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Introduction
Introduction
Depuis toujours, les mariages princiers frappent l'imagination du public, surtout celle du bas peuple. Je me souviens encore du temps où j'étais enfant quand ma grand-mère venait chez nous regarder à la télé noir et blanc ce genre de mariage grandiose lorsqu'il avait lieu ici ou là dans une des grandes capitales. Toute cette grande pompe fait rêver. Et si de plus la princesse en question est issue d'un milieu humble, alors là ces dames ont des étoiles dans les yeux, car elles se disent: pourquoi pas moi? Elles se voient porter cette robe magnifique donnant le bras à ce jeune roi, entourées des grands de ce monde qui sont tous venus pour fêter l'événement de l'année. Cendrillon fait toujours rêver et c'est ce qui nous amène à l'histoire d'Esther.
Dans les Textes Sacrés, deux livres portent le nom d'une femme; le premier: Ruth d'origine païenne est une histoire d'amour et de rédemption; le second, Esther, est le nom d'une jeune fille juive qui au gré d'un hasard providentiel devint la reine du plus grand monarque du Moyen-Orient lorsque l'Empire perse était à son apogée. L'histoire de cette héroïne raconte comment grâce à sa position d'impératrice, elle réussit à déjouer un massacre du peuple juif orchestré par un personnage des plus vils.
Dans le Canon juif, le livre d'Esther fait partie des cinq rouleaux des jours de fête. Il est même appelé quelquefois le rouleau par excellence, car à cause de son contenu, il jouit d'une très grande considération chez les Juifs, dont il flatte l'orgueil national. Ils ne se sont pas lassés de le copier et quand dans un musée, on voit un beau manuscrit hébreu, on peut immédiatement supposer que c'est une paraphrase d'Esther.
L'histoire se déroule à Suse, l'une des capitales de l'Empire, dans les années 483 à 473 av. J-C. On n'a aucune idée qui a écrit ce petit livre, mais en tout cas, l'auteur était un maître du suspense. Il raconte en relatant nombre de rebondissements et de retournements de situation. Il s'agit très certainement d'un Juif qui fréquentait le palais qui fut témoin des faits. Il manifeste en effet une bonne connaissance des us et coutumes de la cour impériale perse. Les sources extrabibliques corroborent parfaitement les informations fournies par ce livre, jusqu'au caractère capricieux de l'empereur Xerxès, tyran fastueux, voluptueux, irréfléchi, et bizarre.
Par contre, certaines caractéristiques de cette histoire ne manquent pas d'intriguer et de soulever des questions aussi bien de la part des Juifs que des chrétiens. Ainsi, le nom de l'Éternel n'apparaît nulle part tandis que celui du roi païen y figure 187 fois. L'absence apparente de Dieu contraste avec l'étalage de puissance, de richesse et de gloire du pouvoir despotique perse. Pas moins de 10 festins sont mentionnés, généralement liés à des moments charnières de l'histoire. Ainsi, deux banquets donnés par Xerxès commencent le récit, deux autres offerts par Esther se situent en son milieu et les deux derniers qui accompagnent les festivités de Pourim clôturent le livre. Il y est question d'un jeûne, mais pas de prière. Par contre, des superstitions païennes et des jours de chance sont mentionnés. La Loi de Moïse n'est jamais citée ni quoi que ce soit qui fait partie du culte juif. De plus, le Nouveau Testament ne fait pas référence à Esther une seule fois et aucune copie de ce livre ne se trouvait parmi les manuscrits de la Mer Morte.
En racontant cette histoire, l'auteur semble avoir eu plusieurs intentions. Déjà, il invite le lecteur à regarder au-delà des apparences. Malgré tout leur pouvoir, ce n'est pas l'empereur influençable et facile à manipuler, ni ses hauts dignitaires, qui contrôlent le cours des événements. Ces personnages ne sont que des figurants, des pantins presque. C'est le roi des cieux qui règne au-dessus d'eux, qui tire les ficelles et utilise leurs comportements et leurs pratiques superstitieuses comme le tirage au sort pour mener l'histoire où il veut. Même si Dieu n'apparaît pas directement, le poids de sa présence se fait fortement sentir en arrière-plan dans les coulisses. C'est ainsi que tout au long du livre, on voit la providence divine à l'oeuvre. Dieu veille et s'arrange pour que son peuple, qui avait été déporté et qui vivait dans une nation païenne, échappe à une tentative d'extermination. Comme autrefois l'Éternel dans sa providence gardait les Juifs, aujourd'hui c'est en faveur des vrais croyants qu'il agit. Le verset clé du livre d'Esther est:
Car si tu persistes à garder le silence dans les circonstances présentes, le salut et la délivrance viendront d'ailleurs pour les Juifs, alors que toi et ta famille, vous périrez. D'ailleurs, qui sait si ce n'est pas en vue de telles circonstances que tu es devenue impératrice? (Esther 4.14).
