Radio Chrétienne
Un programme pour étudier toute la Bible en quatre ans
Chapitre 1
Verset 3
Tous les despotes, par définition, abusent de leur pouvoir. Ils profitent de leur position pour exploiter le bas peuple et s'élever le plus haut possible aux yeux des autres. L'ancien dictateur irakien Saddam Hussein avait au moins 7 palais grandioses, histoire de rappeler à tout un chacun, y compris lui-même, combien il était grand. Même les dirigeants d'un pays très pauvre vivent dans un luxe grotesque. Dans nos systèmes démocratiques c'est guère différent, car il y a les affaires, des entourloupettes fort complexes grâce auxquelles des patrons indélicats et certains élus se remplissent les poches, en veux-tu en voilà ! Ce genre d'escroquerie qui de temps en temps fait la une des journaux est lassant par son manque d'originalité.
Depuis toujours et à toutes les époques, le comportement des tyrans de tous poils est prévisible avec une probabilité de 100 %. Les lignées de dictateurs que le monde a connus se sont tous comportés de la même façon, qu'ils aient été à la tête de l'empire assyrien, babylonien, perse, grec, anglais, germanique, français, russe, chinois, incas, etc., ce qui nous amène à Xerxès, empereur perse, qui cherche à en mettre plein la vue à tous les peuples sur lesquels il domine.
Versets 3-4
Je continue la lecture du premier chapitre du livre d'Esther.
La troisième année de son règne, Xerxès organisa un grand festin pour tous ses ministres, ses hauts fonctionnaires, les officiers de l'armée des Perses et des Mèdes, ainsi que pour les nobles et les gouverneurs des provinces. Il voulait montrer devant eux la richesse et la gloire de son règne et la splendeur de sa grande magnificence. Les festivités durèrent très longtemps; cent quatre-vingts jours (Esther 1.3-4).
Bien sûr, le dictateur en question a parlé affaires avec ses hauts fonctionnaires, en l'occurrence la préparation d'une guerre qui allait coûter très cher. Le livre d'Esther ne dit pas un mot concernant le projet de Xerxès d'envahir la Grèce, mais d'autres sources indiquent que non seulement ce tyran avait des projets mégalos expansionnistes, mais il voulait aussi venger la défaite humiliante que son père Darius 1er avait subie en l'an 490 av. J-C à Marathon, qui se trouve dans les environs d'Athènes. Effectivement, guerre il y a eu. Les Perses qui occupaient déjà une partie de la Grèce remportèrent une nouvelle victoire en 486 grâce à une trahison puis s'emparèrent d'Athènes.
Mais à quoi bon? En 480, leur flotte fut anéantie à Salamine, et l'année suivante ils furent à nouveau battus et cette fois-ci définitivement chassés de Grèce. Xerxès dut rentrer chez lui la tête bien basse, mais c'est aussi l'année où il a choisi Esther pour reine, son lot de consolation en somme. Mais avant que tout cela n'arrive a lieu le banquet du siècle, car entre quelques réunions de travail, il fallait se restaurer. Bien boire et bien manger, le faste, les festins et les banquets font partie de l'ordre du jour de tous les grands de ce monde puisque ce sont les contribuables qui paient, que ce soient de pauvres serfs ou les citadins des grandes métropoles. Mais six mois de festivités, c'est quand même long.
La petite histoire raconte que Louis XIV a parlé de ce banquet avec son ministre des finances et a dit qu'il ne pouvait concevoir comment le roi perse avait pu avoir la patience d'assister à une bamboula de cette envergure. Colbert, lui aurait répondu qu'il ne comprenait pas comment il l'avait financé.
Tout ça pour dire que ce festin organisé par Xerxès était destiné à projeter l'opulence, le luxe et la magnificence de son règne. Ses largesses avaient pour but de montrer que ses ressources étaient illimitées et qu'il méritait de devenir le maître du monde. Dans ce but, il cherchait à gagner le soutien inconditionnel de ses gouverneurs, officiers et hauts fonctionnaires pour la campagne militaire qu'il voulait organiser en vue de conquérir toute la Grèce. Il s'en est fallu de peu qu'il réussisse.
Dans cette cour orientale éminemment païenne, on allait prendre des initiatives qui affecteraient des millions de gens sur plusieurs continents et qui coûteraient la vie à un grand nombre. Il en est d'ailleurs toujours ainsi. Dieu est bien sûr tenu à l'écart des manigances humaines, mais comme toujours, c'est lui qui a le dernier mot et pour ce qui est de la Perse, il avait décidé de tirer un trait sur elle et faire passer le pouvoir de l'Orient à l'Occident.
