Études bibliques

Chapitre 15

Versets 37-41

Peut-être bien qu'un jour vous avez remarqué que certains Juifs orthodoxes portaient des habits très typés et vous êtes-vous demandé à quoi pouvaient bien servir les cordons au bas du vêtement. La réponse est dans le texte à la fin du chapitre 15 du livre des Nombres. Je le lis.

L'Éternel dit à Moïse:? Parle aux Israélites pour leur dire de se faire, eux et tous leurs descendants, des cordons bouclés aux quatre coins de leurs vêtements, en passant dans chacun un cordon de pourpre violette. Ainsi, lorsque vous les verrez, vous penserez à tous les commandements de l'Éternel pour les appliquer et vous ne vous égarerez pas en suivant les désirs de votre coeur et de vos yeux qui vous incitent à l'infidélité. Ainsi vous vous souviendrez de tous mes commandements, vous y obéirez, et vous serez saints pour votre Dieu. Je suis l'Éternel, votre Dieu, qui vous ai fait sortir d'Égypte pour être votre Dieu. Oui, je suis l'Éternel, votre Dieu (Nombres 15.37-41).

Aujourd'hui encore, ces cordons bouclés font partie de la profession de foi de tout Juif. D'un bleu foncé éclatant comme la couleur du ciel, leur but est d'attirer les regards en étant volontairement tape-à-l'oeil afin de rappeler à l'attention de l'Israélite les commandements de la loi. La vue de ces pense-bêtes devait détourner les pensées et les regards des vices et des choses vaines de ce bas monde, propres à inciter la convoitise et susciter la désobéissance aux ordonnances divines. Jésus aussi portait ce genre de vêtement avec les cordons bouclés. Cependant, pour ce qui est des Israélites, cela n'a pas servi à grand-chose, car dans le chapitre suivant il est à nouveau question de révoltes à main levée, c'est-à-dire de rébellions dirigées contre l'Éternel.

La première est menée contre le ministère sacerdotal du grand-prêtre Aaron institué par la Loi, par un Lévite qui s'appelle Qoré. La deuxième est dirigée par 3 responsables de la tribu de Ruben contre l'autorité de Moïse accusé d'avoir privé le peuple de tous les avantages dont il jouissait en Égypte pour le condamner à une existence affreuse dans le désert. Ces deux événements sont les seuls qui nous soient relatés concernant cette période aride de 39 ans à tourner en rond dans le désert. Ces soulèvements sont la preuve que malgré les châtiments de l'Éternel, le peuple était toujours mu par un sentiment de révolte contre lui.

Quoique différentes, ces deux conspirations sont sous-tendues par des objectifs communs: renverser le pouvoir en place. Les mécontents ont donc formé une coalition dans le but de déclencher un véritable coup d'État. Pour se révolter efficacement contre le sacerdoce d'Aaron, il était indispensable de renverser Moïse qui l'avait établi. Et pour cela, il fallait supprimer tout le système de médiation entre le peuple et Dieu, donc la prêtrise avec Aaron en tête. On en voulait pour une raison ou pour une autre à ces deux frères qui semblaient avoir concentré entre leurs mains tout le pouvoir politique et religieux de la nation. Cet épisode malheureux est rappelé à plusieurs reprises dans les Textes Sacrés comme avertissements, comme exemples à ne pas suivre.

Chapitre 16

Versets 1-3

Je commence à lire le chapitre 16.

Qoré, un lévite (fils de Yitsehar, de la famille des Qehatites), conspira avec trois Rubénites: Datan, Abirâm (fils d'Éliab) et On (fils de Péleth). Ils se soulevèrent contre Moïse avec deux cent cinquante autres Israélites, des chefs de la communauté, des membres du conseil, des hommes considérés. Ils s'attroupèrent autour de Moïse et d'Aaron et leur lancèrent:? C'en est assez ! C'est la communauté tout entière qui est sainte et l'Éternel est au milieu de nous tous. De quel droit vous mettez-vous au-dessus de la communauté de l'Éternel? (Nombres 16.1-3).