Même l'entourage du dénommé Haman, l'ennemi juré des Juifs, savait que ceux-ci jouissaient d'une protection surnaturelle. Je lis le passage:
Ses conseillers et sa femme lui dirent:? Si ce Mardochée devant qui tu as commencé à être humilié est Juif, tu ne pourras rien contre lui (Esther 6.13).
En second lieu, l'auteur a voulu conserver pour les générations futures le rappel des événements qui sont à l'origine de la fête de Pourim qui fut instituée pour se souvenir de cette délivrance. Elle se célèbre encore aujourd'hui le 14 ou le 15 du mois hébreu Adar, ce qui correspond à mars. Une troisième intention de l'auteur était de montrer que tous les descendants d'Abraham, où qu'ils vivent, étaient solidaires.
Après le décret du roi perse Cyrus, tous les Juifs de son royaume furent autorisés à retourner dans leur pays d'origine. Mais en fin de compte, relativement peu acceptèrent l'offre. Un premier convoi d'environ 50 000 hommes sous la direction de Zorobabel se rendit en Israël pour y reconstruire le Temple. Il est vrai que si des Juifs influents restent sur place et occupent des positions de responsabilité dans l'empire, ils pourront indirectement aider leurs frères qui sont retournés au pays de leurs ancêtres. Il n'empêche que la volonté de Dieu était que les Israélites exilés rentrent chez eux. Or, la plupart ne l'ont pas fait.
Pourtant, un siècle plus tôt, tout le peuple juif qui avait été déporté à Babylone disait: Comment chanterions-nous le cantique de l'Éternel dans une terre étrangère? Ils en furent incapables. Alors, ils se sont assis et ont pleuré en se rappelant Jérusalem. Mais maintenant qu'ils sont confortablement installés en Perse, ils l'ont oubliée. En réalité, c'est un monceau de ruines et ils n'ont aucune envie d'y retourner. Au début de l'exil, ils avaient juré: Que ma langue s'attache à mon palais si j'oublie Jérusalem ! Mais c'est loin tout ça, les deux premières générations de déportés ont disparu et la troisième n'est pas loin de l'être à son tour. Alors pour tous les Juifs qui habitent l'Empire perse, Jérusalem n'est qu'un lointain souvenir.
Par contre, pour ceux qui ont obéi à Dieu et qui sont retournés en Palestine, le choc a été rude. Ils ont dû oeuvrer dans des conditions particulièrement difficiles. En conséquence, ils auraient pu facilement ressentir une certaine amertume envers ceux qui étaient restés en Perse, et qui pour beaucoup occupaient des situations confortables. Ainsi, Mardochée, l'oncle d'Esther était fonctionnaire de la cour impériale; une bonne place s'il en est. Si le massacre des Juifs de Perse avait eu lieu, il y a fort à parier que cette vague d'antisémitisme aurait atteint la Palestine. De plus, la reconstruction du pays d'Israël sous la direction du prêtre Esdras et du gouverneur Néhémie n'aurait jamais eu lieu. L'extermination des Juifs menaçait donc tout le plan de salut de Dieu. En agissant dans cette lointaine capitale de Suse pour préserver son peuple disséminé dans l'Empire perse, Dieu avait en vue, à plus long terme, l'oeuvre du Messie destiné à apporter le salut à des hommes de toutes les nations.
Finalement, cette histoire est aussi un puissant encouragement pour le croyant, à qui Dieu peut parfois paraître silencieux, lointain, voire même absent. Malgré les apparences souvent contraires, dans la réalité ordinaire de tous les jours, c'est bien lui qui dirige. Il conduit les circonstances et les événements pour faire concourir toutes choses au bien de ceux qui l'aiment et lui obéissent même si l'on ne s'en aperçoit pas du tout. L'histoire d'Esther est une démonstration de la providence divine.
Toutes les grandes doctrines enseignées dans les Textes Sacrés ont leurs racines dans certains livres de l'Ancien Testament. Ainsi, la rédemption se trouve dans le livre de l'Exode; l'amour lié à la rédemption dans Ruth. Le livre de Job enseigne la repentance, celui de Jonas, la résurrection.
