Radio Chrétienne
Un programme pour étudier toute la Bible en quatre ans
Chapitre 30
Introduction
La lecture des biographies de gens célèbres est quelquefois comme un film qui finit mal. Dans un premier temps, le personnage en question atteint les sommets de la notoriété et de la réussite financière; il jouit d'un très grand prestige, est porté aux nues par ses admirateurs, et puis tout s'effondre. Pour une raison ou une autre, il tombe en disgrâce et dans les bas-fonds de l'indigence et du mépris. De ce nombre fait partie le pauvre Job.
En réfléchissant sur son passé, il se rappelle l'époque bénie de sa prospérité, sa magnificence, le respect qu'il commandait. Mais depuis le jour où la main de l'Éternel s'est appesantie sur lui, une succession de malheurs l'a durement atteint. Sa condition actuelle est épouvantable, un contraste violent avec ce qu'elle était auparavant à l'époque où il était au faîte de la gloire. La misère noire de son présent est d'autant plus lourde à porter que sa condition antérieure était heureuse. Il est maintenant aux prises à de grandes souffrances à cause d'une maladie qui ronge ses chairs comme la teigne. Sa vie est une longue agonie faite de gémissements sans fin.
Dans le chapitre 30, il se lamente de façon désespérée. Le style saccadé reflète bien le tourment qui le déchire, la souffrance insupportable qui le ronge et les cris de détresse qu'il lance vers le ciel.
Versets 1-8
Je commence à lire en compressant tout au long.
Mais hélas, aujourd'hui me voilà la risée de gamins dont les pères étaient si méprisables que je n'aurais daigné les mettre avec mes chiens pour garder mon troupeau. Ils ont été chassés du milieu de leur peuple, on criait après eux comme après des voleurs. Ils logeaient dans des grottes ou des trous de la terre, ils se couchaient à l'abri des broussailles. Ces êtres insensés et innommables ont été refoulés hors du pays (Job 30.1-8).
Alors qu'auparavant, Job était respecté même par les dignitaires de sa ville, le voilà méprisé; même les enfants des vagabonds se moquent de lui; une insulte cinglante et impensable au Proche-Orient ancien. Les traîne-misère bannis, les rejets de la société considèrent Job comme une épave, plus bas qu'eux à cause de sa condition physique et sans doute parce qu'il est constamment assis sur un tas d'immondices et de cendres du dépôt d'ordures de la ville.
Versets 9-15
Je continue.
Me voici devenu l'objet de leurs chansons, celui dont tous se moquent. Ils ont horreur de moi, ils se détournent et sans hésiter me crachent au visage. Ils sont nombreux, à ma droite, ils se lèvent et me font lâcher pied, ils se fraient un accès jusqu'à moi pour me perdre. La terreur m'envahit, ma dignité s'évanouit; comme en un coup de vent, mon bonheur a passé, chassé comme un nuage (Job 30.9-15).
Ces mécréants profitaient de la faiblesse de Job pour le tourmenter. Non seulement il était dans la souffrance morale et physique, mais en plus il vivait dans une crainte constante. Les afflictions qu'il subissait étaient terribles.
Versets 16-18
Je continue.
Et maintenant, ma vie s'échappe. Car des jours d'affliction ont fondu sur mon être. La nuit perce mes os, je suis écartelé, et le mal qui me ronge ne prend pas de repos. Avec toute sa force, il s'agrippe à mon vêtement, comme un col, il m'enserre (Job 30.16-18).
La nuit est personnifiée sous les traits d'un bourreau sans pitié qui le fait souffrir sans jamais lui accorder le moindre répit. Job décrit de manière poignante le mal qui le ronge jusqu'au tréfonds de son âme.
Verset 19
Je continue.
Dieu m'a précipité au milieu de la fange, et je ne suis que poussière et cendre (Job 30.19).
Dans les Textes Sacrés, la poussière et la cendre sont les symboles de l'insignifiance et de l'humiliation. Ironiquement, quand Dieu se manifestera enfin, c'est de lui-même que Job se couvrira de poussière et de cendre en signe de repentance.
Versets 20-23
Je continue.
De mes cris je t'implore, et tu ne réponds pas. Je me tiens devant toi et tu ne fais rien d'autre que de me regarder. Tu as changé pour te rendre cruel à mon égard ! De ta main vigoureuse, tu t'acharnes sur moi ! Je ne le sais que trop: tu me mènes à la mort, au lieu de rendez-vous de tout être vivant (Job 30.20-23).
Au rejet dont il est victime, à la peur qui l'habite et au calvaire qu'il subit, Job déplore une fois de plus le silence de Dieu qui dit-il se contente de le regarder souffrir. Il se sent trahi, car après lui avoir accordé sa faveur et béni de multiples façons, le Tout-Puissant s'est retourné contre lui afin de le faire mourir à petit feu.
