Radio Chrétienne

Chapitre 2

Versets 16-17

Quand je regarde un film à la télé, je préfère qu'il se termine bien, que justice soit faite, que les bons gagnent et les méchants punis. Dans les feuilletons d'antan comme Zorro, on savait d'avance qu'il allait triompher. Les histoires pour enfant ont elles aussi une bonne conclusion et dans les contes de mille et une nuits c'est pareil. Nous sommes arrivés à la fin du premier acte du récit d'Esther où la petite orpheline juive a été élevée au rang d'impératrice.

Tout se passe plutôt bien ou presque. En effet, l'envers du décor est qu'elle est maintenant mariée à un homme capricieux dominé par ses passions. Or ce despote, au gré de ses humeurs, risque de la reléguer dans son harem au même titre que ses nombreuses autres épouses de second rang. Ce n'est pas tout. Dans le lointain, de noirs nuages, tels des oiseaux de malheur, commencent déjà à s'amonceler.

Verset 18

Je continue à lire dans le chapitre 2 du livre d'Esther.

En son honneur, l'empereur organisa un grand banquet pour tous ses ministres et ses hauts fonctionnaires. Ce fut le «banquet d'Esther». Il accorda du repos aux provinces et distribua des cadeaux avec une générosité impériale (Esther 2.18).

Cette charmante histoire a commencé par un banquet qui a mal tourné puisque la reine Vasthi fut répudiée à cette occasion. Voici donc un autre festin en l'honneur d'Esther, la nouvelle impératrice. L'empereur a trouvé soulier à son pied et il veut fêter ça un maximum. La tradition des rois perses voulait que lors d'occasions spéciales, comme leur mariage, ils proclament dans toutes leurs provinces un allégement d'impôts, une exemption des corvées et quartier libre dans les casernes.

Verset 19

Je continue.

Il y eut un second ramassage de jeunes filles. Or Mardochée était assis à la porte du palais impérial (Esther 2.19).

Ce ramassage fait penser à une rafle par les Allemands durant la Seconde Guerre mondiale. Mais il s'agit simplement de préparer le renouvellement du harem du roi, rien de plus. Apparemment, il a un gros appétit sexuel. Mardochée est toujours au palais où il exerce une fonction relativement importante dans le système judiciaire de l'empire. Dans le monde antique, les villes étaient entourées de murailles et c'est à leurs portes que siégeait le tribunal composé des anciens de la cité. Tôt ou tard, tous les citadins devaient passer par là. C'est à ce moment que les juges mettaient la main au collet de ceux qui avaient des comptes à rendre à la justice.

Dans la Genèse, il est question de Lot, le neveu d'Abraham qui siégeait aux portes de Sodome, la ville infâme qui fut détruite par Dieu. C'est aussi à l'entrée de la ville que se faisaient toutes les opérations légales comme la transmission d'héritage, ce qui est raconté dans Ruth, un petit livre de l'Ancien Testament. La position exacte de Mardochée ne nous est pas donnée, mais elle était importante. La suite va montrer qu'elle lui permettait d'avoir accès à l'impératrice et de connaître tous ceux qui fréquentaient le palais et même ce qui s'y complotait.

Verset 20

Je continue.

Esther avait tenu secrète son origine familiale et sa nationalité, comme le lui avait ordonné Mardochée. Elle continuait à se conformer à ses instructions comme au temps où elle était encore sous sa tutelle (Esther 2.20).

Mardochée avait ordonné à Esther de ne pas révéler son identité juive, un silence qu'elle a observé scrupuleusement jusqu'à présent. De plus, tous ignoraient qu'elle était sa cousine et sa fille adoptive. Tous deux occupent des positions clés à l'intérieur du palais ce qui va s'avérer fort utile par la suite.

Verset 21

Je continue.

À cette époque, alors que Mardochée exerçait donc des fonctions au palais impérial, deux eunuques de l'empereur, Bigtân et Térech, qui faisaient partie de la garde postée à l'entrée du palais, furent exaspérés par l'empereur Xerxès et cherchèrent à l'assassiner (Esther 2.21).

Que l'empereur soit agaçant, cela ne fait pas le moindre doute, mais il devait être imbuvable pour susciter une telle haine. Ces deux hommes étaient gardiens du seuil ce qui leur permettait de s'approcher du roi sans attirer l'attention. La raison de leur complot n'est pas indiquée, mais elle importe peu.

Dans les cours orientales, les intrigues étaient monnaie courante et il y avait toujours quelqu'un qui voulait la mort du despote en place. Xerxès va échapper à cette tentative de meurtre, mais ce n'est que reculer pour mieux sauter. En effet, il finira assassiné de toute façon 12 ans plus tard par un dénommé Artaban, le commandant de sa garde personnelle.

