Études bibliques

Chapitre 3

Verset 1

Luc est médecin de profession, mais en ce qui nous concerne, un historien hors pair. Il introduit et enracine les ministères de Jean-Baptiste et du Christ dans l'histoire profane de son époque. Tibère est alors l'empereur mégalomaniaque de service. Quant à lui, Ponce Pilate fut nommé gouverneur ou plutôt préfet de la Judée, où se situe Jérusalem, à partir de l'an 26 et exerça sa fonction jusqu'en 36. Il s'opposait généralement aux Juifs qu'il méprisait. Selon l'historien hébreu Flavius Josèphe, Pilate a versé beaucoup de sang juif en Judée et en Samarie, la province au nord de celle-ci. En bon despote, il aurait aussi puisé dans le trésor du temple. Hérode Antipas est celui qui élimina Jean-Baptiste. Il régna de l'an 4 av. J-C à l'an 39. Son royaume était sous la botte de Rome.

Verset 2

Je continue le texte avec d'autres noms qui situent l'histoire de Jean-Baptiste et de Jésus-Christ.

Hanne et Caïphe étaient grands-prêtres. Cette année-là, Dieu confia son message à Jean, fils de Zacharie, dans le désert (Luc 3.2).

Les Juifs ne reconnaissaient qu'un souverain sacrificateur et qui exerçait sa fonction à vie. Anne fut le grand-prêtre de l'an 6 av. J-C à l'an 15. Puis il fut destitué de cet office par le gouverneur romain, Pilate. Son gendre, Caïphe, fut désigné à sa place. Les Juifs continuèrent cependant à considérer Anne comme légitime et c'est pourquoi les deux noms sont cités par Luc. C'est dans ces circonstances que Jean-Baptiste apparaît sur scène. Normalement, il aurait dû devenir prêtre et servir dans le temple comme son père Zacharie. Mais il reçut un appel de Dieu particulier et commença une vie d'ermite dans le désert à l'exemple d'Élie, un fameux prophète de l'Ancien Testament.

Verset 3

Je continue.

Jean se mit à parcourir toute la région du Jourdain. Il appelait les gens à se faire baptiser pour indiquer qu'ils changeaient de vie afin de recevoir le pardon de leurs péchés (Luc 3.3).

Jean-Baptiste commence ici un ministère prophétique dans la tradition de l'Ancien Testament. Personnage pittoresque, mal ou pas rasé, négligé, vêtu de poils de chameau, il se nourrissait de miel sauvage et de sauterelles. Il n'a rien pour plaire et son message rébarbatif n'est pas du genre populaire. Son rôle est l'appel à la repentance de tous les Juifs afin de les préparer à la venue du Messie. Il invite tous ses auditeurs à se détourner de la voie du mal qu'ils suivent pour la plupart, pour adhérer pleinement à l'observation de la loi, surtout au niveau moral. Pour ce qui est du rituel, il n'y en avait que trop, en particulier de la part des religieux. Le baptême d'eau ne purifiait personne comme la suite le montrera.

Versets 4-6

Je continue.

Ainsi s'accomplit ce que le prophète Ésaïe avait écrit dans son livre: On entend la voix de quelqu'un qui crie dans le désert: Préparez le chemin pour le Seigneur, faites-lui des sentiers droits. Toute vallée sera comblée, toute montagne et toute colline seront abaissées, les voies tortueuses deviendront droites, les chemins rocailleux seront nivelés, et tous les hommes verront le salut de Dieu (Luc 3.4-6).

Cette citation éclaire le ministère de Jean-Baptiste. Il s'agit pour lui de préparer l'intervention de Dieu lui-même en faveur de son peuple par l'intermédiaire de Jésus-Christ, le serviteur de l'Éternel. Lorsqu'un roi voyageait dans le désert, des serviteurs le précédaient pour aplanir le chemin et enlever tout ce qui pouvait l'encombrer, afin de rendre le voyage du roi le plus agréable possible. C'est un peu comme quand on joue aux boules, surtout à la façon lyonnaise. On enlève tous les grattons pour que ça roule bien.

Dans la citation du prophète, l'aplanissement en vue est une expression imagée dans laquelle le chemin désigne le coeur des auditeurs. Un nombre d'entre eux fut ainsi préparé intérieurement à accueillir le message de Jésus. Luc cite plus longuement le texte d'Ésaïe lorsqu'il dit: et tous les hommes verront le salut de Dieu. Il rappelle de cette manière, la portée universelle du salut parce qu'il écrit d'abord pour les Grecs, c'est-à-dire les non-Juifs.