Versets 25-31
Je finis ce chapitre qui constitue la plainte la plus pathétique de Job.
Je pleurais autrefois avec ceux dont la vie est dure, et je compatissais à la peine du pauvre. J'espérais le bonheur, et le malheur est arrivé, j'attendais la lumière et les ténèbres sont venues. Au milieu de la foule je me dresse et je hurle. C'est comme si j'étais un frère du chacal ou un compagnon de l'autruche. Ma peau noircit sur moi, mes os sont consumés par le feu de la fièvre. Ma lyre ne sert plus que pour des airs funèbres, ma flûte n'accompagne que le chant des pleureurs (Job 30.25-31).
Job relève une fois encore l'injustice dont il se sent victime. Lui qui compatissait avec les affligés, il attendait de la compassion de ses amis, mais ceux-ci lui ont fait défaut. Il est réduit au même rang que le chacal et l'autruche qui émettent des hurlements particulièrement sinistres et ses instruments ne lui servent plus qu'à jouer des airs lugubres. Job est bafoué dans sa dignité et exténué par l'épreuve qu'il endure à l'image de la Roche Tarpéienne. Cette longue plainte explique facilement pourquoi Job désirait mourir à tout prix au lieu de vivre une agonie perpétuelle.
Chapitre 31
Introduction
Dans le chapitre suivant, Job conclut sa longue autodéfense en prononçant un serment d'innocence. Un tel serment faisait partie de l'arsenal juridique habituel des sociétés du Moyen-Orient ancien. Lorsque les preuves manquaient pour établir la culpabilité d'un accusé, la personne jugée pouvait si elle le désirait jurer qu'elle disait vrai avec des imprécations contre elle-même, lesquelles étaient supposées se réaliser en cas de mensonge.
C'est exactement ce que va faire Job. Il va évoquer sa conduite droite, juste et pleine de générosité, essayant ainsi de se justifier vis-à-vis de ses trois amis et surtout aux yeux du Tout-Puissant. Il veut lui prouver que son changement de comportement à son égard n'avait aucune raison d'être, en d'autres mots qu'il a eu tort de le punir de la sorte. Cette attitude de Job est insensée, car nulle créature ne peut se disculper devant Celui à qui nous devons tous rendre des comptes.
Dieu n'a qu'à ouvrir ses livres, ceux dans lesquels il a soigneusement noté tout ce que j'ai fait et même pensé et je serais immanquablement condamné par la multitude de mes écarts de conduite. La seule démarche recevable devant Dieu consiste à s'humilier devant lui et à s'en remettre à sa miséricorde; c'est là la vraie sagesse. Je cite deux passages qui le confirment:
Car l'Éternel est proche de ceux qui ont le coeur brisé. Il sauve ceux qui ont un esprit abattu. Car voici ce que dit le Dieu très élevé qui demeure éternellement, qui s'appelle le Saint: J'habite dans un lieu qui est très haut et saint, mais je demeure aussi avec l'homme accablé, à l'esprit abattu, pour ranimer la vie de qui a l'esprit abattu et vivifier le coeur des hommes accablés (Psaumes 34.19; Ésaïe 57.15).
Alors que les propres justes s'attirent la colère et le jugement de Dieu, ceux qui reconnaissent humblement leur culpabilité sont l'objet de sa grâce. Je cite un passage:
Le seul sacrifice qui convienne à Dieu, c'est un esprit humilié. Ô Dieu, tu n'écartes pas un coeur brisé et contrit (Psaumes 51.19).
L'humilité est une qualité qu'on admire chez tout le monde. Un certain article paru dans la section sportive d'un grand quotidien en vantait les mérites de la façon suivante:
La capacité de se parer de l'humilité comme d'un vêtement est une nécessité indispensable dans certaines vocations, en particulier la politique et la boxe. Celui qui la dédaignerait s'attirera immanquablement les foudres d'un public offusqué.
Nous aimons que nos héros soient humbles et on n'apprécie pas du tout l'impertinent qui devant le micro fait le fier-à-bras. L'orgueil est un trait caractéristique de toute l'humanité et pas seulement de certains sportifs et politiciens.
Mais Job ne voit pas les choses de cette façon. Il faut dire à sa décharge qu'il est certainement aveuglé par sa souffrance qui est à la fois physique, morale, émotionnelle et spirituelle, car il se sent abandonné de tous, y compris Dieu. Selon lui donc, il ne mérite pas ce qui lui arrive parce qu'il n'a commis aucun acte répréhensible qui expliquerait pourquoi il est passé d'une condition heureuse à un état de moribond qui n'en finit pas de durer. Ce raisonnement sous-entend que son affliction a une raison d'être. Or, nous savons d'après le prologue du livre que justement il n'y en a pas. C'est là un des mystères de la souffrance du juste.