Versets 22-23

Je finis ce chapitre.

Mardochée en eut connaissance et il en avertit l'impératrice Esther qui mit l'empereur au courant de la part de Mardochée. Après enquête, l'information s'avéra exacte. Les deux coupables furent pendus à une potence et l'affaire fut consignée dans le livre des Annales en présence de l'empereur (Esther 2.22-23).

Le livre des Annales était constitué de tablettes sur lesquelles on consignait les faits importants concernant l'empire. Les rois de Perse prenaient grand soin de conserver la mémoire de ce qui leur arrivait. Ainsi, dans son expédition contre la Grèce, Xerxès avait auprès de lui des scribes qui notaient en sa présence le nombre de ses troupes et tout ce qui se passait sur le champ de bataille.

Donc, Mardochée apprend qu'on veut assassiner l'empereur et ça ne fait pas ses affaires. Si ça réussit, non seulement il risque de perdre sa place, mais Esther ne serait plus qu'une concubine parmi des centaines d'autres et non plus la reine. En conséquence, il vote pour Xerxès. Sa position lui permet d'entrer en contact avec sa cousine qui rapporte à l'empereur que sa vie est menacée et que c'est Mardochée qui le lui a fait dire.

De cette manière, son nom va figurer dans le livre des Annales, ce qui va s'avérer de la plus grande importance par la suite. Quant aux conspirateurs, après enquête pour vérifier les faits, ils sont rapidement exécutés. La justice était expéditive de façon à décourager les complots. L'incident est oublié et l'action de Mardochée en faveur du roi également. Il n'a droit à rien pour le moment.

Chapitre 3

Introduction

Nous voici arrivés au chapitre 3 dans lequel a lieu un événement qui s'est souvent répété dans l'histoire du peuple juif. Quelqu'un du nom d'Haman, décide de les exterminer. Plus tard, ce sera Hitler, les pogroms russes, et d'autres. C'est un pharaon qui le premier avait eu l'idée de persécuter les Hébreux. Il les a d'abord mis en esclavage, mais comme ils continuaient à prospérer, il a décidé d'éliminer tous les garçons nouveau-nés, mais ça n'a pas marché non plus.

Verset 1

Je commence à lire.

Quelque temps après ces événements, l'empereur Xerxès éleva en dignité Haman, fils de Hammedata du pays d'Agag: il le promut au rang de premier ministre et lui donna ainsi la prééminence sur tous les ministres de son gouvernement (Esther 3.1).

Cela fait déjà 4 ans qu'Esther est impératrice et la vie suit son cours quand tout à coup entre sur scène le sinistre personnage de ce livre. Le fait que le texte ne mentionne aucune raison pour justifier l'élévation d'Haman à la dignité de grand vizir fait ressortir l'injustice politique faite à Mardochée. En effet, bien qu'il ait sauvé la vie de l'empereur il ne reçut aucune promotion particulière alors qu'Haman devient le numéro deux de l'empire.

Cet homme sournois ne nous est pas totalement inconnu, car il est, semble-t-il, un descendant d'Agag, le roi des Amalécites, ennemis héréditaires d'Israël. Dès que les Hébreux furent sortis d'Égypte, ils les ont attaqués sans raison. Je cite le passage en le compressant:

Les Amalécites vinrent attaquer Israël à Rephidim. Alors Moïse dit à Josué:? Choisis-nous des guerriers et demain tu iras combattre les Amalécites. Moi, je me tiendrai au sommet de la colline, avec le bâton de Dieu à la main. Josué remporta la victoire sur les Amalécites à la pointe de l'épée. L'Éternel dit à Moïse:? Consigne cela par écrit pour qu'on en garde le souvenir et déclare à Josué que j'effacerai complètement le souvenir d'Amalec de sous le ciel. Puis il ajouta:? Puisqu'on s'est attaqué au trône de l'Éternel, l'Éternel fera la guerre à Amalec de génération en génération (Exode 17.8-16).

Or, lorsque Saül était roi d'Israël, l'Éternel lui avait ordonné d'exterminer les Amalécites, mais il ne le fit pas. Cette désobéissance risque maintenant d'avoir des conséquences fâcheuses puisque voilà qu'on se retrouve entre frères ennemis. Aux yeux de l'auteur, la lutte à venir entre Mardochée, descendant du roi Saül, et Haman, descendant du roi Agag, s'apparente à celle qui a opposé le peuple d'Israël et les Amalécites.

Verset 2

Je continue le texte.