Les Juifs du 5e siècle av. J-C disséminés dans l'Empire perse ne louent pas le Dieu de leurs ancêtres; ils demeurent silencieux. Mais l'Éternel ne les a pas oubliés et dans sa providence, il les protège. C'est le moyen par lequel il conduit toutes choses, qu'elles soient vivantes ou inanimées, visibles ou invisibles, bonnes ou mauvaises, vers un but précis de sorte que Sa volonté finit toujours par prévaloir. Le psalmiste résume tout ça, lorsqu'il dit:
L'Éternel a établi son trône: il est le Roi, le Maître de l'univers entier (Psaumes 103.19).
Dans le Nouveau Testament, l'apôtre Paul écrit:
Il met en oeuvre toutes choses selon le conseil de sa volonté (Éphésiens 1.11).
Aujourd'hui même, Dieu dirige l'univers comme il l'entend. Au 19e siècle, un certain philosophe américain du nom de Ralph Emerson débuta comme prédicateur puis retourna sa veste. Il n'a rien compris à la providence divine puisqu'il a dit: Ce sont les événements qui sont en selle et dirigent l'humanité. D'accord que les événements dirigent l'humanité, mais c'est Dieu qui tient les rennes et en dernier ressort c'est toujours lui qui décide. Par rapport à l'univers en général et l'homme en particulier, la providence divine opère en fonction de trois aspects des choses:
Premièrement leur création . En effet, Dieu a mis en existence cet univers ex nihilo à partir de rien, simplement par Sa parole. La théorie de l'évolution passe sous silence l'origine de la matière première qui a servi à former la terre et tout ce qu'elle contient, dont tout le règne végétal et animal et l'homme. De plus, cette vision du monde n'explique pas comment quelque chose d'inanimé a pu donner naissance à la vie et l'être. En réalité, la foi est le seul moyen par lequel nous comprenons comment cet univers a commencé. C'est Dieu qui en est l'auteur et nous le savons grâce à la révélation des Écritures. Dans le Nouveau Testament, nous lisons:
Par la foi, nous comprenons que l'univers a été harmonieusement organisé par la parole de Dieu, et qu'ainsi le monde visible tire son origine de l'invisible (Hébreux 11.3).
Si je rejette la création telle qu'elle est décrite dans le livre de la Genèse, alors je suis laissé à moi-même à ma petite jugeote pour trouver mieux.
Le deuxième aspect des choses est leur préservation . Ce mot exprime une idée tout à fait extraordinaire. C'est de cette manière que l'univers subsiste. Dans le Nouveau Testament, nous lisons:
Le Fils de Dieu soutient toutes choses par sa parole puissante. Il est lui-même bien avant toutes choses et tout subsiste en lui (Hébreux 1.3; Colossiens 1.17).
C'est Jésus-Christ qui permet à cet univers de subsister et de fonctionner comme une horloge. C'est grâce à lui qu'il est possible de déterminer avec précision la position des astres les uns par rapport aux autres et d'envoyer un homme dans l'espace.
Le troisième aspect des choses est leur providence. Ce mot signifie que Dieu pourvoit. C'est la façon dont Dieu dirige tout dans l'univers. Quand Abraham et son fils Isaac s'étaient rendus sur la montagne de Morija, pour adorer Dieu, ils avaient emmené tout ce dont ils avaient besoin? sauf le sacrifice. Je cite le passage:
Isaac s'adressa à son père Abraham et lui dit:? Mon père ! Abraham dit:? Qu'y a-t-il, mon fils?? Voici le feu et le bois, dit-il, mais où est l'agneau pour l'holocauste? Abraham répondit:? Mon fils, Dieu pourvoira lui-même à l'agneau pour l'holocauste. Et ils poursuivirent leur chemin tous deux ensemble (Genèse 22.7-8).
1900 ans plus tard, Dieu a pourvu à l'Agneau sur cette même montagne à Jérusalem. Sur le mont Golgotha, le Seigneur Jésus-Christ a été crucifié. Il était l'Agneau que Dieu avait pourvu; l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde (Jean 1.29). Dieu pourvoit. La providence divine signifie que la main de Dieu se trouve dans le gant des événements de l'humanité. S'il n'est pas directement dans le siège du conducteur, alors il est assis derrière lui. Il est l'entraîneur sur la touche qui décide la stratégie du jeu. La providence divine est le gouvernail invisible du navire, le pilote aux commandes pendant les veilles de la nuit. Comme on l'a dit, Il fait que de grandes portes tournent sur de petits gonds.