Je ne voudrais surtout pas blâmer Job parce qu'à sa place, je sais très bien que je n'aurais pas eu une conduite plus honorable. Cependant, son comportement est une leçon sur ce qu'il ne faut pas faire ou dire devant le Tout-Puissant. Il est venu les bras chargés de toutes ses bonnes oeuvres, ce qui est bien inutile puisque le bien comme le mal que j'ai fait est consigné dans les livres célestes comme je l'ai déjà dit. Dieu connaît dans les détails et dans les moindres recoins tout ce qui me concerne; une pensée bien grave et solennelle, s'il en est une.
Dans ces conditions, il ne faut surtout pas s'approcher du trône divin en essayant de faire semblant d'être quelqu'un d'important ou en prétendant avoir accompli quelque bonne action. C'est de l'arrogance et il va sans dire que si telle est mon attitude, je serai très mal reçu. L'Éternel s'oppose à tout ce qui est élevé, alors je fais bien mieux de venir à lui en toute humilité, le coeur contrit et la mine basse, car c'est la seule manière pour moi de recevoir le pardon de mes fautes.
Job, toujours en train de clamer sa justice à qui veut l'entendre, va maintenant passer en revue son comportement vertueux exceptionnel. Il va appuyer ses dires par un serment d'innocence avec imprécations contre lui-même au cas où il mentirait. Il va répéter 19 fois la forme verbale: si je suis coupable de telle faute, alors? C'est ainsi qu'il fait une liste de 13 transgressions qu'il n'a pas commises. Cette forme négative de confession consiste à mentionner les péchés dont il s'est gardé au lieu d'énoncer le mal qu'il a fait.
Versets 1-4
Je commence à lire ce chapitre 31.
Pourtant, j'avais conclu un pacte avec mes yeux: ils ne devaient jamais porter un regard chargé de désir sur une jeune fille. Car quelle part Dieu pourrait-il me réserver d'en haut? Quel serait l'héritage que me destinerait du haut des cieux le Tout-Puissant? En effet, le malheur n'est-il pas réservé à ceux qui sont injustes et la tribulation à ceux qui font le mal? Et ne voit-il pas comment je me comporte? Ne tient-il pas le compte de tous mes faits et gestes? (Job 31.1-4).
Le fait que Job se soit gardé de la convoitise charnelle ne lui a servi à rien puisque selon lui, Dieu n'en a pas tenu compte et lui a envoyé l'affliction tout comme à ceux qui font le mal. À l'instar de ses trois amis, et à cause de ses circonstances, Job dit croire à la rétribution immédiate bien qu'il soit la preuve du contraire, ce qu'il a lui-même également affirmé avec force et fracas. En fait, ce pauvre homme a tout simplement adapté sa théologie, sa vision de Dieu à ses réalités douloureuses.
Versets 5-8
Je continue.
Ai-je vécu dans le mensonge? Mon pied s'est-il hâté pour commettre la fraude? Que Dieu me pèse sur la balance juste, et il constatera mon innocence. Si mes pas ont dévié du droit chemin, si mon coeur a suivi les désirs de mes yeux, et si quelque souillure m'a rendu les mains sales, alors, ce que je sème, qu'un autre le consomme, et que l'on déracine ce que j'avais planté (Job 31.5-8).
Job a été honnête dans les affaires. Il n'a rien volé ni menti, il n'a fait aucun mal à son prochain.
Versets 9-12
Je continue.
Si je me suis laissé séduire par une femme, ou si j'ai fait le guet devant la porte de mon voisin, qu'alors ma femme tourne la meule pour un autre, et qu'elle soit livrée aux désirs d'autres hommes ! Car c'est une infamie, un crime qui relève du tribunal des juges, c'est un feu qui dévore jusque dans l'abîme infernal et qui me priverait de tout mon revenu (Job 31.9-12).
Job jure n'avoir commis aucun adultère et si on pouvait prouver le contraire, il demande à ce que sa femme soit vendue au bon plaisir d'autres hommes et qu'elle soit astreinte aux travaux les plus pénibles réservés aux esclaves de derniers rangs, bien qu'en principe c'étaient des animaux qui tournaient la meule. Ces paroles surprenantes de Job à l'égard de son épouse sont à remettre dans un contexte tout aussi choquant. En effet, à cette époque, la femme était considérée comme la propriété de son mari, tout comme le cheptel. Bien évidemment, le mouvement de la libération de la femme n'avait pas encore vu le jour.
Versets 13-15
Je continue.