Il s'agit à la fois d'une revendication d'ordre religieux contre le monopole sacerdotal, et d'ordre politique, contre le pouvoir monarchique de Moïse. Mais c'est Qoré le rebelle qui mène le bal. C'est à lui que se sont joints ces 250 hommes pour protester contre les privilèges d'Aaron et de Moïse. Ce qui est surprenant c'est que cette fronde n'était pas composée d'un ramassis de désoeuvrés, tant s'en faut ! C'étaient tous des hommes qui avaient une autorité en Israël. La notoriété des chefs est une condition sine qua non pour la réussite d'un coup d'État.

Ce soulèvement n'était pas une mince affaire. En surface, la revendication de Qoré est l'accès de tous à la prêtrise. Dans la réalité, ce qui le poussa à la révolte, c'était la jalousie du simple Lévite qu'il était vis-à-vis de la position supérieure de Moïse et des prêtres en général. Qoré était pourtant le cousin germain de Moïse. Ils avaient tous deux le même grand-père. Il n'arrivait pas à encaisser la position prépondérante de son cousin germain et lui a donc reproché d'être un despote.

Mais cette accusation n'avait strictement aucun fondement. Ce brave Moïse n'usurpait rien du tout. Il était un homme des plus humbles. Il n'avait jamais désiré cette lourde responsabilité qu'était la sienne. Lorsque l'Éternel l'appela du milieu d'un buisson ardent, il s'est tordu dans tous les sens, essayant par tous les moyens d'échapper à ce que Dieu lui demandait. Il ne se sentait pas capable d'assumer une si grande tâche. Il essaya en vain de plaider son manque d'élocution et son petit statut social, mais rien n'y fit et Dieu se fâcha. Il l'avait choisi, un point c'est tout. Tout le monde sait que la jalousie est un vice des plus pernicieux. C'est aussi ce qu'enseigne l'Ancien Testament. Je cite un texte:

La fureur est cruelle et la colère impétueuse, Mais qui tiendra devant la jalousie? (Proverbes 27.4).

Toujours selon les Textes Sacrés, avec l'amour et la haine, la jalousie fait partie des trois composantes principales de la vie d'un être humain (Ecclésiaste 9.6). Cette opinion de l'homme exprimée par les Écritures en dit long sur ce que nous sommes aux yeux de Dieu. Pour en revenir à cette fronde menée par Qoré, l'Éternel avait attribué à chacun sa place et son rang en Israël. Cette rébellion était dirigée contre lui et demandait à être réprimée. Des mesures draconiennes devaient être prises rapidement.

Versets 4-7

Je continue.

En entendant ces reproches, Moïse se jeta face contre terre. Puis il s'adressa à Qoré et à toute sa troupe en disant:? Demain matin, l'Éternel fera connaître celui qui lui appartient et qui est saint et peut venir en sa présence: il fera approcher de lui celui qu'il choisira. Voilà donc ce que vous ferez: Que Qoré et tous ses partisans prennent des encensoirs, qu'ils les remplissent demain de charbons embrasés, et y répandent de l'encens devant l'Éternel. C'est celui que l'Éternel choisira, qui est saint. C'en est assez, descendants de Lévi ! (Nombres 16.4-7).

Moïse blâme particulièrement les Lévites pour cette insurrection et pour le moment engage la lutte avec Qoré et son parti. La face contre terre, il invoque l'Éternel, qui lui dit comment agir dans cette affaire. Sur l'ordre de Dieu, Moïse avait institué la classe des prêtres issus d'une certaine famille, et qui, en vertu d'une consécration rituelle particulière et complexe, avaient seuls le privilège d'entrer dans le lieu saint et de faire fumer de l'encens. L'épreuve fixée au lendemain montrera si Moïse a outrepassé ses pouvoirs et si l'Éternel accorde réellement à tout Israélite le droit de s'approcher de son autel. Chaque émeutier devait se munir d'une pelle à braises en bronze afin de fumer l'encens.

Versets 8-11

Je continue.

Puis Moïse ajouta à l'adresse de Qoré:? Écoutez-moi bien, vous les lévites ! Ne vous suffit-il pas d'avoir été mis à part du reste de la communauté d'Israël par le Dieu d'Israël qui vous permet de l'approcher pour faire le service du tabernacle de l'Éternel et pour vous tenir devant la communauté en accomplissant un ministère en sa faveur? Il vous permet, à toi et à tous tes frères lévites, de vous approcher de lui, et vous réclamez en plus le sacerdoce ! C'est pour cela que toi et toute ta troupe, vous vous liguez contre l'Éternel ! Car en fait, qui est Aaron pour que vous protestiez contre lui? (Nombres 16.8-11).

