Radio Chrétienne
Un programme pour étudier toute la Bible en quatre ans
Chapitre 20
Introduction
Depuis toujours, c'est l'amour, qu'il soit tendre, romantique ou passionnel, qui fait couler le plus d'encre et vendre la plupart des morceaux de musique. C'est aussi le sujet ou tout au moins un des thèmes de la majorité des films qui ont été tournés depuis que l'industrie cinématographique existe. C'est dire son importance sur l'échelle des valeurs humaines. Mais tout le monde n'a pas la chance de connaître l'amour. Par contre, je me hasarderai à dire que la quasi-totalité des êtres humains connaît l'amitié. Même Jésus s'était lié d'amitié avec deux soeurs Marthe et Marie et leur frère Lazare. Il a aussi appelé ses disciples, ses amis.
Lorsque quelqu'un doit faire face à un coup dur et s'il n'a pas de famille proche sur laquelle compter, il est heureux s'il a un être cher, car pour porter un lourd fardeau, deux épaules valent bien mieux qu'une. Quand Job a assisté impuissant à l'effondrement complet de son monde, 4 hommes sont venus pour le consoler, soi-disant. Mais les dialogues ont rapidement pris une très mauvaise tournure; trois des compagnons se sont mis l'un après l'autre à condamner leur ami au moment où il avait le plus besoin qu'on l'écoute.
Tsophar, le troisième compagnon va livrer son second discours qui sera le plus virulent jusqu'ici. Il est furieux comme un taureau dans l'arène; il voit rouge et va inventer toutes sortes de méchancetés dont il va accuser Job. Légaliste dans l'âme et jusqu'au bout des ongles, Tsophar considère que l'univers et tout ce qu'y s'y passe en bien ou en mal est régi par la loi et les mêmes causes produisent les mêmes effets; c'est comme ça et honnis soit qui mal y dise. Il n'a pas le moindre concept de la grâce, miséricorde et compassion de Dieu. Lors du premier round, il n'avait pas été tendre avec Job, mais maintenant il va dépasser les limites de la bienséance pour se montrer franchement infecte et foncièrement cruel avec Job, qu'il va décrire comme étant quelqu'un de très injuste.
Versets 1-3
Je commence à lire le chapitre 20.
Tsophar de Naama répliqua: À présent, mes pensées me pressent de répondre, et mon agitation ne peut se contenir. J'entends des remontrances qui me sont une injure. Mais ma raison m'inspire la réplique (Job 20.1-3).
Quel piètre consolateur que ce Tsophar ! Il se sent personnellement outragé par le refus de Job de reconnaître une hypothétique culpabilité. Ce n'est pas la modestie qui l'étouffe; on dirait un candidat en campagne politique pour une élection. Alors, il part à l'assaut de son adversaire qu'il va tenter d'écraser de sa supériorité.
Versets 4-5
Je continue.
Ne le sais-tu donc pas: depuis toujours, depuis que l'homme a été placé sur la terre, le triomphe des gens méchants est de courte durée, la joie de l'infidèle ne dure qu'un instant (Job 20.4-5).
C'est la voix de l'expérience qui parle; voici un fait établi depuis toujours, sans cesse vérifié par le cours de l'histoire et que tout le monde sait. Son discours est le même que celui des deux autres compagnons, c'est-à-dire: le bonheur des méchants est de courte durée parce que la colère divine ne tarde pas à les atteindre. Quelle grosse exagération ! Il présente comme règle absolue un principe qui n'est qu'en partie vrai, car comme chacun sait, la Justice n'est pas vraiment de ce monde.
Versets 6-11
Je continue.
Et quand bien même il s'élèverait jusqu'au ciel, quand de la tête il toucherait les nues, il périra à tout jamais telle une ordure. Ceux qui le connaissaient diront: «Où donc est-il?» Comme un songe, il s'évanouit, on ne le trouve plus. Comme un rêve nocturne, il se dissipe. L'oeil qui le contemplait ne pourra plus le voir, l'endroit qu'il habitait ne l'apercevra plus. Ses fils imploreront ceux qu'il a appauvris et, de ses propres mains, il restituera sa fortune. Ses os étaient remplis d'une ardeur juvénile qui se couchera avec lui dans la poussière (Job 20.6-11).
Notre pauvre planète a porté un nombre incommensurable de despotes de tous poils et il y en a encore pas mal qui aujourd'hui tiennent les commandes de leurs fiefs. Mais concernant ceux dont le règne a pris fin, les nouvelles générations ne demandent même pas: Où est-il? Mais bien plutôt: Qui est-il?
Plus le temps passe et plus s'éloigne le souvenir des despotes les plus vicieux, même ceux qui en leur temps passaient pour le diable incarné. Aujourd'hui, ils ont disparu en laissant quelques marques noires dans les livres d'histoire. Tsophar suggère de façon à peine voilée que Job était corrompu et qu'il avait acquis ses richesses de manière très immorale sur le dos des pauvres gens.