Versets 7-9

Je continue.

Jean disait à ceux qui venaient en foule se faire baptiser par lui:? Espèces de vipères ! Qui vous a enseigné à fuir la colère de Dieu qui va se manifester? Montrez plutôt par vos actes que vous avez changé. Ne vous contentez pas de répéter en vous-mêmes: «Nous sommes les descendants d'Abraham !» Car, regardez ces pierres: je vous déclare que Dieu peut en faire des enfants d'Abraham. Attention ! La hache est sur le point d'attaquer les arbres à la racine: tout arbre qui ne porte pas de bon fruit sera coupé et jeté au feu (Luc 3.7-9).

Jean-Baptiste n'était pas un pied tendre. Il s'adresse au peuple avec une grande sévérité et les place devant les dures réalités spirituelles de la vie. Il y a une colère à venir qui n'épargnera personne, pas même les descendants d'Abraham. À l'époque du Nouveau Testament, les arbres qui ne portaient pas quelque chose d'utile étaient considérés comme superflus, abattus et brûlés. Il en sera de même de toute personne, qui ne porte pas les fruits de l'obéissance à Dieu, telle qu'elle est amplement décrite dans la Loi de Moïse.

Versets 10-11

Je continue.

Les foules lui demandèrent alors:? Que devons-nous faire? Il leur répondit:? Si quelqu'un a deux tuniques, qu'il en donne une à celui qui n'en a pas. Si quelqu'un a de quoi manger, qu'il partage avec celui qui n'a rien (Luc 3.10-11).

Sous l'Ancienne Alliance, une personne démontrait sa repentance par des manifestations externes: par exemple en donnant généreusement de son surplus des nécessités de la vie. La tunique ressemblait à une grande chemise et les gens qui en avaient plus d'une en portaient souvent deux.

Versets 12-14

Je continue.

Il y avait des collecteurs d'impôts qui venaient se faire baptiser. Ils demandèrent à Jean:? Maître, que devons-nous faire?? N'exigez rien de plus que ce qui a été fixé, leur répondit-il. Des soldats le questionnèrent aussi:? Et nous, que devons-nous faire?? N'extorquez d'argent à personne et ne dénoncez personne à tort: contentez-vous de votre solde (Luc 3.12-14).

Les collecteurs d'impôts étaient à la solde de l'occupant romain. C'étaient des collabos en somme, et qui de plus tiraient grand profit de leur position en exigeant davantage que ce qui était requis. Ces soldats, qui apparaissent ici, sont soit romains, soit au service du roi Hérode. Ils avaient une forte tendance à user de la force pour extorquer le peuple. Bien sûr, ces deux groupes étaient profondément méprisés par les Juifs. Le message de Jean-Baptiste était des plus pratiques. Mais il faut se souvenir que cette attitude droite qu'il prônait n'était qu'une préparation au salut véritable que le Messie allait apporter.

Alors que Jean-Baptiste demandait à ses auditeurs une manifestation extérieure de la repentance, Jésus exigeait de ses disciples une attitude intérieure irréprochable. En soi, une bonne conduite, bien que recommandable, ne va jamais gagner le paradis à quiconque, car le bien que je fais aujourd'hui n'efface pas le mal que j'ai commis hier. Seul le sang du Christ sur la croix peut effacer mes fautes.

Versets 15-17

Je continue.

Le peuple était plein d'espoir et chacun se demandait si Jean n'était pas le Messie. Il répondit à tous:? Moi je vous baptise dans l'eau. Mais quelqu'un va venir, qui est plus puissant que moi. Je ne suis même pas digne de dénouer la lanière de ses sandales. Lui, il vous baptisera dans le Saint-Esprit et le feu. Il tient en main sa pelle à vanner, pour nettoyer son aire de battage, et il amassera le blé dans son grenier. Quant à la bale, il la brûlera dans un feu qui ne s'éteindra jamais (Luc 3.15-17).