Verset 5
Je continue.
À la fin de cette période, l'empereur offrit à toute la population de Suse, riches ou pauvres, un banquet qui eut lieu pendant sept jours dans les jardins du palais impérial (Esther 1.5).
En Orient, les palais des rois étaient construits au milieu de parcs et de jardins entourés de murailles. Les hommes seuls étaient conviés au festin. Selon les historiens de l'Antiquité (Hérodote, Ctésias), Cyrus le Grand aurait offert un banquet à tous ses sujets, et les derniers monarques perses avaient en temps ordinaire 15 000 personnes à leur table.
Verset 6
Je continue.
Des tentures de lin blanches et bleu ciel étaient fixées à des colonnes de marbre par des cordelières blanches et pourpres passées dans des anneaux d'argent. Des divans d'or et d'argent étaient disposés sur des dallages de mosaïques faits avec du porphyre, du marbre, de la nacre et de l'agate (Esther 1.6).
Dans la composition des divans entraient de l'or et de l'argent. Xerxès et ses généraux en emportèrent dans leur expédition contre les Grecs, car comme les autres peuples de l'Antiquité, les Perses mangeaient allongés sur des divans. Ils avaient aussi emporté avec eux des tables et des coupes d'or, et des chariots chargés de chaudières et autres vaisselles également en or ou en argent. Quand le général grec victorieux vit ce tapage de luxe, il ne put s'empêcher de se récrier sur la folie des Perses, car non contents de tant de richesses, ils venaient faire la guerre à des peuples qui vivaient pauvrement et paisiblement.
C'est en 1961 si je ne me trompe pas que l'Iran a célébré les 1 500 ans de l'Empire perse. Il naquit en 539 av. J-C avec la conquête de Babylone par Cyrus le Grand. Aujourd'hui, bien que tous les palais soient en ruines, ils nous donnent quand même une idée du luxe incommensurable qui régnait lorsque la Perse dominait le Proche et le Moyen-Orient. Xerxès fit valoir ses richesses pour vendre son projet de guerre contre les Grecs.
Dans les années 60, une marque d'automobile américaine décida d'introduire un nouveau modèle à grands coups de pub. Tous les agents du monde entier furent conviés à un grand banquet tape-à-l'oeil à Détroit dans l'état du Michigan, dans le seul et unique but de pousser la vente de cette nouvelle bagnole. La nature humaine ne change pas. L'intention de Xerxès était de conquérir la Grèce; celle de la firme automobile de gagner des parts de marché. C'est la même logique.
Versets 7-8
Je continue le texte.
On servait des boissons dans des coupes d'or, toutes différentes de formes; le vin de l'empereur coulait avec une générosité tout impériale. Il avait été ordonné que chacun puisse boire à volonté sans aucune contrainte, car l'empereur avait donné des instructions à tous les intendants du palais pour qu'ils satisfassent les désirs de chacun de ses hôtes (Esther 1.7-8).
Ordinairement, et selon la coutume perse, il y avait un major de table et à son commandement il fallait vider sa timbale. Mais pour ce banquet, le roi ordonna à ses officiers de ne contraindre personne, mais de laisser à chacun la liberté de boire autant ou aussi peu qu'il voulait. À la veille d'une grande guerre, le roi cherchait à se concilier les bonnes grâces de ses sujets. Il n'y a pas si longtemps encore, dans certains milieux d'affaires, les boissons fortes étaient de rigueur. Heureusement, les choses ont changé à cause des dégâts occasionnés par l'excès d'alcool, en particulier les accidents de la route.
Verset 9
Je continue.
L'impératrice Vasthi organisa de son côté un banquet pour les femmes dans le palais de l'empereur Xerxès (Esther 1.9).
À cette époque et dans la haute noblesse, la séparation des sexes était de mise pour les banquets. En langue perse, Vashi signifie la très belle. Il est donc probable que ce soit un surnom et pas le vrai nom de l'impératrice, car elle était effectivement d'une beauté inouïe. Selon l'histoire profane, la seule reine mentionnée sous le règne de Xerxès s'appelle Amestris et elle joua un rôle considérable sous le règne de son fils Artaxerxès 1er (qui est né en 483).
Versets 10-12
Je continue.