Versets 12-16
Je continue.
Si la méchanceté est si douce à sa bouche, et s'il l'abrite sous sa langue, s'il la savoure sans jamais la lâcher, s'il la retient encore sous son palais, cet aliment se corrompra en ses entrailles et deviendra en lui comme un venin d'aspic. Il a beau engloutir une immense fortune, il devra la vomir: Dieu la lui fera rendre. Il a sucé un venin de serpent, il sera mis à mort par la langue de la vipère (Job 20.12-16).
Tsophar compare la méchanceté de Job à une friandise qu'on garde longuement en bouche, mais qui finit par empoisonner tout le corps. En réalité, c'est lui, cet ami de malheur, qui crache un venin mortel sur le pauvre Job.
Versets 17-19
Je continue.
Non, il ne verra plus couler à flots des fleuves, des torrents de miel et de laitage; il devra rendre le fruit de son labeur, et il n'en profitera pas. Tout ce qu'il s'est acquis par ses affaires, il n'en jouira pas. Puisqu'il a écrasé, abandonné les pauvres, et pillé des maisons qu'il n'avait pas bâties (Job 20.17-19).
L'exploitation des pauvres est la marque la plus flagrante des gens infâmes. Plus tard, Job se déclarera d'accord avec Tsophar sur ce point. Cette pratique ignoble de passer la herse sur le dos de ceux qui n'ont quasiment rien et de s'engraisser à leurs dépens est une pratique fort répandue en ce bas monde, et dans certains endroits que je ne citerai pas, un sport quasi national. Indirectement, mais franchement quand même, Tsophar accuse Job de ce genre de cupidité, de s'être enrichi injustement, ce qui aurait entraîné son châtiment par Dieu et expliquerait sa détresse actuelle.
Versets 20-23
Je continue.
Puisque son appétit s'est montré insatiable, il ne sauvera pas ce qu'il a de plus cher. Personne n'échappait à sa voracité, c'est pourquoi son bonheur ne subsistera pas. Au sein de l'abondance, la détresse le frappera. Tous les coups du malheur viendront fondre sur lui. Quand il sera en train de se remplir le ventre, Dieu enverra sur lui l'ardeur de sa colère, elle pleuvra sur lui, ce sera son repas (Job 20.20-23).
Cette diatribe de Tsophar est vicieuse, car il fait une description de ce qui est arrivé au pauvre Job qu'il accuse, sans la moindre preuve, d'avoir été un tyran qui profitait cruellement des pauvres.
Versets 24-27
Je continue.
S'il échappe aux armes de fer, un arc de bronze viendra le transpercer; s'il arrache la flèche et la sort de son corps, s'il retire la pointe qui a percé son foie, les terreurs l'atteindront. L'obscurité totale l'attend dans le secret, un feu que nul n'attise dévorera ses biens, et consumera tout ce qui reste dans sa demeure. Le ciel dévoilera sa faute et, contre lui, la terre se dressera (Job 20.24-27).
Tsophar se souvient bien des propos de Job qui avait invoqué la terre et le ciel pour témoigner en sa faveur. Je rappelle le passage:
Ne couvre pas mon sang, ô terre, et que mon cri ne soit pas étouffé. Dès à présent: j'ai un témoin au ciel, oui j'ai dans les lieux élevés, quelqu'un qui témoigne pour moi (Job 16.18-19).
Tsophar inverse les paroles, affirmant que la terre et le ciel témoigneront non pas pour, mais contre Job. Je me demande bien où ce pauvre homme est allé chercher des amis pareils !
Versets 28-29
Je finis ce chapitre.
Au jour de la Colère, tous les biens qu'il a amassés dans sa maison seront balayés, emportés. Tel est le sort que Dieu destine à ceux qui font le mal, voilà ce qu'il récoltera. C'est ce que Dieu a résolu pour lui (Job 20.28-29).
Job a perdu d'un coup d'un seul toutes ses possessions. Selon Tsophar, cette calamité est la preuve irréfutable qu'il est un homme inique. Comme il ne voit pas plus loin que son nez, il ne lui est jamais venu à l'esprit que les souffrances pouvaient avoir une autre origine que des fautes graves.
Chapitre 21
Versets 1-3
Dans sa réplique, Job va se défendre avec beaucoup de vigueur contre les propos insultants de Tsophar. Je commence à lire le chapitre 21.
Job répondit: Écoutez, je vous prie, écoutez ce que je vous dis, accordez-moi du moins cette consolation. Supportez que je parle et, quand j'aurai parlé, vous pourrez vous moquer (Job 21.1-3).