Après avoir d'abord parlé à ceux qui s'étaient rangés aux côtés de Qoré, Moïse s'en prend plus particulièrement aux Lévites, dont Qoré faisait d'ailleurs partie, et qui se sont joints aux contestataires pour réclamer l'accès au sacerdoce. Il leur reproche de s'être associés aux rebelles qui veulent abolir la prêtrise d'Aaron, alors qu'ils ont pourtant été appelés à une position privilégiée parmi tous les autres Israélites, puisqu'ils font le service autour du Tabernacle et sont chargés de le démonter, transporter et remonter. En leur disant: vous réclamez en plus le sacerdoce , Moïse dévoile ici la vraie raison de leur protestation. Le sacerdoce universel, qu'ils présentent comme leur revendication, n'est qu'un écran de fumée.

Après avoir dépouillé Aaron et sa famille de la prêtrise, ils comptent s'en emparer pour eux-mêmes. C'est ça leur véritable objectif. En leur disant: vous vous liguez contre l'Éternel, Moïse les met en garde contre leur participation à l'épreuve du lendemain. Ils se rendent coupables de ce que les Textes Sacrés appellent «Tenter Dieu», et ça, c'est très dangereux . Ils s'en prennent également au pauvre Aaron qui n'y est pour rien, lui dans son rôle de grand-prêtre. Il n'est qu'un simple serviteur, qui ne s'est rien arrogé de lui-même et qui n'a fait que recevoir le sacerdoce que l'Éternel lui a donné. Le lui contester, c'est donc se révolter contre les dispositions divines.

Versets 12-15

Je continue le texte.

Puis Moïse envoya chercher Datan et Abirâm, fils d'Éliab. Mais ceux-ci lui répondirent:? Nous n'irons pas ! Ne te suffit-il pas de nous avoir fait quitter un pays ruisselant de lait et de miel pour nous faire mourir au désert? Faut-il encore que tu t'ériges en dictateur au-dessus de nous? Ce n'est pas dans un pays ruisselant de lait et de miel que tu nous as conduits ! Ce ne sont pas des champs et des vignes que tu nous as donnés en possession ! Prends-tu tous ces gens-là pour des aveugles? Non, nous n'irons pas ! Moïse entra dans une violente colère et il dit à l'Éternel:? N'accepte pas leur offrande ! Je n'ai jamais rien pris de ce qui leur appartenait, pas même un âne, et je n'ai fait de tort à aucun d'eux (Nombres 16.12-15).

L'expression «un pays ruisselant de lait et de miel» est la description traditionnelle et proverbiale de la Palestine. Les rebelles l'appliquent à l'Égypte. La terre de servitude est à leurs yeux étrangement transformée en paradis. Moïse prend à part successivement chaque groupe d'émeutiers. Ces Datan et Abirâm sont de la tribu de Ruben qui campait à proximité de la famille de Qoré, ce qui a facilité cette double conspiration. Le patriarche Ruben était l'aîné des fils de Jacob, mais il a été dépossédé de sa position de premier-né parce qu'il s'était rendu coupable d'inceste avec une femme de second rang de son père.

Il semble que ses descendants blâmaient Moïse en quelque sorte pour leur perte de prééminence de fils aîné. Moïse proteste contre l'accusation qui lui est faite d'avoir usurpé le pouvoir. Il se dit désintéressé, ayant gouverné sans avoir prélevé sur eux le moindre impôt. C'est à Dieu qu'il en appelle devant tout le peuple.

Versets 16-19

Je continue le texte.

Moïse dit à Qoré:? Toi et toute ta troupe, présentez-vous demain avec Aaron devant l'Éternel. Prenez chacun votre encensoir, mettez-y de l'encens et présentez-vous devant l'Éternel avec vos deux cent cinquante encensoirs; toi aussi et Aaron vous tiendrez chacun le vôtre. Chacun prit donc son encensoir et y mit des charbons ardents qu'il couvrit d'encens. Ils se placèrent tous à l'entrée de la tente de la Rencontre, de même que Moïse et Aaron. Qoré avait rassemblé toute la communauté à l'entrée de la tente de la Rencontre en l'excitant contre eux (Nombres 16.16-19).