Le septième jour du banquet, comme l'empereur était égayé par le vin, il ordonna aux sept eunuques spécialement attachés à son service, de faire venir l'impératrice Vasthi en sa présence, couronnée du diadème impérial. Il voulait montrer aux hommes de tous les peuples rassemblés et aux ministres combien elle était belle, car elle était effectivement d'une beauté remarquable. Les eunuques transmirent à l'impératrice Vasthi l'ordre de l'empereur, mais elle refusa d'aller se présenter devant lui. Celui-ci en fut vivement irrité et se mit dans une violente colère (Esther 1.10-12).
C'était le dernier jour de ce banquet qui avait tourné en beuverie. L'empereur était ivre. Il avait dévoilé toutes ses richesses à ses hauts dignitaires, prouvant ainsi qu'il avait les ressources nécessaires à une guerre coûteuse. Sous l'influence de l'alcool, il s'est laissé emporter par la griserie du moment et a braillé un ordre qu'il n'aurait jamais donné s'il avait été sobre. Il voulait que ses grands admirent maintenant la beauté de sa reine. Mais elle a refusé tout net. Imaginez Xerxès devoir déclarer: Je suis désolé, Messieurs et distingués hôtes, nous allons devoir changer le programme de la soirée; notre principale attraction refuse de venir pour être des nôtres. Les rumeurs ont dû aller bon train d'un bout à l'autre du banquet; les invités se disaient: Comment? Le roi est incapable de se faire obéir par son épouse?
L'auteur ne nous explique pas pourquoi l'impératrice n'a pas acquiescé à l'ordre du roi, mais on peut supposer qu'elle s'attendait à être traitée de manière dégradante au milieu de tous ces hommes ivres. Elle ne voulait pas aller au cirque danser comme un ours. Mais quelle que fût la raison de son refus, c'était un gros scandale et une insulte cinglante à l'égard de l'empereur qui avait l'habitude d'obtenir sur-le-champ tout ce qu'il demandait.
Versets 13-15
Je continue.
Puis il consulta les conseillers connaissant les usages, car les affaires impériales étaient toujours discutées avec tous les experts légaux et juridiques. Ses plus proches conseillers étaient les sept ministres des Perses et des Mèdes; ils faisaient partie du conseil impérial et occupaient les postes les plus élevés dans l'empire. L'empereur leur demanda comment la loi requérait que l'on traite l'impératrice Vasthi pour n'avoir pas obéi à l'ordre de l'empereur Xerxès que les eunuques lui avaient transmis (Esther 1.13-15).
Cette situation de crise a provoqué une réunion d'urgence du conseil. Toutes les cours de l'ancien Proche-Orient comportaient des sages, des hommes versés dans l'histoire et les coutumes des anciens temps. Au-dessous du grand vizir, il y avait une assemblée dont les membres étaient de véritables ministres. Ils tenaient le premier rang après le roi et administraient, conjointement avec lui et sous sa direction, toutes les affaires de l'Empire.
Le livre d'Esdras dans l'Ancien Testament et un historien grec confirment l'existence d'un conseil permanent de sept sages qui entouraient l'empereur perse. La faute commise par la reine était la désobéissance au roi ce qui exigeait une réponse pertinente; il fallait sévir. À cette époque, les rois n'avaient aucune attache émotionnelle avec leurs femmes. La reine était uniquement une procréatrice, un peu comme celle d'une ruche d'abeilles. Les concubines du harem étaient une réflexion de la puissance du souverain et bien sûr pour le sexe.
Versets 16-18
Je continue.
Memoukân déclara à l'empereur en présence de ses hauts fonctionnaires:? L'impératrice Vasthi ne s'est pas seulement rendue coupable envers l'empereur, mais aussi envers tous ses ministres et tous les gens du peuple de toutes les provinces de l'empire de Xerxès. Car ce qu'elle a fait sera connu de toutes les femmes et les incitera à mépriser l'autorité de leurs maris. Elles pourront dire: «L'empereur Xerxès avait ordonné de faire venir l'impératrice Vasthi en sa présence, et elle n'est pas venue.» Aujourd'hui même, les femmes des ministres perses et mèdes apprendront comment l'impératrice s'est conduite et elles se permettront de répliquer sur le même ton à leurs maris, ministres de l'empereur, et leur mépris entraînera la colère de leurs maris (Esther 1.16-18).
Le porte-parole des sages donne son rapport. L'idée derrière ce décret était de forcer les femmes de l'empire à respecter leur mari, c'est-à-dire à leur obéir au doigt et à l'oeil. Au niveau de la paix des ménages, les Perses n'étaient pas très futés. Il existe des tas d'histoires pour rire qui se moquent des maris qui sont menés par le bout du nez.