C'est Dieu qui fait que les pleurs d'un bébé dans un panier soient entendus par une servante sur les rives du Nil alors que la fille du pharaon se baignait. Le Seigneur a pincé le petit Moïse qui a hurlé et ses cris ont touché le coeur d'une princesse. Dieu s'est servi de cet événement pour changer la destinée de tout un peuple. La providence divine c'est la main de Dieu en action et le livre d'Esther nous en donne une très belle illustration. Dans ces dix chapitres, tout s'enchaîne, s'adapte exactement et arrive à point nommé. Les plus noirs nuages se dissipent comme par enchantement au moment favorable grâce à l'intervention de Dieu.
Chapitre 1
Verset 1
Bien que son nom ne figure nulle part, on le suit partout à la trace; il apparaît sur chaque page de ce petit livre que je commence à lire.
Cette histoire se passait du temps de Xerxès, celui dont l'empire s'étendait depuis l'Inde jusqu'à l'Éthiopie et comprenait cent vingt-sept districts (Esther 1.1).
L'auteur prend soin de donner des faits précis et de plus c'est un excellent narrateur. Le nom de l'empereur Xerxès est une adaptation grecque du perse Ksayarsân. Son nom est mentionné dans deux autres livres: Esdras et le prophète Daniel. Il régna pendant 21 ans et était l'arrière-arrière-petit-fils de Cyrus, celui qui avait décrété que tous les Juifs de son royaume étaient libres de retourner en Israël.
L'historien grec Hérodote mentionne l'Inde et l'Éthiopie parmi les pays soumis aux Perses. Mais à cette époque, l'Inde correspondait à ce qui est aujourd'hui la partie ouest du Pakistan et l'Éthiopie incluait le sud de l'Égypte, le Soudan et le nord de l'Éthiopie actuelle. L'empire était divisé en 20 provinces, lesquelles étaient subdivisées en plusieurs districts administratifs.
Verset 2
Je continue.
En ce temps-là, quand l'empereur Xerxès vint prendre place sur son trône impérial dans la citadelle de Suse (Esther 1.2).
Il s'agit de la première venue de Xerxès dans la ville après qu'il ait maté des rébellions suscitées par son accession au trône. C'était l'une des quatre capitales de l'empire, avec Babylone, Persépolis et Echbatane, qui s'appelle Hamadan et se trouve à environ 300 km au sud-ouest de Téhéran. Echbatane était la résidence d'été des empereurs perses qui fuyaient la chaleur oppressante de la plaine du fleuve Tigre tandis que Suse était leur capitale d'hiver. La citadelle avec le palais royal s'élevait sur un monticule qui dominait la plaine; à l'est s'étendait la ville de Suse.
Des fouilles archéologiques ont confirmé d'une part l'existence de cette citadelle et d'autre part que sous le règne d'Artaxerxès, le fils de Xerxès, le palais royal avait brûlé. Ces données suggèrent que l'auteur du livre d'Esther était chronologiquement relativement proche des événements qu'il raconte. Quelqu'un qui aurait écrit après ces deux rois n'aurait pas pu savoir qu'un palais royal était situé à cet endroit.
Verset 3
Je continue.
La troisième année de son règne, il organisa un grand festin pour tous ses ministres, ses hauts fonctionnaires, les officiers de l'armée des Perses et des Mèdes, ainsi que pour les nobles et les gouverneurs des provinces (Esther 1.3).
C'est le premier de dix festins qui sont mentionnés dans ce livre. Les empereurs perses ne se refusaient rien. Les deux royaumes de la Médie et de la Perse furent unifiés en un empire en l'an 568 par Cyrus le Grand. Il s'empara tout d'abord de la capitale des Mèdes et du pays qui correspond à la Turquie actuelle. 10 ans plus tard, il prit Babylone sans coup férir. La ville étant très fortifiée et imprenable, les Perses ont tout simplement détourné le cours de l'Euphrate qui la traversait et le lit asséché fut comme une autoroute pour les envahisseurs. Ce banquet a lieu en l'an 483 av. J-C. Bien que ce ne soit pas dit, Xerxès a probablement profité de ce grand rassemblement pour délibérer avec les grands de l'empire concernant la puissance grecque. On décida la guerre.
Selon l'historien Hérodote, ce n'est que deux ans plus tard que les Perses passeront à l'attaque. Mais leur flotte sera anéantie lors de la bataille navale de Salamine en 480. C'était le début de l'agonie d'un empire et le commencement d'un autre. Et cela a continué jusqu'à la suprématie des États-Unis d'Amérique au 20e siècle. Mais un jour, le Dieu du ciel établira son royaume sur la terre, et dans celui-ci régnera la justice ce qui pour le moment n'existe nulle part. L'apôtre Paul dit dans l'une de ses Épîtres: Maranatha (1Corinthiens 16.22), ce qui veut dire: notre Seigneur, viens !
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