Ces trois amis sont totalement incapables d'aider Job par leurs paroles, ce qu'il leur a déjà fait remarquer quand il a dit:
J'ai entendu beaucoup de discours de ce genre, vous êtes tous de bien piètres consolateurs ! Quand donc cesserez-vous de parler pour du vent? (Job 16.2-3).
Encore une fois, Job leur demande seulement de l'écouter. Ce rappel est important parce que ceux qui souffrent ont avant tout besoin d'une oreille compatissante et non pas de lèvres accusatrices. Ça tombe sous le bon sens. Dans le deuxième tome de sa trilogie Les palombes ne passeront plus, le romancier Claude Michelet fait dire à Léon:
Les paroles, ça n'a jamais consolé personne, mais la présence, oui.
Versets 4-6
Je continue le texte.
Est-ce contre des hommes que se porte ma plainte? Comment ne pas perdre patience ! Retournez-vous vers moi, vous serez stupéfaits; et mettez la main sur la bouche. Moi-même quand j'y songe, j'en suis épouvanté, et un frisson d'horreur s'empare de mon corps (Job 21.4-6).
Regardez dans quel état je suis, dit Job; je me fais peur à moi-même, alors taisez-vous et écoutez-moi. C'est à Dieu que je me plains, pourquoi n'aurais-je pas le droit de me montrer impatient avec lui? Job désire seulement que ses amis l'écoutent comme ils l'ont fait la première semaine de leur venue lorsqu'ils sont restés épouvantés et bouche cousue ne sachant que dire face à ses souffrances.
Versets 7-16
Je continue.
Pourquoi les gens qui font le mal demeurent-ils en vie? Pourquoi vieillissent-ils, en reprenant des forces? Leur descendance s'affermit à leurs côtés, et leurs petits-enfants prospèrent sous leurs yeux. Leurs maisons sont paisibles, à l'abri de la crainte, et le bâton de Dieu ne vient pas les frapper. Leurs taureaux sont toujours vigoureux et féconds, leurs vaches mettent bas sans jamais avorter. Ils laissent courir leurs enfants comme un troupeau d'agneaux, et leurs fils vont s'ébattre. Au rythme des cymbales et de la lyre, ils chantent, ils se réjouissent en jouant de la flûte. Ainsi leurs jours s'écoulent dans le bonheur et c'est en un instant qu'ils rejoignent la tombe. Or, ils disaient à Dieu: «Retire-toi de nous, nous n'avons nulle envie de connaître la vie que tu voudrais que nous menions. Qu'est donc le Tout-Puissant pour que nous le servions? Qu'y a-t-il à gagner à lui adresser des prières?» Quoi donc ! ne sont-ils pas en possession du bonheur? Mais loin de moi l'idée de suivre le conseil des méchants ! (Job 21.7-16).
Job passe maintenant en revue la prospérité du méchant. Il peint un tableau idyllique de leur situation sans pour autant être tenté par leur style de vie parce qu'on sait qu'au fond de lui-même, Job est un homme juste. Il prend le contre-pied des discours de ses amis et surtout de Tsophar le dernier à avoir parlé. Il met à nu la faille de l'argumentation de ses trois compagnons: les hommes iniques ne récoltent pas toujours le fruit de leurs méfaits; souvent même, ils prospèrent et leur famille en profite.
Loin d'être fauchés à la fleur de l'âge, ils vivent très vieux et quand sonne l'heure de la mort, ils partent soudainement et paisiblement sans endurer de longues maladies et une agonie pénible. Et pourtant, ils n'ont jamais eu le moindre égard pour Dieu. Les premiers grands capitalistes étaient des arrivistes sans scrupules voire des crapules de grande envergure. Leurs héritiers sont devenus de grandes multinationales qui se partagent les richesses de la planète.
Versets 17-18
Je continue.
Voit-on souvent s'éteindre la lampe des méchants, ou bien la ruine fondre sur eux? Dieu leur assigne-t-il leur part de sa colère? Quand sont-ils pourchassés comme une paille au vent ou comme un brin de chaume qu'emporte la tempête? (Job 21.17-18).
Job demande à ses amis combien de fois les règles qu'ils lui ont rabâchées se vérifient dans la vie de tous les jours. Il admet que les méchants sont parfois punis par Dieu sur terre, mais il rejette le principe de la rétribution systématique et immédiate prônée par ses trois amis; ce qu'ils avancent n'est pas conforme à la réalité. Les méchants qui bafouent toute justice et qui prospèrent sont comme une épine dans le pied. Dans l'Ancien Testament, le roi Salomon a écrit:
Dans ma vaine existence, j'ai tout vu: un juste qui périt à cause de sa justice, un méchant qui prolonge ses jours par sa perversité. Tout est pareil pour tous: un même sort atteint le juste et le méchant, celui qui est bon et pur, et celui qui est impur, celui qui offre des sacrifices et celui qui n'en offre pas. Celui qui est bon est traité comme celui qui fait le mal, et celui qui prête serment comme celui qui n'ose pas le faire (Ecclésiaste 7.15; 9.2).
