comme ces parias qui traînent dans les bidonvilles indiens, qui sont démunis de tout et souvent en fort mauvaise santé. Comme la religion hindoue prône la réincarnation, les classes favorisées pensent que ces rebuts de la société ne font qu'expier le mal qu'ils ont commis dans une vie antérieure et qu'ils reçoivent ce qu'ils méritent en somme.
Versets 8-9
Je continue.
Les hommes droits sont indignés par la façon dont on me traite, et l'innocent s'élève contre ce que fait le méchant. Le juste, malgré tout, persiste dans sa voie; l'homme aux mains pures redouble d'énergie (Job 17.8-9).
Heureusement, tout le monde ne le croit pas coupable d'un crime et les personnes justes de la ville s'offusquent de la façon dont il est traité. C'est un coup de patte à peine déguisé contre ses faux-amis. Quoi qu'il en soit, Job clame une fois de plus son innocence qu'il défend bec et ongle. Ça me fait penser à un proverbe de l'Ancien Testament qui dit:
Les méchants prennent la fuite sans que personne ne les poursuive. Le juste est confiant comme un jeune lion (Proverbes 28.1).
C'est dans son intégrité que Job puise les forces dont il a besoin pour se défendre et persévérer jusqu'à ce que son innocence soit reconnue et qu'il obtienne justice.
Verset 10
Je continue.
Mais, pour vous tous, allons, recommencez ! De toute façon je ne trouverai pas un sage parmi vous (Job 17.10).
Job use de sarcasme encourageant ses faux-amis d'essayer encore et toujours de trouver quelque grosse faute dans sa vie qui expliquerait ses malheurs puisque de toute façon ils n'ont rien d'autre à proposer.
Versets 11-14
Je continue.
Mes jours sont écoulés, mes projets sont anéantis, les désirs de mon coeur ont avorté. Ils disent que la nuit va faire place au jour, que la lumière est proche, alors que les ténèbres règnent. Mais que puis-je espérer? C'est le séjour des morts que j'attends pour demeure, dans la région des ténèbres, je dresserai ma couche. J'ai crié au sépulcre: «C'est toi qui es mon père !» J'ai dit à la vermine: «Vous, ma mère et mes soeurs !» (Job 17.11-14).
Job a déjà critiqué ses faux amis pour leurs propos âpres et incisifs. Maintenant, il leur reproche la désinvolture avec laquelle ils lui garantissent que sa nuit va s'éclaircir, car ils ne prennent pas en considération sa profonde détresse et le fait qu'il est moribond avec déjà un pied dans la tombe. Alors et une fois encore, Job exprime son désespoir en soupirant après la mort qu'il voit comme sa seule délivrance.
Versets 15-16
Je finis ce chapitre.
Où donc est mon espoir? Mon espérance, qui l'aperçoit? Elle va descendre derrière les portes dans le séjour des morts quand nous irons ensemble dormir dans la poussière (Job 17.15-16).
C'est la quatrième fois que Job affirme qu'il n'a aucune espérance de recouvrer la santé. Dans la littérature mésopotamienne qui traite de l'au-delà, on appelait la tombe, le pays sans retour, et il est écrit qu'il fallait franchir 7 portes pour entrer dans le séjour des morts. C'est ainsi que se termine cette deuxième réponse de Job au discours virulent d'Éliphaz. Il a fait des reproches acerbes d'une part à ses amis qu'il a traités de piètres consolateurs aux discours creux et à l'attitude méprisante, et d'autre part au Tout-Puissant qu'il accuse d'être un tyran.
Il apparaît nettement que Job a deux conceptions contradictoires de Dieu: la première est qu'il est juste; c'est ce que Job croyait avant que presque littéralement le ciel ne lui tombe sur la tête. Sa deuxième et nouvelle vision d'un Dieu injuste lui permet d'expliquer tous les malheurs qui l'ont frappé sans raison apparente. Comme ces deux perspectives s'entrechoquent dans sa tête, Job est constamment tiraillé, ce qui a fait qu'envers et contre tout, il a quand même manifesté une lueur d'espérance en un mystérieux témoin céleste qui comme je l'ai dit est Jésus-Christ.
C'est ce qui explique que Dieu le Fils est l'intermédiaire entre Dieu le Père et Job; la deuxième personne de la Trinité est le médiateur entre Dieu et l'homme. Je ne sais pas pour vous, mais en ce qui me concerne, je compte bien sur Jésus pour me représenter à la barre céleste.
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