Par ordre de l'empereur, tous les fonctionnaires impériaux en poste au palais devaient s'agenouiller et se prosterner sur le passage de Haman. Mais Mardochée ne s'agenouillait pas et ne se prosternait pas devant lui (Esther 3.2).

En Orient, le prosternement était une marque habituelle de respect envers un haut dignitaire et n'était pas assimilé à de l'idolâtrie. C'est un geste fréquent dans l'Ancien Testament. Je cite un passage dans lequel une femme vient plaider devant David:

La femme de Teqoa alla parler au roi; elle s'inclina face contre terre, pour se prosterner, et s'écria:? Viens à mon secours, ô roi ! (2Samuel 14.4).

Mardochée se prosternait très certainement sur le passage de l'empereur. Donc, s'il reste debout quand passe le grand vizir, ce n'est pas pour des raisons religieuses, mais bien plutôt parce que cet homme est un Amalécite, ennemi depuis toujours de son peuple. En effet, plus loin il va reconnaître devant ses collègues qu'il est Juif et que c'est la raison pour laquelle il ne s'incline pas jusqu'à terre devant Haman. Il n'avait pas le moindre respect pour lui, ce que le texte précise clairement et à plusieurs reprises. Je cite un passage:

En passant devant la porte du palais impérial, Haman aperçut Mardochée. Celui-ci ne se leva pas et ne tremblait pas devant lui. Alors Haman fut rempli de fureur contre lui (Esther 5.9).

Esther et son oncle auraient dû retourner dans le pays d'Israël avec tous les autres Juifs, mais ils ne le firent pas. Cependant, tous deux étaient prêts à risquer leur vie pour sauver leur peuple.

Versets 3-4

Je continue le texte.

Ses collègues lui demandèrent:? Pourquoi désobéis-tu à l'ordre de l'empereur? Tous les jours, ils lui disaient cela, mais Mardochée ne les écoutait pas. Finalement, ils signalèrent la chose à Haman pour voir si Mardochée s'en tiendrait à ses paroles, car il leur avait dit qu'il était Juif (Esther 3.3-4).

En avouant son origine israélite, Mardochée précisait aussi sa foi en l'Éternel, le créateur du ciel et de la terre. Tous les Juifs vénèrent le Dieu unique et vrai et ne se courbent ni devant les idoles, ni devant un homme en signe d'adoration.

Dans le livre de Daniel de l'Ancien Testament, les ennemis du prophète sont jaloux et cherchent à se débarrasser de lui. Comme ils ne trouvent rien à lui reprocher, ils décident de le coincer grâce à sa foi monothéiste. Ils manipulent l'empereur Darius, le père de Xerxès, en flattant son orgueil. C'est un peu comme dans la fable du corbeau et du renard. Finalement, Darius ne se sent plus et accepte d'émettre un décret dans tout l'empire selon lequel lui seul peut être adoré comme dieu. Je cite le passage:

Tous les ministres de l'empire, les préfets et les satrapes, les conseillers et les gouverneurs ont décidé à l'unanimité en conseil qu'il fallait publier un édit impérial pour mettre en vigueur une interdiction stricte. Selon cet édit, quiconque, pendant les trente jours qui suivent, adressera une prière à quelque dieu ou quelque homme que ce soit, si ce n'est à toi, Majesté, sera jeté dans la fosse aux lions (Daniel 6.8).

Or, la Loi de Moïse interdisait strictement d'adorer qui que ce soit d'autre que l'Éternel. Je cite le commandement:

Tu n'auras pas d'autre dieu que moi. Tu ne te prosterneras pas devant des idoles et tu ne leur rendras pas de culte, car moi, l'Éternel, ton Dieu, je suis un Dieu qui ne tolère aucun rival (Exode 20.3, 5).

Aujourd'hui, les multitudes se courbent non plus devant un homme, mais devant la divinité de l'argent et devant Éros, celle du sexe, surtout dans nos sociétés occidentales. Haman ne se faisait pas passer pour une divinité, mais il était Amalécite et Mardochée le Juif n'allait pas lui accorder la moindre parcelle de respect.

Verset 5

Je continue le texte.

Quand Haman eut constaté que Mardochée ne s'agenouillait pas et ne se prosternait pas devant lui, il devint furieux (Esther 3.5).

Il semble que jusqu'à présent Haman n'ait pas pris garde à Mardochée. Qu'est-ce qu'une personne dans la foule? Mais maintenant que les serviteurs du roi le lui ont fait remarquer, c'est un défi à son pouvoir et il en est malade. Ce refus revêt à ses yeux une très grande importance, car pour lui c'est un crime de lèse-majesté. Ce passage révèle sa petitesse; il aurait dû ignorer Mardochée, mais non, en bon mégalomane, il faut que toute la terre s'incline devant lui; il veut rivaliser avec l'empereur. Plus tard, il va même aller jusqu'à pleurer dans les jupons de sa femme parce que ce Juif ne l'honore pas.