Versets 19-21
Je continue le texte.
Même si Dieu réservait aux enfants du méchant la peine qu'il mérite, ne devrait-il pas au contraire l'infliger au méchant lui-même pour qu'il en tire la leçon? Afin que de ses propres yeux il assiste à sa ruine et qu'il soit abreuvé de la fureur divine. Que lui importe donc le sort de sa maison quand il ne sera plus, quand le fil de ses mois aura été tranché? (Job 21.19-21).
S'il y avait vraiment une justice sur terre, le méchant récolterait ici-bas les fruits de ses méfaits. Car une fois le méchant mort, même si ses descendants étaient punis, ce qui n'est pas le cas, qu'est-ce que cela pourrait bien lui faire?
Verset 22
Je continue.
Pourrait-on enseigner quelque savoir à Dieu, à ce Dieu qui gouverne tous les êtres célestes? (Job 21.22).
Job contredit la façon de voir très étroite de ses amis concernant l'action divine. En effet, Dieu dans sa sagesse est imprévisible dans sa façon d'agir. Je cite un passage de l'Ancien Testament:
Car vos pensées ne sont pas mes pensées, et vos voies ne sont pas mes voies, déclare l'Éternel; autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes voies sont élevées au-dessus de vos voies, et autant mes pensées sont élevées au-dessus des vôtres (Ésaïe 55.8-9).
Versets 23-26
Je continue la démonstration de Job.
Un tel meurt plein de force, dans la sérénité, et en toute quiétude. Ses flancs sont pleins de graisse et ses os pleins de moelle. Tel autre va s'éteindre l'amertume dans l'âme, sans avoir goûté au bonheur. Et tous deux, ils se couchent dans la poussière et ils sont recouverts par la vermine (Job 21.23-26).
Les trois compagnons ont adopté la politique de l'autruche qui enterre sa tête dans le sable. Au lieu de regarder les choses en face, ils ont une perspective du monde rigide et colorée qui se rapproche du rose bonbon des contes de Walt Disney, genre Cendrillon ou Blanche Neige, dans lesquels le gentil est récompensé et le vilain est puni. Par contre, Job a une vision cohérente avec la réalité de ce bas monde où la plupart du temps l'injustice s'étale en plein jour comme l'écrit Salomon que j'ai cité. La santé ou la prospérité dont jouit quelqu'un n'est pas un critère d'évaluation de son caractère.
Versets 27-33
Je continue.
Oui, vos pensées, je les connais, les réflexions que vous vous faites à mon sujet. Vous me demanderez: «Où donc est maintenant la maison du tyran? Qu'est devenue la tente qu'habitaient les méchants?» Mais interrogez donc les passants du chemin, et ne contestez pas les preuves qu'ils apportent. Oui, le jour du désastre épargne le méchant, au jour de la colère, il est mis à l'abri. Qui osera lui reprocher en face sa conduite? Et qui lui paiera de retour tout le mal qu'il a fait? Il est porté en pompe au lieu de sépulture, on veille sur sa tombe. Les mottes du vallon qui recouvrent son corps lui sont légères. Tout un cortège a marché à sa suite, des gens sans nombre l'ont précédé (Job 21.27-33).
Job oppose les idées préconçues et la tradition des anciens de ses trois compagnons à la réalité des faits tels qu'on peut les observer et que vivent les passants du chemin. Il s'agit des caravaniers qui font du commerce, mais qui ne dédaignent pas non plus la rapine. Ces gens sont prospères, mais pas toujours par des moyens honnêtes et pourtant ils mènent une existence paisible sans être inquiétés le moins du monde par le jugement de Dieu. De plus, la fin de leur vie est caractérisée par un enterrement en très grande pompe et leur tombe est gardée afin que nul ne la profane, ce qui nuirait à leur renom. Là aussi, Salomon a écrit la même chose (Ecclésiaste 8.9-10).
Verset 34
Je finis ce chapitre.
Comment donc m'offrez-vous des consolations vaines? Car, vraiment ce qui reste de toutes vos réponses, ce n'est que fausseté (Job 21.34).
Job rappelle à ses amis qu'ils étaient venus pour le consoler. Mais ayant mis de côté leur objectif premier, ils cherchent seulement à faire prévaloir leur point de vue qui ne colle ni avec la réalité de la vie ni au cas de Job. Ce qu'on demande d'un ami, ce n'est pas qu'il vous raconte des balivernes, mais qu'il sympathise, qu'il vous écoute !
Copyright © 2001-2025 ( TTB - Thru the Bible, RTM - Radio Transmundial. Tous droits réservés.
CONDITIONS D'UTILISATION