Moïse déclare une ordalie pour le lendemain. Dieu va trancher dans cette affaire. Lévites et Israélites ordinaires se préparent à fumer l'encens, une fonction strictement réservée aux prêtres dûment ordonnés par l'Éternel. Qoré est à leur tête. Il a pris l'initiative de mobiliser le peuple devant l'entrée du Tabernacle, ce qui était une usurpation manifeste de l'autorité de Moïse, qui seul avait le droit de faire une pareille convocation. Il est quand même étonnant qu'une bonne partie de l'assemblée ait répondu à l'appel de rébellion de Qoré.

Cet empressement du peuple à fronder est une nouvelle offense contre Dieu. Ils sont venus là comme si c'était pour assister à une coupe de football ou une représentation de cirque ou pire encore une bataille de gladiateurs. Ils se bousculent, ils veulent tous les premières places. Ils attendent le spectacle son et lumière. Je les entends presque crier: Du sang ! Du sang ! Ils vont en avoir pour leur argent. La crise a atteint son paroxysme.

Versets 20-22

Je continue.

Soudain, la gloire de l'Éternel apparut à toute l'assemblée. L'Éternel parla à Moïse et à Aaron en ces termes:? Séparez-vous du milieu de cette communauté, et je les consumerai en un seul instant ! Mais ils se jetèrent face contre terre et prièrent:? Ô Dieu ! Dieu qui disposes du souffle de vie de toutes les créatures, t'emporteras-tu contre toute la communauté alors qu'un seul homme a péché? (Nombres 16.20-22).

La gloire de l'Éternel s'est révélée par un soudain éclat resplendissant de la nuée. C'est la troisième fois que l'Éternel menace de détruire tout le peuple. Ici encore, Moïse avec Aaron monte sur la brèche et intercède afin que Dieu épargne Israël.

Versets 23-27

Je continue.

L'Éternel répondit à Moïse:? Parle à la communauté et ordonne-leur de s'écarter des abords des tentes de Qoré, de Datan et d'Abirâm. Moïse se releva et, suivi des responsables d'Israël, il marcha vers Datan et Abirâm, et il dit à la communauté:? Éloignez-vous des tentes de ces hommes méchants et ne touchez à rien de ce qui leur appartient, si vous ne voulez pas périr, vous aussi, à cause de toutes leurs fautes ! Aussitôt, on s'éloigna des tentes de Qoré, de Datan et d'Abirâm. Datan et Abirâm sortirent et se postèrent à l'entrée de leurs tentes avec leurs femmes, leurs fils et leurs enfants (Nombres 16.23-27).

Alors qu'Aaron est dans le sanctuaire avec les 250 rebelles, Moïse s'occupe des autres révoltés. Il reçoit l'ordre de faire le vide dans le camp autour des tentes des trois principaux coupables: celle de Koré au sud du tabernacle et un peu plus loin, dans la même direction, celles de Datan et d'Abirâm. Il faut se représenter la scène. C'est noir de monde. Il y a plusieurs centaines de milles de personnes qui étant accourues remplissaient non seulement l'espace devant l'entrée du tabernacle, mais toute cette partie du camp.

Il est intéressant de remarquer qu'au tout début de cette rébellion, il y avait quatre dirigeants: les trois que je viens de citer, ainsi qu'un dénommé «On ». Et puis, on n'entend plus parler de lui du tout. Où est-il donc passé? Ça me rappelle dans l'Évangile le bon larron comme on l'appelle, celui qui fut crucifié à côté du Christ. Tout au début, il insultait Jésus tout comme son compagnon de misère. Et puis au bout d'un moment, un déclic s'est produit dans sa tête et surtout dans son coeur et il a complètement changé son fusil d'épaule. Il a invoqué la miséricorde du Christ qui lui a immédiatement répondu. Je lis le passage:

Puis il ajouta:? Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras régner. Et Jésus lui répondit:? Vraiment, je te l'assure: aujourd'hui même, tu seras avec moi dans le paradis (Luc 23.42-43).

Ce «On » a lui aussi dû réaliser qu'il faisait fausse route et que tout ça finirait très mal pour lui. Bon lui en a pris. C'est comme s'il s'était retiré du comité de salut public juste à temps. Il va ainsi échapper à la guillotine.

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