Par exemple, Monsieur arrive au bureau et s'exclame: Hier soir, ma femme s'est mise à genoux devant moi ! Mais après quelques questions, il a dû avouer: En fait, elle était à genoux pour me parler alors que j'étais sous le lit, et elle a dit: «Sors de là-dessous espèce de lâche !» Comme la société perse était despotique de haut en bas, il n'est pas étonnant que les sages se soient accordés pour blâmer Vasthi, car le roi avait déjà établi sa culpabilité, et c'est lui qui était le plus à craindre.
Versets 19-21
Je continue.
Si donc tel est le bon plaisir de l'empereur, qu'il fasse promulguer une ordonnance impériale irrévocable, consignée dans les lois de Perse et de Médie, interdisant pour toujours à Vasthi de se présenter devant l'empereur Xerxès, et stipulant que l'empereur conférera le titre d'impératrice à l'une de ses semblables plus digne qu'elle. Lorsque ce décret, publié par l'empereur dans tout son vaste empire, sera connu partout, toutes les femmes témoigneront du respect à leurs maris, quelle que soit leur condition sociale. Cette déclaration plut à l'empereur et aux ministres, et l'empereur suivit le conseil de Memoukân (Esther 1.19-21).
La reine sera destituée grâce à une nouvelle loi qui reflète bien le caractère excentrique de Xerxès tel que l'histoire profane le révèle. Par exemple, lorsque son armada de 300 navires fut détruite par les Grecs à Salamis, l'empereur eut un accès de folie; il descendit jusqu'à la mer et frappa les vagues avec sa ceinture, car elles avaient détruit sa flotte. Tous les dictateurs que le monde a connus sont des mégalomanes; non seulement leur âme est noire encre, mais ils sont aussi affligés de problèmes qui relèvent de la psychiatrie. Les conseillers du roi savent très bien que Xerxès était des plus instables et pourrait bien changer d'avis. C'est pour cela qu'ils s'entourent de précautions enveloppant ce décret en bonne et due forme, de façon à ce qu'il soit irrévocable, espèrent-ils.
En effet, à cette époque les souverains, qu'ils soient rois ou reines, lorsqu'ils étaient en position de force en faisaient librement usage. Ils avaient, pourrait-on dire, la gâchette facile pour éliminer quiconque se mettait ou s'était mis en travers de leur route. Ces sages redoutent donc la vengeance de Vasthi au cas où elle rentrerait en grâce. Si, comme je l'ai dit, Vasthi est un surnom pour la reine Amastris, ce dont on ne peut être sûr, alors, c'est exactement ce qui s'est produit.
Verset 22
Je finis ce chapitre.
Il expédia des lettres dans toutes les provinces de l'empire, rédigées pour chaque province selon son système d'écriture et dans la langue de sa population, ordonnant que tout homme soit maître en sa maison et y impose l'usage de sa langue maternelle (Esther 1.22).
La coutume des Perses était de s'adresser aux peuples conquis dans leurs propres langues, ce qui est prouvé par les inscriptions bilingues ou trilingues mises à jour par des fouilles archéologiques. L'autorité du mari devait s'exercer jusque dans l'emploi de sa langue maternelle par les gens de sa maison et, en particulier, par son épouse. Le langage est le véhicule et le symbole d'une culture. Dans un foyer qui est mixte, le conjoint qui impose sa langue imprime la marque de sa culture, de sa façon de penser, de sa vision du monde, et donc de son autorité sur sa maison.
Pour établir des communications rapides entre les différentes provinces de l'empire, Darius, le père de Xerxès, avait établi un système du genre poney express, c'est-à-dire des courriers répartis par stations . Elles étaient séparées par une journée de chemin. C'est ainsi que les ordres du roi étaient relayés aux gouverneurs, et qu'en retour il recevait des nouvelles de ses provinces. Cette transmission de l'information favorisait singulièrement l'action du pouvoir central.
L'historien grec Xénophon à qui on doit une grande partie de nos connaissances concernant la Grèce et la Perse du 4e siècle comparaît la rapidité des courriers royaux à un vol d'oiseaux migrateurs tellement ils étaient efficaces. L'information se propageait peut-être rapidement, mais si c'est à coups de décrets que les maris devaient leur autorité, il n'est pas étonnant que l'Empire perse soit parti en déconfiture.
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