Si je n'ai pas fait droit à ma servante ou à mon serviteur quand, avec moi, ils avaient un litige, je ne saurai que faire quand Dieu se lèvera pour me juger, je ne saurai que lui répondre quand il demandera des comptes. Celui qui m'a tissé dans le sein de ma mère, ne les a-t-il pas faits, eux, tout autant que moi? Oui, c'est le même Dieu qui nous a tous formés dans le sein maternel (Job 31.13-15).
Job respectait tous les êtres humains y compris ceux qui étaient socialement les moins considérés, les parias de l'époque. Il considérait que tous les hommes et femmes étaient égaux devant Dieu, ce qui était une perspective tout à fait anachronique il y a 6 000 ans et même révolutionnaire. En effet, il n'y a qu'à songer aux royautés européennes qui se prévalaient de quelques droits divins qui leur appartenaient en propre. Et aujourd'hui encore, dans toutes les religions hiérarchisées, c'est la couleur des habits qui indique le degré d'autorité et son rang devant la divinité.
Versets 16-23
Je continue.
Me suis-je donc soustrait aux requêtes des pauvres, ou bien ai-je déçu le regard plein d'espoir des veuves? Ai-je mangé mon pain tout seul, sans partager avec un orphelin? Non, depuis ma jeunesse, j'ai été pour lui comme un père auprès duquel il a grandi. Dès le sein de ma mère, j'ai servi de guide à la veuve. Ai-je vu l'indigent privé de vêtement, et le nécessiteux manquant de couverture, sans leur donner une occasion de me bénir pour avoir pu se réchauffer sous la toison de mes brebis? Si j'ai brandi le poing contre un homme innocent, me sachant soutenu au tribunal, alors que mon épaule s'arrache de mon corps et que mon avant-bras se rompe au coude ! En fait, j'ai toujours redouté le châtiment de Dieu: je ne peux rien devant sa haute majesté (Job 31.16-23).
Job vénérait véritablement l'Éternel. Il n'a pas profité de sa position sociale et de son pouvoir pour oppresser les faibles, c'est-à-dire la veuve, l'indigent et l'orphelin, ni pour écraser un innocent qui comparaissait au tribunal où il siégeait. Au contraire, Job affirme tout haut qu'il a été généreux, intègre et loyal dans toute sa conduite.
Versets 24-28
Je continue.
Ai-je placé ma confiance dans l'or? Ai-je dit à l'or fin: «Tu es mon assurance»? Ai-je tiré ma joie de ma grande fortune et de ce que mes mains avaient beaucoup gagné? Quand j'ai contemplé le soleil dans toute sa splendeur ou quand j'ai vu la lune avancer dans le ciel majestueusement, mon coeur s'est-il laissé séduire secrètement, leur ai-je envoyé des baisers (en signe d'adoration)? En agissant ainsi, j'aurais commis un crime passible de justice, car j'aurais été traître envers le Dieu du ciel (Job 31.24-28).
Job déclare ne jamais avoir adoré les richesses ou les astres. La vénération des corps célestes est la forme la plus ancienne d'idolâtrie; elle sera sévèrement réprimandée par la Loi de Moïse.
Versets 29-34
Je continue.
Ai-je trouvé plaisir à voir mon ennemi plongé dans l'infortune? Ai-je sauté de joie lorsque le malheur l'atteignait? Moi qui n'aurais jamais autorisé ma langue à commettre une faute en demandant sa mort par des imprécations? Voyez ce que déclarent ceux que j'ai abrités: «Qui n'a-t-il pas nourri de viande à satiété?» Jamais un étranger n'a dû coucher dehors, j'ouvrais toujours ma porte au voyageur. Ai-je caché mes péchés comme font les hommes, afin d'enfouir mes fautes en moi-même? Parce que j'avais peur de l'opinion des foules, ou bien par crainte du mépris des familles, suis-je resté muet, n'osant franchir ma porte? (Job 31.29-34).
Job n'a jamais montré de haine envers ses ennemis, une attitude qui sera condamnée par Moïse et Jésus-Christ. En outre, il offrait l'hospitalité à tous ceux qui en avaient besoin et il n'est pas coupable d'hypocrisie; il n'avait pas peur du qu'en-dira-t-on. Sa ligne de conduite était de toujours agir avec droiture devant Dieu. Job dit vrai puisque Dieu lui-même a déclaré:
Il n'a pas son pareil sur la terre: c'est un homme intègre et droit, un homme qui révère Dieu et qui évite de mal faire (Job 1.8).
La conduite exemplaire de cet homme mérite de faire école.
Copyright © 2001-2025 ( TTB - Thru the Bible, RTM - Radio Transmundial. Tous droits réservés.
CONDITIONS D'UTILISATION