La foule commence à se demander si Jean-Baptiste n'est pas le Messie. Alors, il établit une distinction entre son baptême d'eau et celui du Christ qui sera du Saint-Esprit et de feu. L'oeuvre de l'Esprit s'accomplit lors de la Pentecôte, lorsque les disciples furent remplis du Saint-Esprit et se mirent à prêcher dans les langues de tous les peuples, qui étaient rassemblés à Jérusalem pour la fête de Pâque.

Le baptême de feu est un jugement, qui va commencer à s'accomplir lors du ministère de Jésus sur terre, et qui trouve son apogée à la fin des temps lors de son retour glorieux tel qu'il est décrit dans l'Apocalypse, le dernier livre du Nouveau Testament.

Versets 18-20

Je continue.

Jean adressait encore beaucoup d'autres recommandations au peuple et lui annonçait la Bonne Nouvelle. Mais il reprocha au gouverneur Hérode d'avoir épousé Hérodiade, la femme de son demi-frère, et d'avoir commis beaucoup d'autres méfaits. Hérode ajouta encore à tous ses crimes celui de faire emprisonner Jean (Luc 3.18-20).

Hérode Antipas vivait avec sa belle-soeur qui avait quitté Hérode Philippe, son mari. La famille des Hérode est citée dans la gazette du coin pour une sombre affaire de moeurs somme toute banale. Le tyran #1 se démarque en emprisonnant Jean-Baptiste.

Versets 21-22

Je continue.

Tout le peuple accourait vers Jean pour se faire baptiser. Jésus fut aussi baptisé. Or, pendant qu'il priait, le ciel s'ouvrit et le Saint-Esprit descendit sur lui, sous une forme corporelle, comme une colombe. Une voix retentit alors du ciel:? Tu es mon Fils bien-aimé. Tu fais toute ma joie (Luc 3.21-22).

Luc n'essaie pas de présenter les événements dans leur ordre chronologique. Par contre, il donne des détails qui lui sont spécifiques. Ainsi, il est le seul des évangélistes à mentionner que Jésus était en prière lorsque le Saint-Esprit descendit sur lui sous la forme d'une colombe. C'est d'ailleurs à cause de cet événement que cet oiseau est devenu l'emblème de la paix. En écrivant que le ciel s'ouvrit, Luc souligne par là que Dieu entrait dans l'histoire humaine avec une révélation fracassante par laquelle il déclarait souverainement que Jésus était son Fils. La Trinité divine se révéla au baptême du Christ. Dieu le Père parle à Dieu le Fils sur lequel descend Dieu le Saint-Esprit.

Verset 23

Je continue le texte.

Jésus avait environ trente ans quand il commença à exercer son ministère. Il était, comme on le pensait, le fils de Joseph, dont voici les ancêtres (Luc 3.23).

Jésus a commencé son oeuvre terrestre en l'an 29 de notre ère. L'expression «environ trente ans» indique qu'Il avait la maturité requise pour remplir un ministère. C'est en effet à cet âge que ceux qui étaient appelés à servir dans une capacité importante commençaient à l'exercer. Il en fut ainsi de Joseph lorsqu'il entra au service du pharaon, ce qui est raconté dans le livre de la Genèse. David aussi avait 30 ans quand il devint roi, et c'est pareil pour tous les Lévites, c'est-à-dire, ceux, dont le rôle est d'assurer le bon fonctionnement du temple.

Le reste du chapitre est consacré à une généalogie, à priori, une longue liste barbante de 76 noms. En fait, en y regardant de plus près c'est presque intéressant. Luc fait du chassé-croisé. Il commence par une phrase ambivalente qui est: Jésus était, comme on le pensait, le fils de Joseph, dont voici les ancêtres. Puis, il cite quelqu'un du nom d' Héli. Luc nous dit premièrement que c'est une opinion erronée que Jésus soit fils de Joseph du point de vue biologique. Par contre, il est bien son fils juridiquement et donc par lui descendant de David, l'ancêtre royal par excellence.

Mais après avoir cité le nom de Joseph, il remonte à un dénommé Héli, qui n'a rien à voir avec Joseph, puisque c'est le papa de Marie. Je me résume. Luc va de Jésus à Joseph au père de Marie. C'est ça que j'appelle un chassé-croisé. Le reste du chapitre est maintenant consacré à la généalogie de la mère du Christ. Luc continue en remontant jusqu'au roi David en passant par un de ses fils, qui s'appelle Nathan.