Verset 6

Je continue.

On lui avait appris à quel peuple Mardochée appartenait, et il jugea insuffisant de porter la main sur Mardochée seulement. Il résolut donc d'exterminer tous les Juifs, compatriotes de Mardochée, qui se trouvaient dans tout l'empire de Xerxès (Esther 3.6).

Nous arrivons au premier grand tournant de cette histoire; la tension vient d'atteindre un premier plateau. Cet homme machiavélique ne va pas s'en prendre rien qu'à Mardochée, mais à tout le peuple juif. C'est le premier cas d'antisémitisme de grande envergure rapporté par un livre d'histoire. Haman rêve d'un immense bain de sang qui lavera l'offense qu'il a subie. La menace qui pèse sur les Israélites est très sérieuse.

Si le massacre s'étend effectivement à toutes les provinces, cela veut dire que les Juifs qui sont retournés dans leur pays en Palestine sont concernés. Eux aussi seront exterminés et la nation d'Israël renaissante disparaîtra. L'heure est grave, car si Haman réussit, les promesses que Dieu a faites aux ancêtres d'Israël et son plan pour l'humanité seront rendues caduques. Bien entendu, cela est impossible. Dans un des livres de l'Ancien Testament, en parlant de l'Éternel, il est écrit:

Je sais que tu peux tout, et que rien ne saurait t'empêcher d'accomplir les projets que tu as conçus (Job 42.2).

Les hommes peuvent bien concevoir autant de stratagèmes diaboliques qu'ils veulent, Dieu retournera toutes les situations qui vont à l'encontre de sa volonté. Il a toute une panoplie d'interventions possible: les démons, les anges, les miracles, le hasard, les actions humaines bonnes ou mauvaises, les concours de circonstances et que sais-je encore. Haman ne sait pas encore qu'en s'attaquant aux Juifs, il s'en est pris au Dieu du ciel. Lorsqu'il s'en apercevra, ce sera trop tard. Parmi les promesses qu'il avait faites à Abraham, l'Éternel a dit:

Je bénirai ceux qui te béniront et je maudirai ceux qui t'outrageront (Genèse 12.3).

Comme je l'ai déjà signalé, une malédiction particulière pèse depuis toujours sur les Amalécites. Je la rappelle:

Puisqu'on s'est attaqué au trône de l'Éternel, l'Éternel fera la guerre à Amalec de génération en génération (Exode 17.16).

Le projet d'Haman va mal finir. Il aura son bain de sang, mais les victimes ne seront pas celles qu'il escomptait. Depuis que les Juifs sont le peuple choisi, ils assistent aux funérailles de tous les régimes qui ont tenté de les exterminer. Les promesses que Dieu a faites à Abraham tiennent toujours.

Verset 7

Je continue le texte.

Le premier mois, c'est-à-dire le mois de Nisan de la douzième année du règne de Xerxès, Haman fit tirer au sort? ce qui se dit «Pour»? en passant en revue un jour après l'autre et un mois après l'autre. Le sort tomba sur le douzième mois qui est le mois d'Adar (Esther 3.7).

Jour après jour, la haine d'Haman augmentait, car chaque fois qu'il passait par la porte du seuil, tout le monde se prosternait bien bas sauf le Juif Mardochée. Comme la majorité des Perses, le grand vizir est très superstitieux, c'est pourquoi il a recours à un tirage au sort afin de déterminer le jour favorable pour l'exécution de son plan meurtrier. L'auteur donne ici l'explication sémantique de l'appellation fête de Pourim. Son nom vient de tirer au sort , qui se dit pour en perse.

Bien que les grands massacres aient toujours été chose assez banale en Orient, ce que préparait Haman était de très grande envergure, il fallait donc qu'il s'assure la faveur des dieux. Il ne se laissa pas détourner de son projet par la décision du pour qui semblait pourtant en éloigner l'exécution le plus loin possible. L'auteur laisse entendre que l'Éternel agit dans les coulisses de l'Histoire en accordant à son peuple près d'une année pour déjouer ce complot. Mardochée et Esther, qui est maintenant reine depuis 5 ans, auront le temps d'arrêter ce funeste projet et de faire donner des ordres contraires.

Cette histoire témoigne que c'est le Dieu d'Israël et non pas les divinités perses, babyloniennes ou le destin qui dirige le cours des choses et le monde.

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