Donc, si je peux me permettre un petit abus de langage, le sang de David coulait dans les veines de Marie et donc de Jésus. Matthieu aussi, dans son Évangile, donne la généalogie du Christ. Mais lui, il remonte à David en passant par le roi Salomon, un autre fils de David et demi-frère de Nathan que mentionne Luc. Matthieu commence par Abraham, le premier Juif pour ainsi dire, et donne la ligne royale légale qui descend jusqu'à Joseph.

La généalogie présentée par Luc est inversée par rapport à Matthieu et commence par Jésus, puis le papa de Marie pour remonter jusqu'à Adam puis à Dieu lui-même. Luc nous donne la lignée des ancêtres de Marie, je le rappelle. Il ressort de tout cela d'une part que Jésus est de la lignée de David à la fois par Joseph, son père adoptif et Marie sa mère. D'un côté, il est l'héritier légal au royaume, et de l'autre, par Marie il y a droit physiquement.

D'autre part, fidèle à lui-même, Luc se soucie des païens. En effet, la généalogie qu'il nous donne ne s'arrête pas à Abraham comme celle de Matthieu. Elle continue au-delà vers le haut en passant par tous ses ancêtres jusqu'à Adam, le premier homme. En agissant ainsi, Luc inclut toute une lignée de non-Juifs. C'est sa façon de souligner une fois encore que l'offre de salut est universelle. Jésus est venu pour toute l'humanité et pas seulement pour les Israélites. Ça suffit comme détails et je vous fais grâce de la liste des 76 noms.

Chapitre 4

Versets 1-2

Nous voilà donc placer devant le chapitre 4 de l'Évangile de Luc dans lequel l'auteur reprend le récit de la préparation de Jésus à son ministère tout de suite après son baptême. Il va d'abord être question de la tentation du Christ par le diable, un épisode également mentionné par Matthieu et Marc. Je rappelle que Luc a présenté Jésus en tant que descendant d'Adam, ce qui l'a fait remonter jusqu'au début de la race humaine. Il est le Fils de l'homme par excellence et il va devoir faire ses armes, faire ses preuves en quelque sorte en confrontant Satan, celui qui a fait chuter nos premiers parents dans le jardin d'Éden, le paradis perdu. Jésus a dû faire face aux puissances des ténèbres, au problème et au mystère fondamental qu'est le mal. Je commence à lire.

Jésus, rempli de l'Esprit Saint, revint du Jourdain et le Saint-Esprit le conduisit dans le désert où il fut tenté par le diable durant quarante jours. Il ne mangea rien durant ces jours-là, et, quand ils furent passés, il eut faim (Luc 4.1-2).

Nous ne savons pas vraiment ce qui s'est exactement passé pendant tout ce temps qu'a duré la tentation, ni sous quelle forme le diable est apparu à Jésus. Aucun texte ne donne une réponse à ces questions. L'histoire commence au bout de cette période de 40 jours. Ce nombre correspond à celui de l'épreuve. Ainsi, Israël marcha dans le désert pendant 40 ans. La première chose, que le récit nous apprend, est que le Seigneur en tant qu'homme a engagé la bataille en étant rempli du Saint-Esprit.

Luc insiste tout particulièrement sur l'oeuvre de l'Esprit de Dieu dans le cadre du ministère de Jésus. Ainsi, c'est sous son contrôle que le Christ va affronter le diable, l'ennemi de l'homme par excellence et vaincre cet adversaire. C'est aussi sous sa direction qu'il va s'introduire en territoire ennemi dans le désert pour y être mis à l'épreuve. La tradition situe ce lieu dans une contrée aride au nord-ouest de la mer Morte.

C'est encore rempli de la puissance du Saint-Esprit qu'il va commencer son ministère en Galilée, ce que dit le texte un peu plus loin. C'est encore le Saint-Esprit qui explique l'autorité de son enseignement, son pouvoir sur les démons, ainsi que les guérisons qu'il fait. Jésus se soumet continuellement à sa direction et agit en harmonie avec ses intentions tout au long de son pèlerinage terrestre. L'apôtre Paul exhorte les premiers chrétiens à suivre l'exemple du Christ, lorsqu'il écrit:

Je vous dis donc ceci: laissez le Saint-Esprit diriger votre vie, et vous n'obéirez pas aux désirs qui animent l'homme livré à lui-même (Galates 5.16).

Voilà une bonne parole qui mérite réflexion, et sur laquelle je terminerais aujourd'hui.

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